Homélie du père Maurice Bez pour le 3ème dimanche de Pâques - 26 avril 2020 — Doyenné 02 / Banlieue - Val de l'Ognon

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Homélie du père Maurice Bez pour le 3ème dimanche de Pâques - 26 avril 2020

3ème dimanche de Pâques - 26 avril 2020
Actes : 2, 14.22b-33 ; 1 st Pierre 1, 17-21 ; Luc 24, 13-35
Les disciples d’Emmaüs

Quelque chose est fini pour les disciples d’Emmaüs
et voilà que tout recommence pour eux !

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Il y a tout, dans cette page de Luc : tout de nous, tout de Dieu.
Ils étaient deux sur la route, ce soir de Pâques ; ils tournaient le dos à Jérusalem, la ville de l’échec et des espoirs déçus.
Ils marchaient sur ce chemin qui les conduit à Emmaüs, encore plongés dans la nuit des « Pourquoi ? », des « Je ne comprends pas ». Il y a beaucoup de monde sur ce chemin-là, nous en sommes sûrement, parfois… Un grand espoir déçu, un deuil, un échec cuisant, un souci, la peur en ce temps de pandémie, une question insoluble : humainement, il n’y a pas d’issue.

« Nous espérions que c’était lui qui allait délivrer Israël », se disent-ils, eux qui avaient misé leur vie sur Jésus. Ils regardent le passé, figés. Mais ils sont en route, donc prêts aussi à tout entendre et tout rencontrer ! Oui, il faut « aller jusqu’au bout de ses questions avant d’oser ses pas dans une réponse.» (Rilke).

« Jésus lui-même s’approcha et il marchait avec eux ». Il les rejoint dans ce qu’ils sont en train de vivre. Il nous rejoint, en ce moment dans notre vie. Jésus fait route avec eux… Il est encore cet inconnu, pas encore reconnu, cet étranger qu’ils accueillent et qu’ils laissent faire un bout de chemin avec eux. Ils sont 3 à présent sur ce chemin.
Il nous arrive de fuir notre vie, mais Dieu ne lâche pas. Dieu ne nous laisse pas tomber. Il s’attache à nos pas, il épouse l’un après l’autre chacun de nos pas, même il s’égare avec nous dans tous nos faux pas ou nos pas perdus. Pourquoi le chercher ailleurs ?

« De quoi discutez-vous en chemin ? » Jésus les laisse vider leur sac. Avant de prendre la parole lui-même. Jésus les écoute. Lui qui est, bien sûr, le premier à savoir ce qui s’est passé. Ils donnent « leur version » des événements. Et ils parlent du tombeau vide, les femmes inquiètes ! Tout cela ne suffit pas. Leurs yeux restent aveuglés.

« Vous n’avez donc pas compris ! » Jésus sait de quoi il parle. « Il fallait… » Il faut être passé par là, pour comprendre ! par la mort de la croix : un chemin difficile qu’il décrit en deux mots : « souffrance, gloire »… Il fallait que le Christ souffrît pour entrer dans sa gloire. Pourquoi la souffrance ? Jésus ne le dit pas. « Il n’explique pas la souffrance, il vient l’habiter de sa présence » (Paul Claudel). Combien disent : « tu ne sais pas ce que c’est… il faut passer par là ! »

« Il leur expliqua dans toutes les Écritures, ce qui le concernait ». Comme j’aurais voulu être là, à écouter Jésus. Il relit les événements à la lumière de l’Ancien Testament, tout annonce et conduit à Jésus. Le projet de Dieu se réalise en Jésus, c’est ce que Dieu prévoyait de toute éternité. Voilà le premier signe : lire et relire l’Écriture pour lire la vie. Mais il faut un deuxième signe pour que les yeux des disciples s’ouvrent tout-à-fait. Et Jésus cède à l’invitation de rester avec eux.

« Il y a ce repas dans cette auberge », cet inconnu, inattendu, pas encore reconnu, qui a mis ses pieds dans les leurs, s’assied avec eux à la table.
Et là tout bascule !
Oui, c’est autour d’une table, une fois de plus, que tout a lieu. Il s’en est déjà passé des choses trois jours plus tôt, autour d’une table. « Ayant pris le pain, il prononce la bénédiction et, l’ayant rompu, il le leur donna ». C’est alors que leurs yeux s’ouvrirent et qu’ils le reconnaissent ! Et Jésus disparut de leur regard !
Après l’Écriture, voilà la deuxième expérience pour « reconnaître Jésus ».
En cet instant, pas question de s’enfermer bien au chaud. Les disciples, en tout cas, n’ont qu’une préoccupation : faire le chemin inverse, rentrer à Jérusalem, au plus vite, retrouver les autres disciples, la communauté toute entière et raconter… l’irracontable !

Ce dimanche matin, ne pouvant vivre une Eucharistie, où nous pourrions reconnaître le Christ vivant …
Que la lecture de cet Évangile fasse éclater en autant de chemins d’Emmaüs que nous sommes, pour reconnaître le Seigneur vivant
autour de nous et dans notre monde !

« La plus grande avenue du monde, a écrit Gilbert Cesbron, c’est le chemin d’Emmaüs. Toutes les demeures s’ouvrent sur lui, il passe devant notre porte, et chaque jour que Dieu fait, la rencontre est possible, elle ne dépend que de nous ».

Maurice B.

 

Les pèlerins d'Emmaüs, conte biblique de Catherine Paitry

Pour les plus jeunes, une histoire de la Bible dessinée et racontée par Martine Bacher.
"Les disciples d'Emmaüs"