Homélie du père Michel Naas pour le 16ème dimanche du temps ordinaire — Doyenné 02 / Banlieue - Val de l'Ognon

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Homélie du père Michel Naas pour le 16ème dimanche du temps ordinaire

Homélie 16ème dimanche ordinaire - Année A

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Ce qui est frappant dans les textes de la liturgie d'aujourd'hui, c'est la dynamique de la patience de Dieu, caractérisée par la parabole du blé et de l'ivraie.

Dans cette civilisation du tout tout de suite créée par internet et les téléphones mobiles, entre autre, alors qu'on attend par SMS une réponse avant que la question soit posée, cette dynamique de la patience est mal vue.

Dans les années 70, frère Max THURIAN de la communauté de Taizé a écrit un livre qui s'intitulait : « Dynamique du provisoire ». Avec la patience, le provisoire, c'est ce qui devrait être le fil rouge de notre vie chrétienne.

Hitler voulait construire un Reich de 1000 ans, et comme tous les empires, il s’apprêtait à construire des monuments dignes de célébrer sa gloire. Or la gloire, comme l'homme est éphémère. Aucun empire n'a survécu, et quand on a voulu construire l’Église sur des idées de royauté ou de cléricalisme, espèce de royauté ecclésiastique, elle s'est effondrée.

La Royaume entre dans la dynamique du provisoire ; il est comme le blé : si l'on veut une moisson, il faut semer chaque année et attendre que le grain donne l'épi et que l'épi donne le grain.

Un psaume nous parle de l'homme et de sa vie en disant : « 70 en fait le compte, à 80 c’est un exploit ». Aujourd'hui où l'ombre de la mort nous insupporte, comme nous l'avons vu pendant l’épidémie de Covid, nous oublions que l'homme est un être fini, provisoire, mais qu'il doit, malgré cette finitude, quand même participer à l'avènement du Royaume.

Car qu’en est-il du Royaume ? Matthieu nous propose 3 paraboles comme comparaison :

► La graine de moutarde, toute petite devient un arbre où les oiseaux peuvent faire leur nid. Ceci pour nous dire qu'il n'y a pas de petites actions qui ne porte du fruit. Nous prions les grands saints sur nos autels, alors que nous croisons quotidiennement de petits saints, dont la valeur est tout aussi importante que celle des autres, car eux surtout sont signes du Royaume dans notre aujourd'hui de croyant.

► Le levain : certes il fait lever la pâte, mais si la ménagère ne le mélange pas à la farine, rien ne se passe : pas de ménagère, pas de levain, pas de levain dans la pâte et pas de pain.

► Le bon grain et l'ivraie : le maître sème le bon grain, l'ennemi l'ivraie. L'ivraie en grec, c'est la zizanie, l’ennemi c'est le diable, celui qui divise.

Et l'on sait bien que la zizanie divise. Le bon grain comme l'ivraie sont plantés en nous, et, nous dit la parabole, il faut les laisser pousser ensemble, jusqu'au jour de la moisson pour faire le tri.

Trop souvent nous sommes sûrs, et de ce fait nous imposons nos vues aux autres, parfois avec force, alors que nous devrions entrer dans une dynamique du provisoire. Rien n'est sûr pour l'éternité, sinon Dieu seul.

Alors, il nous faut comme le maître de la moisson patienter et laisser du temps au temps. Si l'on arrache l'ivraie trop tôt, on arrache aussi le bon grain. Car le Royaume, le Monde selon Dieu, se construit progressivement, sans que nous le sachions, sans que nous ne nous en apercevions, et ils se construit avec toutes les ambiguïtés qui traversent le cœur de l'homme.

C'est ce que nous dit le livre de la sagesse : savoir tenir ensemble des qualités contraires tout en étant juste, car « le juste doit être humain », c'est-à-dire en étant comme Dieu et en se laissant attendrir par l'homme. Si Dieu est un « Dieu de tendresse et de pitié, lent à la colère, plein d'amour et de vérité », comme dit le psaume 85, nous nous devons de l'être aussi. C'est ce qui est le plus difficile à vivre pour nous qui savons et qui croyons avoir raison, y compris dans la manière dont Dieu doit agir avec les hommes, et comment l’Église doit être signe de la présence de Dieu au monde.

Ce changement, nous ne pouvons pas le faire tout seul nous dit Saint Paul dans la lettre aux Romains : « L'Esprit Saint vient au secours de notre faiblesse ». Il est la seule vraie dynamique de notre prière, il est celui qui la rend possible, il est celui qui fait d'elle un service pour les hommes d'hier, d'aujourd'hui et de demain.

Nous sommes attelés avec l’Esprit à faire germer le Royaume pour tous les hommes de ce temps. Armons-nous de patience, car seul l'Esprit pourra faire germer le Royaume en nos cœurs.

Psaume 85 - Toi qui est bon et qui pardonnes

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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