Homélie du père Michel Naas pour le 14ème dimanche du temps ordinaire — Doyenné 02 / Banlieue - Val de l'Ognon

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Homélie du père Michel Naas pour le 14ème dimanche du temps ordinaire

Homélie du 14ème dimanche ordinaire - Année A

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Toute la Liturgie de la Parole d'aujourd'hui est basée sur humilité et la douceur de Dieu, à commencer par le livre du prophète Zacharie.

Quand on parle de roi, on pense au château de Versailles, aux fastes, aux ors, à la force de l'homme qui règne avec un sceptre de fer et avec les armes. Et puis, il y a une certaine adoration de ce monarque plus ou moins de droit divin ; qui ne s’intéresse pas à la vie des souverains d’Angleterre, alors qu'ils n'ont plus aucun pourvoir.

En Zacharie, le Messie est présenté, même s'il est « juste et victorieux », comme « pauvre et monté sur un âne », humbles symboles de la royauté de David, lui qui est rentré dans Jérusalem monté sur un âne au lieu de parader sur un cheval.

Car on le comprend bien, la paix ne se conquiert pas par les armes, mais par la douceur, ce symbole de Yahvé, chanté dans le psaume 144 : « Le Seigneur est tendresse et pitié, lent à la colère et plein d'amour ; la bonté du Seigneur est pour tous, sa tendresse, pour toutes ses œuvres. »

Ce psaume nous redit l'essence même de la souveraineté de Dieu, manifestée par le don de son Fils entre nos mains. Cela doit nous faire voir Dieu autrement. Si Jésus aux Rameaux entre dans Jérusalem monté « sur un ânon, le petit d'une ânesse », ce n'est pas pour rien. C'est pour manifester l'Être-même de Dieu, son intimité, son Humilité ; car la toute puissance de Dieu est dans sa nudité, en particulier dans l'enfant à Noël lorsqu'il vient de naître. Mais durant toute sa vie Jésus va nous montrer cette réalité de sa nudité à la naissance, comme à sa mort, lorsqu'il est suspendu nu sur le bois de la croix ; en passant par le lavement des pieds, geste de d'esclave, « geste d'un Dieu qui se soumet à la main des hommes et qui doit être un modèle, où Dieu se révèle en premier lieu comme un enfant, c'est-à-dire totalement dépendant de l'humain », nous dit Simon Arnold dans 'Dieu est nu'.

Et cette toute puissance d'Amour, il nous en fait cadeau en nous donnant l'Esprit, nous dit Saint Paul dans la lettre aux Romains. Ce souffle de vie donné à l'Homme à la création selon le livre de la Genèse, se poursuit chaque jour quand nous lui laissons la porte de notre cœur ouverte, force fragile qui nous ouvre, elle, à la vie éternelle. Il nous faut donc faire, poursuit Saint Paul, abstraction de la chair qui préfère les honneurs des foules et les chevaux aux ânes, pour s'ouvrir à la « brise légère » du souffle de l'Esprit, lui qui a relevé Jésus d'entre les morts et peut nous ouvrir les bras du Père.

Car la vrai gloire de Dieu c'est la « kénose », cet abaissement total lié à son humanisation en Jésus-Christ, et qui nous ouvre par l'Esprit les portes de la Divinisation. C'est ce que dit Saint Irénée dans « Adversus Heraeses » : « Si en Jésus-Christ Dieu c'est fait homme, c'est pour qu'en Jésus-Christ l'homme devienne Fils de Dieu. »

Et tout cela est encore plus concret dans l'évangile avec ce paradoxe : « venez à moi vous tous qui souffrez sous le poids du fardeau, je vous procurerai le repos. Prenez sur vous mon joug, il est facile à porter, et mon fardeau est léger » Et pourquoi ce joug est-il plus léger ? Parce que lorsque nous nous y attelons à ce joug, nous ne sommes plus tout seul à le porter, nous avons, et Jésus-Christ et nos frères. En plus, quand Jésus dit cela en Matthieu, il y a sans aucun doute, tout ce poids de la loi et de ses préceptes qui empêche d'être libre.

Cette liberté, l'essentiel de la vie en Dieu, est manifestée par cette petite phrase : « ce que tu as caché aux sages et aux savants, tu l'as révélé aux tout-petits. » L'enfant à cette particularité ; il a besoin des autres pour vivre, et il est comme un livre vierge, sur lequel on peut écrire une histoire et de préférence une histoire d'amour.

Nous pouvons faire toutes les études sur Dieu que nous voulons, si nous n’ouvrons pas notre cœur pour qu'il puisse y mettre son souffle, et si nous n'avons pas notre livre blanc pour qu'il puisse y mettre sa plume, nous parlerons de Dieu, mais nous ne l'aurons jamais rencontré.

 

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