Recevoir le sacrement de la pénitence et de la réconciliation en catéchèse
Dieu se donne à nous à travers la force de son pardon, n’hésitons à l’accueillir et à en vivre toujours !
Un double précepte de l’Église
L’enseignement constant de l’Église met en relation profonde la réception du sacrement de pénitence et de réconciliation et celle du sacrement de l’eucharistie. Tout fidèle catholique est tenu de recevoir l’un et l’autre au moins une fois par an. On peut envisager dans les deux sens le lien qui unit ces sacrements.
D’abord l’eucharistie a pour vertu de soutenir la vie chrétienne, d’affermir dans le bien. C’est ce que le concile de Trente affirme :
« Il [notre Sauveur] a voulu ce sacrement comme aliment spirituel des âmes (Mt 26, 26) qui nourrit et fortifie ceux qui vivent de sa vie, lui qui a dit ‘qui me mange vivra lui-même par moi’ (Jn 6, 57), et comme antidote nous libérant des fautes quotidiennes et nous préservant des péchés mortels. » (Concile œcuménique de Trente, Décret du Très-Saint Sacrement de l’Eucharistie, 13e session, 1551)
Ainsi communier fréquemment, si cela est vécu dans toute sa profondeur, nous rend aptes au combat spirituel. Mais il ne faudrait pas oublier l’autre sens de la dépendance : se confesser régulièrement permet de s’approcher régulièrement de l’eucharistie. Le rite pénitentiel au début de la célébration de la messe en est le rappel utile.
L’Église qualifie de péché grave (ou mortel) un péché commis :
- selon une matière grave (« Ne tue pas, ne commets pas d’adultère, ne vole pas, ne porte pas de faux témoignage, ne fais pas de tort, honore ton père et ta mère » (Mc 10, 18)
- en pleine conscience (je sais que c’est mal) ;
- en pleine liberté (délibérément, sans contrainte).
Il coupe la relation de l’homme avec Dieu et sépare de la communion à l’Église. (Cf. Catéchisme de l’Église catholique, n. 1854-1864)
Si l’enchaînement confession – communion est bien marqué dans les cheminements vers la première communion au Corps du Christ, il reste d’actualité pendant toute la vie chrétienne. Ne croyons pas que les jeunes soient immunisés contre les péchés graves ! Et, même sans péché grave, il est toujours salutaire de plonger aux sources de la miséricorde de Dieu.
En outre, le pénitent est invité à rendre grâce à Dieu pour l’amour qu’il donne aux hommes pendant la confession. Il confesse à la fois l’amour de Dieu et son péché. Dans chaque sacrement, c’est le Christ qui se donne. Par le sacrement de pénitence, le Christ assume, porte sur lui le poids du péché du pénitent et le présente à Dieu le Père en même temps que sa vie.
« Lui-même a porté nos péchés, dans son corps, sur le bois, afin que, morts à nos péchés, nous vivions pour la justice. Par ses blessures, nous sommes guéris. » (1P 2, 24)
Dimension communautaire
Inviter à se confesser les enfants et les adolescents que nous accompagnons permet aussi de les faire entrer dans une réalité de la vie de l’Église. Le plus souvent, c’est en groupe qu’ils vivent la proposition. Ils réalisent qu’ils ne sont pas seuls à commettre des péchés, que le pardon est offert à tous.
L’appel de l’Église à recourir à ce sacrement de guérison s’adresse aux catéchistes eux-mêmes. Ils n’en sont pas exonérés. Au contraire le témoignage de leur propre cohérence de foi et la possibilité de partager l’expérience riche qu’ils ont de ce sacrement nourrira leur action catéchétique.
Le renvoi aux propositions paroissiales de confessions individuelles et de célébrations pénitentielles peut également montrer que cela ne se vit pas seulement dans l’enfance.
Ajoutons que le sacrement de pénitence et de réconciliation n’est pas seulement une restauration de la relation à Dieu inaugurée dans le baptême, mais qu’elle est aussi réconciliation avec l’Église qui est blessée à chaque fois qu’un de ses membres commet un péché. Toute l’Église souffre du péché et se réjouit lorsque l’un de ses enfants retrouve le chemin de la Vie !
Une initiation à accompagner
On le sait, la démarche pénitentielle qui aboutit au sacrement est souvent difficile à accomplir. Il n’est pas naturel de dévoiler son âme devant un autre, même devant le Tout-Autre. La mission des catéchistes se vit bien souvent entre douceur et fermeté pour encourager et conduire. On le sait pourtant, l’immense majorité des pénitents repart heureuse et soulagée après avoir reçu l’absolution.
À ce propos, précisons que la décision de donner ou pas l’absolution appartient au confesseur, dans le secret de la confession. La liberté du pénitent demeure dans le dialogue avec le prêtre. Selon les propos échangés, selon les faits avoués, selon la contrition manifestée, il sera peut-être opportun de ne pas donner le sacrement. Par exemple, celui qui ne s’accuse d’aucun péché ne pourra pas recevoir l’absolution !
Comme pour tous les sacrements, on doit prêter une attention à la réception du sacrement de pénitence. L’invitation générale à « ne pas pécher » ne saurait suffire pour déployer toutes les grâces reçues. Le prompt accomplissement de la pénitence proposée par le prêtre est la première façon de manifester le ferme propos de ne plus pécher. Une mystagogie bien menée, qui préserve la confidentialité de la confession sera sans doute utile.
Vers une pratique autonome
Afin de favoriser l’accès au sacrement, la remise d’un petit guide de confession : pistes pour l’examen de conscience, extraits de l’Écriture, déroulement de la liturgie du sacrement, texte du « Je confesse à Dieu » et de l’acte de contrition, prière d’action de grâce… sera sans doute utile.
En présentant les lieux et les temps ordinaires où se vit le sacrement de pénitence et de réconciliation dans la paroisse ou dans le doyenné, en rappelant aussi que l’on peut solliciter spécifiquement un prêtre en cas de besoin, on en favorise une pratique libre et autonome. Au-delà de l’obligation de la confession annuelle, transmettons le goût et l’habitude de se confesser pour les grandes fêtes : Pâques, Noël, Pentecôte, Toussaint, Assomption…
Emmanuel Barsu, prêtre