À quel âge faire sa première communion ?
Communier ou ne pas communier au Corps du Christ pendant la célébration de la messe exprime de façon visible la situation particulière de chacun vis-à-vis du sacrement. Toutefois, dans nos assemblées, aller communier semble parfois davantage relever du réflexe collectif que de la démarche personnelle. Entre « normalité » ecclésiale et discernement individuel, l’Église entoure d’un soin particulier ceux qui désirent s’approcher de ce si grand mystère.
Un peu d’histoire
La généralisation progressive du baptême des petits-enfants a conduit d’abord à leur appliquer les mêmes normes qu’aux adultes, c’est-à-dire de recevoir en même temps les trois sacrements de l’initiation chrétienne : baptême, confirmation et communion. Première rupture : en Occident, la confirmation est repoussée à l’âge de sept ans et son administration réservée à l’évêque. Ainsi, jusqu’au XIIIe siècle la plupart des nouveaux baptisés communiait immédiatement au Sang du Christ. Les petits enfants communiaient ensuite avec des parcelles d’hostie consacrées. Mais progressivement, au cours du Moyen-Âge, les fidèles communient de plus en plus rarement et les enfants ne communient à nouveau qu’à partir de l’âge de discrétion.
La rupture est définitive en 1215 avec le concile de Latran IV qui impose confession et communion annuelles dès l’âge de raison. Les bébés ne communient plus à leur baptême. Au tournant des XVIe et XVIIe, on invente la « première communion ». Elle était reçue non pas à 7 ans mais entre 12 et 16 ans à condition de s’être confessé et de présenter une connaissance suffisante du catéchisme. C’était donc un rite de passage solennel vers l’âge adulte. Dans certains endroits la première confession avait tout de même lieu dès 7 ans, ce qui tendait à séparer les deux sacrements.
Au début du siècle dernier, le pape Pie X promeut la communion fréquente (Sacra tridentina synodus, 1905) et la communion des enfants dès l’âge de raison (Quam Singulam, 1910). On revient donc à l’intuition du concile de Latran IV. Par un mouvement analogue de l’histoire, l’âge de la communion a eu ensuite tendance à augmenter jusqu’à se fixer autour de 9 ans.
C’est ainsi que les Orientations diocésaines précisent que : « Les enfants recevront habituellement le sacrement de l’Eucharistie au cours de la deuxième année de catéchèse. » ce qui correspond le plus souvent à l’année de CM1.
Comment décider ?
Au-delà du repère général qui permet de susciter une dynamique dans la classe d’âge, il est bien-sûr évident qu’il n’y pas d’âge imposé pour communier pour la première fois, tout comme il n’y a pas d’âge fixe pour se marier ou être ordonné diacre. Toutefois l’Église donne des âges minimaux pour chacun des sacrements. Pour la communion, c’est donc l’âge de raison, l’âge auquel l’enfant devient capable de distinguer l’hostie consacrée du pain ordinaire et peut recevoir l’hostie avec foi et dévotion. On considère l’âge de raison acquis autour de 7 ans, mais certains enfants peuvent avoir des rythmes différents.
L’Église confie d’abord aux parents le soin d’éveiller leurs enfants à ce sacrement et à les y préparer. Les parents agissent conjointement avec le curé qui juge du moment opportun pour que l’enfant communie pour la première fois. Les Orientations invitent à associer les catéchistes au discernement.
Dans sa lettre aux enfants de 1994, Jean-Paul II évoque son enfance
« Je me rappelle comme si c'était hier le jour où, avec mes camarades, je reçus pour la première fois l'Eucharistie dans l'église paroissiale de ma ville natale. On a l'habitude de fixer cet événement par une photographie de famille, pour qu'il ne soit pas oublié. De telles photos suivent en général une personne pendant le reste de ses jours. Avec le temps, on revit, en tournant les pages de l'album, l'atmosphère de ces moments ; on revient à la pureté et à la joie que l'on a éprouvées dans la rencontre de Jésus, qui, par amour, s'est fait Rédempteur de l'homme. »
Jean-Paul II, Lettre du pape aux enfants en l’année de la Famille, 13 décembre 1994.
Pour les adultes
La diversité des parcours de foi conduit certains baptisés à demander à recevoir l’eucharistie une fois devenus adultes. Dans ce cas l’on propose de cheminer à la fois vers le sacrement de la confirmation et vers l’eucharistie. Ils rejoignent ainsi les adultes baptisés chaque année à Pâques et reçoivent confirmation et eucharistie au moment de la fête de la Pentecôte. Les uns et les autres suivent donc l’ordre logique des sacrements de l’initiation chrétienne : baptême, confirmation puis eucharistie.
Ce qui importe finalement
Au-delà des repères utiles et légitimes, rappelons que recevoir le Corps du Christ en communion est d’abord une rencontre intime avec Jésus Christ qui vient demeurer en nous. Il donne sa propre Vie pour que notre vie grandisse et s’épanouisse sous son influence ! Toute la délicatesse de la mission de l’Église consiste à partager le plus largement possible ce trésor, tout en préservant son intégrité.
Abbé Emmanuel Barsu