Méditation par le père Michel Naas - Jeudi Saint - 9 avril 2020 — Doyenné 02 / Banlieue - Val de l'Ognon

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Méditation par le père Michel Naas - Jeudi Saint - 9 avril 2020

Méditation pour le Jeudi Saint

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Aujourd'hui nous entrons dans le Triduum Pascal, les trois jours saints du fondement de notre foi. Ces trois jours ne sont qu'une seule et même célébration qui commence par le Jeudi saint et l’institution de l'Eucharistie et du sacerdoce, appel aussi à la charité fraternelle. Il continue par le vendredi saint, qui nous rappelle par Amour, cet abaissement de Dieu (kénose) qui va en Jésus-Christ jusqu'au don de sa vie, et qui se termine à la veillée pascale où éclate la victoire de la lumière sur les ténèbres, la victoire de la vie sur la mort.

Mais revenons à la fête de ce jour !

Le livre de l'Exode fait d'une fête païenne de la fécondité et de la protection des troupeaux un mémorial qui célèbre pour le peuple la sortie d’Égypte. Désormais ce peuple hétéroclite est le peuple premier-né de la puissance divine.

Ce sang versé pour se protéger d'une divinité païenne qui pourrait devenir malveillante, devient le signe concret que Dieu protège ce peuple qu'il s'est choisit. Et Yahvé exerce son jugement contre les dieux égyptiens qui demandent du sang pour donner leur protection.

Mais avant de faire éclater sa toute puissance divine et de le délivrer de la main de Pharaon, Yahvé dit au peuple comment se souvenir : « Vous mangerez ainsi : la ceinture aux reins, les sandales aux pieds, le bâton à la main. Vous mangerez en toute hâte ; c'est la Pâque du Seigneur. »

Ce sera pour vous un mémorial.

Ce mot de mémorial est le maître mot de la fête d’aujourd’hui ! Une célébration qui nous rend présent ce que l'on fête, comme nous le disons dans la prière eucharistique, au moment de la consécration. Le prêtre dit : « Au moment d'être livré et d'entrer librement dans sa passion, c'est-à-dire aujourd'hui, il prit le pain ».

Le « faites ceci en mémoire de moi » est rappelé dans la première lettre aux Corinthiens. C'est le plus ancien récit de l'institution de l'Eucharistie ; il est rédigé vers 53 par par Saint Paul parce que les Corinthiens se comportent n'importe comment lors des Agapes, puisqu'il dit : « Quand vous vous réunissez pour le repas du Seigneur, chacun se dépêche de manger son repas à lui, et l'un a faim tandis que l'autre boit trop ». Ce rassemblement eucharistique n'est plus alors symbole du partage qu'il devrait être, ni non plus le symbole de l'attente du retour du Christ que nous appelons dans l’anamnèse.

Ce pain et ce vin de la route qui font mémoire du don total du Christ, donne la force d’attendre qu'il vienne et nous font un devoir d'attendre notre prochain pour partager le pain et la coupe avec lui.

Ce mémorial du jeudi saint n’est pas anodin : Saint Paul nous dit ce qu'on célèbre, et Saint Jean nous en donne le sens : « Jésus sachant que le Père a tout remis entre ses mains, qu'il est sorti de Dieu et qu'il va vers Dieu » puisque Jésus va laver les pieds de ses disciples. Un geste simple, celui de l'esclave ou du serviteur quand le maître reçoit un invité qui a marché de longues heures.

Jean qui écrit tardivement n'a pas besoin de nous redire l'institution de l'eucharistie, mais il dit ce qu’elle signifie. Ce geste dans le récit de la Passion est placé avant le partage du pain et de la coupe, un peu comme un préalable.

Que dit-il ?

Que lui, le « Maître et Seigneur », va prendre la dernière place, celle de l'esclave ou du serviteur. La croix n'est-elle pas le supplice que l'on réserve aux esclaves ou au rebut de la société ! En annonçant ce qui va arriver, Jean fait mémoire de la mort-résurrection du Christ, fondement de notre foi et signe de notre sanctification.

Ainsi cette liturgie nous demande de faire mémoire. Mais faire mémoire de quoi ?
♦ D'abord que nous sommes libérés de notre Égypte, et des ténèbres qui opacifient le regard de Pharaon, mais aussi le notre.
♦ Ensuite, que dans le pain et la coupe partagés, nous devons signifier au monde notre fraternité. Le manque d'unité des chrétiens et même des catholiques est un contre signe à ce que nous demande Jésus dans ce dernier repas.
♦ Enfin que le service fraternel doit être notre Essentiel pour attendre le retour de Jésus qui s'est fait le serviteur de tous.

Et le service fraternel doit s'inscrire dans notre quotidien : respect de l'autre, accueil du pauvre, écoute patiente et temps donné. Aussi je me permets de me poser cette question : qu'est-ce que la pandémie du coronavirus va changer ? Est ce qu'il y aura un « avant » et un « après », ou est-ce que l'on va continuer avidement à l'épanouissement du désir de soi ?

Le Christ donne sa vie ! Au chapitre 10, Saint Jean nous rappelle : « ma vie nul ne la prend, mais c'est moi qui la donne ». Il l'a donne pour le salut du monde, et nous le célébrons à chaque Eucharistie.

Le Concile Vatican II l'a rappelé : « C'est l’Église qui fait l'Eucharistie, mais c’est aussi l'Eucharistie qui fait l’Église ». Et pour la célébrer, il faut des prêtres (c'est pour quoi le jeudi saint est aussi la fête des prêtres), qui par leur sacerdoce ministériel rappelle à chacun d'entre nous le sacerdoce commun des fidèles que leur confère le baptême. À l'offertoire nous répondons au prêtre : « pour la gloire de Dieu et le salut du monde » et il nous est un devoir comme chrétien de le vivre dans notre quotidien.

Michel Naas