Tertullien l’africain — Service diocésain de la catéchèse et du catéchuménat

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Tertullien l’africain

Tertullien l’africain dont la vie est peu connue est pourtant l’un des premiers chrétiens à adopter un vocabulaire spécifique en latin, et non plus en grec, pour parler de la foi. Homme passionné et entier, il défend avec vigueur ses idées dans de nombreux écrits. Il est, ainsi, avec Origène, le seul Père de l'Église à ne pas avoir été canonisé par l’Église Catholique.

Sa vie

De son vrai nom, Quintus Septimus Florens Tertullianus, Tertullien est né vers 150 à Carthage dans une famille berbère. Son père, centurion de l’armée romaine meurt précocement. Malgré tout, il fait de brillantes études littéraires et juridiques. Il exerçât peut-être la profession d’avocat et professeur de rhétorique. C’est vers 185, qu’il se convertit au christianisme soutenu par Agrippinus, évêque de Carthage, car il est séduit par la vie des chrétiens sous les persécutions et la doctrine évangélique. Sa conversion est soudaine et décisive. Il dira plus tard : « On ne naît pas chrétien, on le devient » (Apol, XVIII).

Le christianisme qui s’est étendu dans tout le bassin méditerranéen s’est pensé et formulé en grec. Tertullien est le premier auteur qui va développer en latin une théologie sur la Trinité et la double nature divine et humaine de Jésus, par exemple. On peut dire qu’il est le créateur de la langue latine chrétienne. Marié avec une chrétienne, il défend, malgré tout, que l’amour pour Dieu prime sur tout, cela en fait un moraliste exigeant (cf. ses traités sur la femme, le mariage, la chasteté ou le jeûne).

Peut-être devient-il prêtre, la question n’est pas tranchée mais en 207, il rejoint une secte conduite par Montan. Par la suite, déçu par cet homme, il créa sa propre Eglise. Dans les thèses qu’il défend, certaines s’écartent trop du dogme. Cela explique qu’il n’ait jamais été canonisé.
Il meurt vers 245 dans sa ville de naissance.

D’un caractère ardent, passionné et intransigeant, il défend ses thèses avec conviction et violence, voici ce qu’il écrit de lui-même :

« Je confesse devant le Seigneur Dieu que j'ai été trop hardi, voire téméraire, d'avoir composé un traité sur la patience. Je suis en effet incapable de pratiquer cette vertu […] Mais ce sera pour moi comme une consolation de discourir sur une vertu dont il ne m'est pas donné de jouir. Je ferai comme les malades qui, parce que la santé leur fait défaut, ne cessent d'en vanter les avantages. Ainsi, misérable que je suis, souffrant sans cesse des accès de l'impatience, je dois soupirer après cette vertu, la demander instamment, prier avec persévérance, pour obtenir cette santé de la patience, que je ne possède point. » (TERTULLIEN, De la patience, 1.)

Son œuvre

Tertullien a laissé de nombreux écrits. Le plus important des ouvrages écrit pendant qu’il appartenait encore à la grande famille catholique, c’est son Apologétique, qu’il composa vers l’an 199, la septième année de Sévère (empereur de Rome de 193 à 211).

Extrait de la catéchèse de Benoit XVI sur Tertullien

« Ses écrits à caractère apologétique sont en particulier célèbres. Ils manifestent deux intentions principales : celle de réfuter les très graves accusations que les païens formulaient contre la nouvelle religion, et celle — plus active et missionnaire — de transmettre le message de l’Évangile en dialogue avec la culture de l’époque. Son œuvre la plus célèbre, l’Apologétique, dénonce le comportement injuste des autorités publiques envers l’Église ; il explique et défend les enseignements et les mœurs des chrétiens ; il détermine les différences entre la nouvelle religion et les principaux courants philosophiques de l’époque ; il manifeste le triomphe de l’Esprit, qui oppose le sang, la souffrance et la patience des martyrs à la violence des persécuteurs : « Pour autant qu’elle soit raffinée — écrit l’Africain —, votre cruauté ne sert à rien : elle constitue même une invitation pour notre communauté. A chaque coup de faux que vous nous portez, nous devenons plus nombreux : le sang des chrétiens est une semence efficace ! (semen est sanguis christianorum)» (Apologétique 50, 13). En vérité, à la fin, le martyre et la souffrance sont victorieux et plus efficaces que la cruauté et la violence des régimes totalitaires. Mais Tertullien, comme tout bon apologiste, ressent dans le même temps l’exigence de communiquer de manière positive l’essence du christianisme. C’est pourquoi il adopte la méthode spéculative pour illustrer les fondements rationnels du dogme chrétien. Il les approfondit de manière systématique, à commencer par la description du « Dieu des chrétiens » : « Celui que nous adorons — atteste l’Apologiste — est un Dieu unique ». Et il poursuit, en utilisant les antithèses et les paradoxes caractéristiques de son langage : « Il est invisible, même si on le voit ; insaisissable, même s’il est présent à travers la grâce ; inconcevable, même si les sens humains peuvent le concevoir; c’est pourquoi il est vrai et grand ! » (ibid., 17, 1-2).

En outre, Tertullien accomplit un pas immense dans le développement du dogme trinitaire ; il nous a donné en latin le langage adapté pour exprimer ce grand mystère, en introduisant les termes « une substance » et « trois Personnes ». De même, il a également beaucoup développé le langage correct pour exprimer le mystère du Christ, Fils de Dieu et vrai Homme.

L’Africain aborde également l’Esprit Saint, en démontrant son caractère personnel et divin : « Nous croyons que, selon sa promesse, Jésus Christ envoya l’Esprit Saint au moyen du Père, le Paraclet, le sanctificateur de la foi de ceux qui croient dans le Père, dans le Fils et dans l’Esprit » (ibid., 2, 1). »

Pour approfondir

Une vidéo de la chaine Dominicains.TV où Philippe Henne, dominicain nous parle des pères de l’Eglise et en particulier de Tertullien.