Homélie du père Maurice Bez pour la Solennité du Christ, Roi de l'Univers - Année liturgique B - 21 novembre 2021 — Doyenné 02 / Banlieue - Val de l'Ognon

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Homélie du père Maurice Bez pour la Solennité du Christ, Roi de l'Univers - Année liturgique B - 21 novembre 2021

Dimanche 21 novembre 2021 - Le Christ, Roi de l’univers
34ème dimanche ordinaire

(Daniel 7, 13-14 ; Ps 92 ; Apocalypse 1, 5-8 ; St Jean 18, 33b-37)

Journée nationale du Secours Catholique

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Le Christ, ROI : mais quelle royauté ?

Vous avez remarqué combien de mots sont piégés pour dire notre foi et combien ils peuvent prêter à de graves confusions. Ainsi, Seigneur, Roi, Règne, Royaume… mots souvent ambigus, mots chargés par l’histoire d’une autre réalité qui, pour nos esprits modernes peuvent renvoyer à puissance, domination, soumission, etc.

« Je ne peux plus dire et entendre ce langage », disait un chrétien, ma foi n’est pas de cet ordre, mais dans l’humilité, le service, l’amour et non pas dans la grandeur, le triomphalisme ou l’esprit de conquête.

Alors c’est quoi cette fête du Christ Roi ?

Je voudrais souligner que nous sommes arrivés au terme de l’année liturgique, ce dernier dimanche où nous célébrons la fête du Christ, Roi de l’univers. Cette fête a été instituée en 1925 par le pape Pie XI, en réponse aux nostalgiques de la Royauté, et où l’Église perdait son pouvoir sur la société (chez nous : La République et non plus la Royauté). Pie XI entendait édifier une « nouvelle chrétienté » face au nazisme qui s’installait en Europe. De plus, cette fête pouvait être un rempart face à la sécularisation qui mettait l’Église de côté, (séparation de l’Église et de l’État), et répondre au relent de triomphalisme et au désir d’un pays d’ordre chrétien, sous la bannière du Christ Roi. On sait qu’aujourd’hui, il en est qui rêvent d’une chrétienté qui investit tous les rouages de la société. Prendre le pouvoir temporel au nom de Dieu… C’est le désir de certains ou de quelques partis politiques… On ne me fera pas chanter le Christ Roi avec des accents quelque peu revanchards : « Parle, commande, règne ! » comme s’il fallait refuser le monde moderne et défendre l’ordre ancien !

Mais après Vatican II, cette fête devint la fête du Christ « Roi de l’univers ». On affirme le caractère cosmique de la royauté de Jésus. De plus, la fête du Christ Roi peut être l’occasion d’approfondir une vérité importante de la foi et de mieux gérer les rapports de l’Église et du monde.

On attendait un « fils d’homme » annoncé par les prophètes. Le prophète Daniel, dans ses visions (1ère lecture) voit « comme un fils d’homme » qui s’avance jusqu’à Dieu. Et ce fils d’homme reçoit solennellement la royauté, la gloire, la domination sur tous les peuples et pour toujours. Cette Royauté ne passera pas, elle est divine. Il est bon de se rappeler que Jésus utilise le titre Fils de l’homme pour se désigner lui-même (70 fois dans les synoptiques et 12 fois en st Jean).

Et Saint Jean, dans l’Apocalypse montre que cette prophétie se réalise en Jésus. Il est ce fils d’homme investi de la royauté au nom de Dieu. Mais il acquiert cette royauté par sa Passion et son Mystère pascal. Jésus est non seulement le roi investi par Dieu, il est Dieu. Il est depuis toujours et pour toujours, Alpha et Omega. Il est celui qui est, qui était et qui vient…

N’oublions pas que c‘est devant Pilate, au cours d’un procès que Jésus va se dire roi. C’est au moment où Jésus est enchaîné, bafoué qu’il ose affirmer qu’il est roi. Oui, un roi abaissé, moqué, cela donne une autre définition de la royauté. « Si ma royauté venait de ce monde, j’aurais des gardes qui se seraient battus pour que je ne sois pas livré aux juifs ».

En quoi consiste cette royauté ? « Oui, je suis roi. Je suis venu dans le monde pour ceci : rendre témoignage à la vérité. Tout homme qui appartient à la vérité écoute ma voix ». C’est dans la faiblesse, l’humiliation, le dépouillement que Jésus est roi. Car sa mort et sa résurrection dévoilent le mystère Jésus : Jésus livre sa vie pour sauver l’humanité, c’est dans cet abaissement qu’il est roi. Sa vie, sa mort servent au devenir de l’humanité. Jésus s’abaisse pour élever l’homme, tout homme.

« Sa puissance à lui c’est d’être sans puissance, nu, faible, pauvre, mis à nu par son amour, affaibli par son amour, appauvri par son amour. Telle est la figure du plus grand roi de l’humanité… » (C. Bobin : L’homme qui marchait).

Ce dimanche, qui est aussi le dimanche du Secours Catholique, nous fait découvrir que « Régner, c’est servir ». Servir les plus pauvres, les exclus, reconnaître leur dignité, leur montrer du respect, c’est déjà servir leur humanité et les mettre à notre niveau, au niveau de tout homme.

Quel que soit notre « pouvoir », comme parent, comme responsable de ceci, cela, comme celui qui a le savoir ou la compréhension des choses, voilà une belle occasion de « régner », mais à la manière du Christ !

Maurice BEZ

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