Méditation du père Bruno Doucet pour la fête du Saint Sacrement du Corps et du Sang du Christ

Méditation pour la fête du Sacrement du Corps et du Sang du Christ

Chaque dimanche, beaucoup d’entre nous communient au corps du Christ. Ils viennent manger le corps du Christ. Pendant le confinement, les chrétiens ont été privés de cette communion et beaucoup ont ressenti vivement ce manque. Mais, nous étonnons-nous encore de ce que nous faisons ? Les Juifs, eux, étaient outrés de ce qu’ils entendaient de la bouche de Jésus. « Comment celui-là peut-il nous donner sa chair à manger ? »

Voilà un texte d’Évangile très réaliste. Il y est question de pain, de chair donnée en nourriture, de sang versé pour étancher la soif. Et Jésus insiste : « Oui, vraiment je vous le dis : si vous ne mangez pas la chair du Fils de l’homme, et si vous ne buvez pas son sang, vous n’avez pas la vie en vous ». Les textes originaux parlent même de « mâcher », de « croquer » plutôt que de simplement « manger ».
Souvenez-vous, il fut un temps pas si lointain où il ne fallait pas toucher l’hostie avec les dents pour ne pas commettre je ne sais quel sacrilège !
En communiant, en « mangeant » l’hostie, pain vivant, chair de Jésus donnée pour la vie du monde, nous prenons au sérieux ce Dieu qui s’est fait homme. Nous prenons au sérieux l’incarnation elle-même.

Et la foi, c’est peut-être s’étonner, communion après communion, devant cette merveille. « Comment cela peut-il se faire ? » disaient les pharisiens. Ils mettaient le point d’interrogation du doute alors que nous les amis de Jésus y mettent le point d’exclamation de l’admiration. Il est bien sûr que le « Comment » n’aura jamais de réponse. Il faut certainement que nos vies se mêlent à « La Vie » pour entrer tout doucement dans ce mystère.

Et pour entrer dans ce mystère, ne faudrait-il pas plus insérer dans nos assemblées eucharistiques « la chair » de notre présence, c’est-à-dire l’humanité qui souffre, qui cherche, qui enfante le monde dans la douleur ? Mais aussi celle qui se réjouit, qui chante et qui danse ? L’humanité des pauvres et des riches, des pécheurs et des saints ? Une « chair » bien vivante parce qu’elle est « chair » de toute l’existence humaine ?

Jésus devient « pain de vie » en se livrant, en se donnant. La période de confinement nous a fait découvrir que des hommes et des femmes, personnels des hôpitaux, caissières des supermarchés, éboueurs, routiers, agriculteurs, souvent payés petitement, ont donnés de leur vie pour que nous vivions.

Tous nous sommes appelés à donner de notre vie pour que d’autres vivent. Nous sommes appelés à être « Pain vivant », « corps du Christ » pour que le monde vive de la vie même du Père. Nous avons vu pendant ce confinement, des jeunes, des hommes et des femmes, prendre soin de personnes isolées, distribuer des repas dans les grandes villes, mettre en œuvre mille moyens pour que des personnes soient moins isolées. Donner de sa vie pour que d’autres vivent. C’est tellement concret !

Je vous invite à penser à cela chaque fois que vous verrez le prêtre élever l’hostie. Ne vous prosternez pas trop rapidement. Regardez, contemplez, et dites -vous que c’est le corps du Christ qui est élevé et que le corps du Christ, c’est nous-mêmes, unis les uns aux autres par l’Esprit d’Amour, appelés à accueillir la vie que Dieu nous donne et à la partager autour de nous.

À chaque Eucharistie, mangeons, croquons, mâchons le Pain de Vie présent dans l’hostie, présent également dans la Parole proclamée. Et nous deviendrons alors, à notre tour, nourriture pour nos frères et sœurs en humanité.

Bruno, votre frère prêtre