Homélie du père Michel Naas pour le 24ème dimanche du temps ordinaire — Doyenné 02 / Banlieue - Val de l'Ognon

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Homélie du père Michel Naas pour le 24ème dimanche du temps ordinaire

Homélie du 24ème dimanche ordinaire - Année A

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La première chose qui nous vient à l'esprit quand nous entendons cet évangile c’est la phrase « pardonne nous nos offenses comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés » du Notre Père. Nous aimerions mieux que cette phase soit : « comme nous essayons de pardonner à ceux qui nous ont offensés ». Et pourtant l'évangile nous ouvre une autre porte.

Une question posée par Pierre : « combien de fois dois-je pardonner ? Jusqu'à 7 fois

Une réponse de Jésus : « je ne te dis pas 7 fois, mais 70 fois 7 fois ! »

On voit bien devant ces chiffres de totalité, que le pardon c'est tout et tout le temps. C'est en tout cas ce que nous dit Jésus, même quand la faute est énorme : 60 millions de pièces d'argent, autre chiffre de totalité. La question reste pourquoi ? Simplement parce que le pardon est le signe concret de l'Amour mutuel dont il était déjà question dimanche dernier.

Si nous parlons de justice humaine, nous sommes dans une relation comptable : telle faute, telle sanction.

Quand nous parlons de la justesse de Dieu à notre égard, nous rentrons dans une autre dynamique, celle du don. Le Maître est plein « de compassion » et redonne vie à son serviteur en lui remettant sa dette. Ce que ce serviteur ne sait pas faire en retour pour son débiteur. Il n'a pas compris la réalité du don qui lui a été fait par son Maître. Si l'on pose la question du pardon en question de remboursement de dette, on tape à côté.

On voit bien dans l'évangile que l'énormité de la dette n'est pas remboursable et qu'il faut envisager la dynamique du pardon d'une autre manière.

D'abord pardonner ce n’est pas oublier. La cicatrice de l'acte mauvais demeure toujours visible dans notre chair et dans notre cœur. La dynamique du pardon suppose donc un chemin qui n'avancera pas par l'oubli ou l’absence de souffrance, mais un chemin devant être rempli de compassion et où nous sommes assurés d'être accompagnés par l'Esprit Saint.

Quelle est la meilleure définition de Dieu si ce n'est celle que nous chantons à l'eucharistie, « Saint, Saint, Saint le Seigneur Dieu de l'univers » ; il est Le Saint, et cette sainteté, Dieu la veut contagieuse, c'est pourquoi il fait alliance avec nous et nous demande de pardonner.

Car une autre définition de Dieu c’est qu'il est miséricorde, et l'un des traits de cette miséricorde, signe de sa sainteté, c’est le Pardon. Et il nous demande de prendre ce chemin à sa suite. Sans contagion, le pardon est un échec, on le voit bien ici, et il condamnera le Christ à la croix, signe patent de cette difficulté de l'être humain à pardonner.

Puisque le seul chemin qui mène à la vie et au bonheur c’est celui de l’Amour, nous ne pouvons plus faire comptage d'une part ce que nous possédons et d'autre part ce dont nous sommes en dette. C’est le don que Dieu nous fait qui doit nous définir.

Nous pensons que notre relation à Dieu se définit dans une démarche spirituelle ou notre manière de prier ou de méditer, alors que notre relation à Dieu se définit à partir de ce que nous sommes dans le quotidien de nos vies et la nécessité de pardonner à ceux qui nous ont fait du mal et cela sera toujours vital pour une vrai relation avec Dieu.

Si nous refusons de pardonner à ceux qui nous ont fait du mal, nous compromettons notre capacité à nous rapprocher de Dieu, car la colère, la rancœur, l'idée de vengeance sont des obstacles à la présence de Dieu dans nos cœurs, et obstacle aussi à la venue de l'Esprit.

Rancœur, colère, idée de vengeance saturent le sol de nos vies et empêchent la graine jetée par le semeur de prendre racine et de donner du fruit.

Si nous sommes indulgents envers celui qui nous a fait du mal, nous serons capable de recevoir tout ce que Dieu veut nous donner par amour.

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