Méditation par le père Michel Naas pour le 5ème dimanche de Pâques - 10 mai 2020 — Doyenné 02 / Banlieue - Val de l'Ognon

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Méditation par le père Michel Naas pour le 5ème dimanche de Pâques - 10 mai 2020

Méditation pour le 5ème dimanche de Pâques – Michel Naas

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La semaine dernière, Jésus nous disait « je suis la porte », aujourd'hui, il nous dit « je suis le chemin, la vérité et la vie ».

Cette affirmation arrive au moment où Jésus monte vers la Passion. Il a annoncé son départ : « je pars vous préparer une place », et les disciples sont bouleversés : à la fois ils ne savent pas ce que cela veut dire, mais aussi ils ne savent pas où cela va les conduire. C'est aussi le problème de l'après Pâques pour tous ceux que Jésus rencontre :

- Marie-Madeleine qui demande au jardinier : « où as-tu mis le corps ? », elle accroche au corps mort de Jésus, alors que le tombeau est vide et qu'il est ailleurs.
- Les disciples d'Emmaüs, qui rentrent « tout tristes » chez eux, parce que leur Maître a été mis en croix, comme un renégat.
- Ici ce sont les disciples qui ont du mal à croire : Jésus s'en va, mais où ?

Alors

- comme pour Marie que Jésus appelle par son nom, pour lui dire que la vie est toujours là
- comme pour les disciples d'Emmaüs à qui Jésus explique l’Écriture et Partage le Pain, pour leur dire qu'il est désormais présent autrement
- ici, il va donner un sens aux événements qui vont arriver, en montrant aux disciples, comment toute sa vie est un chemin qui mène vers le Père et qu'il s'agit pour eux de continuer sur ce chemin.

La question de Philippe « montre-nous le Père » reflète le désir que nous avons tous de rencontrer Dieu face à face, ce besoin de miracles, comme les apparitions de la Vierge, qui nous permettent en quelque sorte de mettre la main sur quelque chose de Dieu. Jésus nous rappelle qu'il n'y a pas d'expérience du Père, sans le passage obligé par le Fils, « porte, chemin, vérité et vie », et que tous ceux qui disent le contraire sont des menteurs, il ne donnent pas accès au Dieu de Jésus-Christ, mais à une déité tout à fait quelconque.

Nous nous sommes comme les disciples, nous cherchons à côté, alors que si l'on regarde bien, un chemin qui mène à Dieu notre Père existe déjà dans nos vies, et qu'il n'est peut-être pas utile d'en chercher un autre ! Comme chacun a sa place dans la maison du Père, chacun a un chemin qui mène au Père, initialisé par le Jésus-Christ.

Car :

- il est le chemin, le seul chemin qui mène au Père, à cause de son obéissance filiale : « il s'est fait obéissant jusqu'à la mort et la mort sur la croix » nous dit la lettre aux Philippiens
- il est la vérité, car il met en pleine lumière nos existences humaines qui devraient être tendues vers celui qui nous a fait « à son image et à sa ressemblance » selon le livre de la Genèse et que nous pouvons appeler « Notre Père ».
- Il est la vie, parce qu'en donnant la sienne, il sauve la nôtre.

Ainsi ce texte devient-il la CLEF pour comprendre Jésus de l'intérieur, Fils du Père, il nous mène à « son Père et notre Père, à son Dieu et notre Dieu », comme il le dit à Marie-Madeleine au matin de Pâques.

Une fois que la première communauté chrétienne a compris cela, elle va s'organiser pour être à son tour la clef de la compréhension de la Parole. C'est ce dont nous parle ce passage du livre des Actes des Apôtres. « Ne délaissons pas la parole de Dieu pour servir aux tables ! » C'est ce que l’Église fait depuis toujours : le service de la Parole et celui de la Charité.

ET si l'on regarde l'histoire de ces 7 hommes, c'est assez étonnant : on leur impose les mains, et on leur donne la tâche de s'occuper des pauvres, des veuves et des orphelins. C'est sans doute ce qu'ils font, mais si nous lisons le livre des Actes, Saint Luc ne nous parle que de leur prédiction : celle d’Étienne qui va le conduire au martyre, celle de Philippe qui explique Isaïe à l'eunuque de la reine Candace et le baptise. Ils font acte de charité, et à travers cela, ils portent l’Évangile aux païens qui n'attendent ni salut, ni Messie.

Et pour finir la lettre de Saint Pierre en remet une couche ! Le Christ a donné Sens à nos vies en étant « le chemin, la vérité et la vie », et pour cela la primitive Église s'est organisée pour porter l’Évangile aux nations ! Et nous ?

En ces temps difficiles, il nous est sans aucun doute demandé de ne pas bêler avec le troupeau, de ne pas râler parce qu'on est encore sans eucharistie (les mêmes qui d'ailleurs râlerons si le virus repique et qu'il faudra de nouveau se confiner), mais c'est à nous de montrer l'exemple en essayant de rencontrer le Christ autrement, dans le Partage de la Parole, et le Partage avec les autres.

Si le Christ est « la pierre vivante rejetée par les hommes », nous sommes « une descendance choisie, un sacerdoce royal, une nation sainte, un peuple destiné au salut, pour annoncer les merveilles de celui qui nous a appelé des ténèbres à son admirable lumière ». Nous sommes le peuple saint qui offre au monde le Christ en oblation, nous Église, nous sommes les membres du nouveau temple et nous devenons signe du salut pour tous et de l'amour de Dieu pour tous. En nous offrant nous-mêmes à Dieu, comme le Christ s'offrit lui-même, nous intercédons pour le monde comme le Christ en remettant son Esprit entre les mains du Père, ouvrait pour toute l'humanité le salut éternel.

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