Méditation par le père Michel Naas - Dimanche des Rameaux et de la Passion - 5 avril 2020 — Doyenné 02 / Banlieue - Val de l'Ognon

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Méditation par le père Michel Naas - Dimanche des Rameaux et de la Passion - 5 avril 2020

Les Rameaux – Méditation

5 avril 2020

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Avec la célébration des Rameaux, nous entrons dans la grande semaine, celle du fondement de notre foi, et les récits de la Passion sont essentiels pour cette dernière.

D’ailleurs quand les évangélistes se mettent à la rédaction de leurs évangiles, ce sont ces récits de la Passion qui sont rédigés en premier, mais aussi en fonction de leur auditoire.

Matthieu écrit pour des communautés issues du judaïsme et va insister fortement sur l’accomplissement des écritures. Déjà dans l’évangile de la procession des Rameaux il dit : « Dites à la fille de Sion : voici ton roi qui vient vers toi, plein de douceur, monté sur une ânesse et un petit âne, le petit d’une bête de somme », en reprenant le prophète Zacharie. Dans l’évangile de la Passion en parlant des trente deniers, il dit : « Ils ramassèrent les trente pièces, d’argent, le prix de celui qui fut mis à pris, le prix fixé par les fils d’Israël, et ils les donnèrent pour le champ du potier, comme le Seigneur l’avait ordonné », reprenant pour cette citation, le prophète Jérémie. Un récit certes, mais aussi un cheminement qui va des Rameaux et l’acclamation par une foule enthousiaste du « Fils de David », à la croix où cette même foule va lui préférer Barabbas.

Un récit marqué aussi par trois « c’est toi-même qui le dit »

- celui de Jésus à Judas quand il demande si c’est lui qui va le livrer
- celui de Jésus au grand prêtre quand il lui demande de reconnaître qu’il est « le Christ, le Fils de Dieu »
- celui de Jésus à Pilate quand il lui pose la question de savoir s’il est « le roi des juifs ».

À aucun moment Jésus ne révèle qui il est où ce que les autres vont faire, il ne fait que donner du corps à ceux qui le trahissent ou qui l’accusent.

Le rédacteur de l’évangile va donc aussi jouer sur les effets pour bien nous faire comprendre se qui se passe :

► Le récit sur Judas est factuel, ce qui est important c’est ce qu’il sous entend : Jésus est livré pour de l’argent, selon les écritures, et le sang de l’innocent va être répandu, pour que la Parole annoncée par Jérémie s’accomplisse.

►Les événements terrifiants qui se produisent lors de la mort de Jésus : le rideau du Temple qui se déchire, la terre qui tremble, les rochers qui se fendent, les tombeaux qui s’ouvrent et la résurrection de nombreux saints, veulent nous montrer le pouvoir de Jésus sur tout être, sur la vie et la mort, créateur avec Dieu de l’univers, Jésus mis à mort fait trembler l’univers, sa créature, sur ses bases. Car il serait vain ici de chercher un quelconque soubassement historique.

Les choix de ces textes pour la Liturgie des Rameaux et de la Passion veulent nous rappeler qu’ici nous sommes au cœur de notre Foi sur la Personne de Jésus :

► Isaïe annonce déjà le libre consentement du Fils de Dieu aux événements qui vont se produire et qu’il va subir : il présente son dos à ceux qui le frappent, sa joue à ceux qui veulent lui arracher la barbe. Lui, le serviteur, il écoute alors que le peuple a refusé d’entendre la Parole. Les disciples sont comme le peuple, ils dorment, car il ne voient pas ce qui se prépare et n’ont pas encore compris qui est Jésus. Pour ce faire, il faudra la résurrection.

► Matthieu va nous amener alors à nous demander qui est vraiment cet homme que l’on dit « Fils de Dieu » et qui crie sa peur au jardin des oliviers et sur la croix, comme le ferait tout homme à l’approche de la mort, et surtout d’une mort inique ; ou celui dont on se raille alors qu’il est pendu sur le bois de la croix en lui disant : « Toi qui détruis le Sanctuaire et le rebâtis en trois jours, sauve-toi toi-même, si tu es le Fils de Dieu  et descend de la croix ». Et Matthieu nous renvoie à nous-mêmes en nous amenant à nous poser cette question : « Ce Jésus pendu sur la croix, il est qui pour toi ? » Car comment ce « Fils de Dieu » peut-il subir de tels outrages, puisqu’il ne correspond par vraiment à ce qu’est pour nous « un Dieu Tout-Puissant » ?

La lettre aux Philippiens va nous donner la réponse : le libre consentement du Fils aux événements qu’il subit, c’est simplement pour que nous soyons Fils avec lui, selon le mot de Saint Irénée : « en Jésus, Dieu c’est fait homme, pour qu’en Jésus l’homme devienne Fils de Dieu ». Ce mystère de la « kénose » ou si vous voulez mieux de l’abaissement de Dieu au niveau de l’homme, scelle le mystère de l’Amour de Dieu pour tous les hommes.

Là est donc le cœur de notre foi, c’est un condensé pascal dont nous sommes témoins et dont nous devenons acteurs en acceptant nous aussi de passer par cette « kénose », cet abaissement.

Les malheurs du monde actuel, et les tribulations que vit notre Église doivent nous rappeler que nous ne pouvons pas arriver à la gloire de Pâques, si nous ne passons pas d’abord par la croix, et la lettre aux Philippiens nous redit tout cela :

Le Christ Jésus,
ayant la condition de Dieu, ne retint pas jalousement le rang qui l’égalait à Dieu.
Mais il s’est anéanti, prenant la condition de serviteur, devenant semblable aux hommes.
Reconnu homme à son aspect,
il s’est abaissé, devenant obéissant jusqu’à la mort, et la mort de la croix.
C’est pourquoi Dieu l’a exalté : il l’a doté du Nom qui est au-dessus de tout nom,
afin qu’au nom de Jésus tout genou fléchisse au ciel, sur terre et aux enfers,
et que toute langue proclame : « Jésus Christ est Seigneur » à la gloire de Dieu le Père.

Michel Naas

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