Homélie du père Maurice Bez pour le 6ème dimanche de Pâques - 17 mai 2020 — Doyenné 02 / Banlieue - Val de l'Ognon

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Homélie du père Maurice Bez pour le 6ème dimanche de Pâques - 17 mai 2020

17 mai 2020 – 6ème dimanche de Pâques
Actes 8, 5-8.14-17 ; Ps 65 ; 1 Pierre 3, 15-18 ; Jean 14, 15-21

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« Soyez prêts à tout moment de rendre compte de l’espérance qui est en vous
à quiconque vous le demande »

 

C’est toujours émouvant d’entendre les dernières paroles de quelqu’un qui va mourir !

La page d’Évangile d’aujourd’hui (et de dimanche dernier) se situe le jeudi Saint à la fin du dernier repas de Jésus. L’ambiance au sein des douze est tragique : Jésus vient d’annoncer la trahison de Judas, prédit à Pierre qu’il va le renier trois fois… et comble de l’angoisse : il leur annonce qu’ « il s’en va ! » et de leur dire ces paroles, pour remonter le moral à ses amis :

« Ne soyez donc pas bouleversés ! » « Je ne vous laisserai pas orphelins ».

On comprend l’anxiété des disciples. Beaucoup, parmi nous, en ces temps, sont inquiets, pas seulement pour eux-mêmes, pour les leurs et pour l’humanité.

Et puis, cet évangile, nous le connaissons : quand nous préparons des obsèques et que nous le proposons, tout de suite, il est bien accueilli : « Oui, celui-là ! » Il rejoint le questionnement de ceux qui viennent de perdre un proche. Ces paroles semblent répondre à leur doute. En tout cas, elles veulent susciter un avenir possible autant pour celui ou celle qui les quitte, que pour ceux qui restent. Demandez à celles et ceux qui préparent des obsèques !

De l’espoir à l’espérance. Tous, nous espérons quelque chose. Qui n’espère pas que l’homme vaincra cette pandémie ? Les parents espèrent le bonheur de leurs enfants. Le malade espère guérir. L’étudiant espère réussir son examen. Le chômeur espère trouver du travail. Le migrant espère être accueilli et trouver un refuge…

Sans l’espoir, l’homme, après tant de siècles de guerre, d’échecs, de désillusions, de misères aurait-il encore le courage de poursuivre son histoire ? L’espoir est si nécessaire à l’homme que sans lui la science ne progresserait plus, les couples cesseraient de faire des enfants, la vie s’arrêterait. L’homme qui n’espère plus s’arrête de vivre. Le désespéré est justement l’homme qui s’estime enfermé dans son passé ou son présent sans avenir possible.

« Rendre compte de l’espérance qui est en nous ». N’est-ce pas un beau programme en ce temps de Pâques ? Mais quelle espérance ? Celle de Pâques, bien sûr : par le Christ, la mort est vaincue, la mort ne peut avoir le dernier mot si nous faisons confiance en la puissance de la résurrection du Christ. Oui je crois que ma mort est une porte d’entrée dans la vie même de Dieu, une vie sans fin, une vie éternelle.

Autrement dit, il s’agit de faire naître cette espérance, que la vie ne s’arrête pas avec la mort, que la mort et la résurrection du Christ nous promet la vie éternelle. Une vie qui commence maintenant.

« Rendre compte de l’espérance »… c’est manifester que l’amour nous unit encore à celles et ceux qui nous ont quittés. Ils sont vivants en Dieu et sont encore présents à nos côtés, mais autrement.

« Rendre compte de l’espérance » c’est rendre des comptes sur la gestion de cette formidable espérance dont nous sommes dépositaires. Manifester que la résurrection du Christ est capable de changer nos relations personnelles et communautaires. Je m’engage pour faire respecter la vie, la dignité de tout homme, la défense du faible, du pauvre, de l’immigré. Je sais que rien ne peut rester comme ça, chaque homme est capable de changer, d’aimer et de travailler pour un autre monde : de justice et de paix.

Nous sommes redevables aux autres de la foi et de l’espérance reçues. Lorsque l’espérance est partagée, elle augmente.

« Rendre compte de l’espérance » c’est de ne parler que « si on t’interroge, mais vis de telle manière qu’on t’interroge ».

«  À tout moment… » dit Pierre dans la 2ème lecture. Ce qui veut dire que l’espérance conditionne notre manière de vivre et la façon dont nous vivons chaque événement de notre vie. Je termine par cette parabole : deux jeunes gens vont accomplir la même croisière autour du monde. Ils vivront les mêmes tempêtes sur les mêmes quarantièmes rugissants, et les mêmes escales sur des îles de rêve. Mais l’un d’eux va rejoindre sa fiancée et l’autre, dès l’arrivée, sera mis en prison. Vous ne me ferez pas croire que le voyage sera identique pour l’un et pour l’autre, s’ils connaissent l’issue du périple. Pour le premier, les tempêtes seront un bonheur, pour le second, même les plages sublimes seront un cauchemar.

Maurice BEZ

De Péguy

« La foi, ça ne m’étonne pas, ça n’est pas étonnant. J’éclate tellement dans ma création.
Mais l’espérance, dit Dieu, voilà ce qui m’étonne. Ça c’est étonnant, que ces pauvres enfants voient comment tout se passe et qu’ils croient que demain ça ira mieux, qu’ils voient comment ça se passe aujourd’hui et qu’ils croient que ça ira mieux demain matin.
Ça c’est étonnant et c’est bien la plus grande merveille de notre grâce. Et j’en suis étonné moi-même.
Il faut, en effet, que ma grâce soit d’une force incroyable, et qu’elle coule d’une source et comme un fleuve inépuisable.
La petite espérance s’avance entre ses deux grandes sœurs,. C’est elle, cette petite, qui entraîne tout. Car la foi ne voit que ce qui est. Et elle, elle voit ce qui sera. »