Méditation par le père Michel Naas - 5ème dimanche de carême - Année A - 29 mars 2020 — Doyenné 02 / Banlieue - Val de l'Ognon

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Méditation par le père Michel Naas - 5ème dimanche de carême - Année A - 29 mars 2020

La résurrection de Lazare. Méditation pour le 5ème dimanche de carême par le père Michel Naas.

Méditation pour le 5ème dimanche de carême (29 mars 2020)

La résurrection de Lazare

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« Viens dehors » ! Je suis toujours frappé par cet ordre que Jésus donne à Lazare : il doit sortir de son tombeau. Et quand il sort, il est encore entouré de bandelettes, le suaire autour de la tête ; une momie encore, un zombie comme on dirait aujourd’hui. Il est en l’état de l’homme qui vient d’être modelé par Dieu, une statue de terre à qui il manque l’Esprit.

Il faut donc qu’il sorte dehors, c’est-à-dire, hors de tout ce qui l’enferme, de tout ce qui l’empêche d’être vraiment homme. La lettre aux Romains, nous rappelle que c’est le péché qui nos replie sur nous-mêmes et nous coupe de toute relation avec le Christ et avec nos frères ; Car nous sommes enfermés dans ces tombeaux dont parle le prophètes Isaïe, des tombeaux que nous creusons nous-mêmes et dont il va nous falloir sortir.

Car notre monde sent la mort, tant il manque d’amour pour le frère, et de désir spirituel. Cette semaine, je lisait dans un édito de « l’Est républicain », une remarque de Marcel Gauchet le philosophe, où il disait que si l’on voulait aller de l’avant après la crise du Covid 19, il nous faudrait passé du « je » au « nous », c’est-à-dire, et cela c’est moi qui le dit, d’avoir plus souci du bien commun. La crise des gilets jaunes, celle concernant les retraites ont bien montrées cette question récurrente des trente glorieuses : moi d’abord, moi avec mes avantages, et les autres après. La solidarité et la fraternité coûtent, elles coûtent en don de soi, elles coûtent en respect de l’Homme, elles coûtent aussi en gain financier.

Alors essayons de voir quels tombeaux nous nous construisons, Quels tombeaux nous construisons pour nos frères ? Quels tombeaux nous construisons pour notre monde ? Cet étrange, l’air de notre planète va bien mieux depuis le début du virus, car toutes les causes de pollution dues au profit à tout prix sont à l’arrêt !

Mais revenons au récit de la résurrection de Lazare ! Lazare va sortir, mais il va falloir encore lui enlever bandelettes et suaire, pour qu’il puisse retourner à sa vie d’avant. Il sera enfin délié de tout ce qui l’empêchait de reconnaître la toute puissance de Dieu manifesté dans l’Amour du Christ pour les hommes. Car il est fait mention clairement dans ce texte de l’amour de Jésus pour Marthe, Marie et Lazare, de l’émotion qui l’étreint quand il apprend la mort de son ami. Pour Lazare,Il va falloir passer à la reconnaissance de l’Être de Jésus, fils du Père qui manifeste par sa résurrection la toute puissance d’Amour de notre Dieu.

Un acte de reconnaissance ! Comme celui de Marthe qui passe au début de sa rencontre avec Jésus du « je sais » : « je sais qu’il ressuscitera à la résurrection au dernier jour », au « je crois » : « Oui, Seigneur je le crois, tu est le Christ, le Fils de Dieu, tu es celui qui vient dans le monde ». Changement radical, il ne s’agit plus de savoir, mais de connaître, de reconnaître. Là se pose la question de la catéchèse, du catéchuménat : il ne s’agit pour les enfants ou les catéchumènes de savoir des choses apprises, mais de faire une rencontre, de croire en Celui qui progressivement va se révéler à eux comme celui qui est plus fort que la mort puisqu’il est la Vie, la Vraie. Croire en la résurrection ne nie pas la mort corporelle, celle que chante saint François d’Assises : « Loué sois-tu, mon Seigneur, par sœur notre mort corporelle,à laquelle nul homme vivant ne peut échapper ». Mais ce récit de la résurrection de Lazare affirme que la mort n’a pas le dernier mot et qu’il nous suffit de croire que notre vie n’est qu’un passage ver la Vraie Vie. Car nous croyons que notre Dieu est un Dieu de vie, c’est en tous les cas ce que nous dit le livre du prophète Ézéchiel : « Vous saurez que je suis votre Dieu quand j’ouvrirai vos tombeaux et vous en ferai remonter, Ô mon peuple ».

Et ce texte de la résurrection de Lazare, figure et annonce de la propre résurrection de Jésus, fait éclater pour nous la promesse du Père : comme à la création en nous donnant le souffle de son Esprit, il nous a donné la vie ; De même par la venue du Christ en notre monde, il ouvre nos tombeaux et nous redonne Vie. Mais pour cela comme pour Marthe, il nous faut passé du « Je sais » au « Je crois », expérience de Marie-madeleine au matin de Pâques devant le tombeau vide du Christ et la pierre roulée.

Michel Naas

 

 

 

 

 

 

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