Homélie du père Maurice Bez pour le 13ème dimanche du temps ordinaire - Année B — Doyenné 02 / Banlieue - Val de l'Ognon

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Homélie du père Maurice Bez pour le 13ème dimanche du temps ordinaire - Année B

Dimanche 27 juin 2021 - 13ème dimanche ordinaire – Année B

(Sagesse 1, 13-15 ; 2, 23-24 ; Ps 29 ; 2 Corinthiens 8, 7.9.13-15 ; Marc 5, 21-24.35b643)

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La vie ou la mort…

Voici une parabole : 2 jeunes gens vont accomplir la même croisière autour du monde. Ils vivront les mêmes tempêtes sur les mêmes quarantièmes rugissants, et les mêmes escales sur des îles de rêve. Mais l’un d’eux va rejoindre sa fiancée et l’autre, dès l’arrivée, sera arrêté et mis en prison. Vous ne me ferez pas croire que le voyage sera identique pour l’un et pour l’autre, s’ils connaissent l’issue du périple. Pour le premier, même les tempêtes seront un bonheur. Pour le second, même les plages sublimes seront un cauchemar.

Cela veut dire que si je sais qu’il y a quelque chose après la mort, ma vie en sera imprégnée, et j’avancerai avec plus ou moins de confiance vers ma mort… mais si je pense qu’il n’y a rien, je serai habité par la peur, la crainte de mourir.

On peut envier Sainte Thérèse qui disait : « Que je suis heureuse de mourir, car je ne meurs pas, j’entre dans la vie ». Mais il faut être un(e) saint(e) pour prendre ainsi la mort du bon côté !

Les 3 lectures de ce dimanche ainsi que le psaume font un éloge de la vie : Dieu n’a pas fait la mort ; il est le Dieu de la vie. Comment pouvons-nous rencontrer des personnes qui accusent Dieu de tous les maux de la terre ? « Si Dieu existait, il n’y aurait pas ces violences, ces haines, ces morts d’enfants, toutes ces maladies, ou encore la pandémie ». Qui n’a pas entendu quelqu’un avouer ne plus pratiquer suite à un décès : « Que fait Dieu ? ».

Quelle attitude devant la mort ? La 1ère lecture du livre de la Sagesse nous dit que les hommes savent que la mort est inéluctable. Nous le savons. Mais pour les juifs, pour celui qui a la foi, la vie présente est déjà vouée à l’éternité : « Dieu n’a pas fait la mort, il ne se réjouit pas de voir mourir les êtres vivants. Il les a tous créés pour qu’ils subsistent ». « Il ne se réjouit pas de voir mourir les êtres vivants”. Si la mort est entrée dans le monde, c’est par la jalousie du démon. C’est lui qui pousse à la tentation et au péché ; cette rupture avec Dieu entraîne la mort ; mais l’amour de Dieu est bien plus fort que toutes les forces du mal. Nous dit encore le livre de la Sagesse.

Et voilà que Jésus se révèle comme le vainqueur absolu du mal : sa main fait des merveilles : rien ne lui résiste, ni les démons qui hantent l’humanité, ni les tempêtes déchaînées…

Et voilà qu’aujourd’hui, dans l’Évangile de ce jour, Jésus se révèle comme celui qui est pour la vie. Peu importe la loi juive, les interdits, il va aller contre les tabous.

Jaïre est un chef de la synagogue, un notable qui commet 2 transgressions par rapport à son statut social. Il se mêle à la foule et tombe aux pieds de Jésus. Lui qui sait en tant que juif qu’il n’a pas le droit. On devient impur si on touche un étranger ou si on s’adresse à quelqu’un qui n’est pas juif.

Mais si Jaïre est un chef, il est aussi un homme capable d’humilité, un homme blessé. « Ma petite fille est sur le point de mourir » : voilà la raison qui explique le comportement de Jaïre. C’est peut-être un notable, mais c’est d’abord un homme dont la fille est mourante.

Que fait Jésus ? « L’enfant n’est pas morte : elle dort », commence-t-il par dire. Cette parole déchaîne les ricanements des « pleureurs », il nomme la mort autrement, la qualifiant de « sommeil », c’est-à-dire un état passager de repos qui doit s’achever par un réveil.

Jésus dira la même chose de Lazare au tombeau depuis 4 jours : « Notre ami Lazare s’est endormi, mais je vais le réveiller » (Jean 11, 11), suscitant l’incompréhension des disciples.

Les premiers chrétiens appelaient leurs cimetières du nom de « dormitorium » ou dortoir, avec cette foi que ceux qui s’étaient « endormis dans la mort » (1 Th 4, 13) étaient promis au réveil de la résurrection à la suite du Christ.

Jésus entre dans la maison. Il fait sortir tout le monde. Il ne garde que le père et la mère de l’enfant et quelques disciples. Il ne fait pas sur la jeune fille un geste de guérison. Il lui saisit la main et lui dit : “Lève-toi”. Dans le langage du Nouveau Testament, le verbe “se lever” est synonyme de ressusciter. Ce n’est pas une résurrection au sens propre d’entrée dans la vie éternelle, mais ce « réveil » est un signe que Jésus pose pour annoncer sa résurrection et la nôtre.

La mort dont le Christ nous délivre n’est pas la mort terrestre : lui-même l’a traversée. Il nous libère de la mort éternelle, car, par lui et avec lui, elle est un passage vers le Père et vers la vie. En relevant la fille de Jaïre, il se révèle et révèle le vrai visage du Père : le Dieu de la vie.

Un jour, j’entendis une femme pasteure suggérer, quand je lis la Bible, de remplacer le mot « Dieu » par le mot « Vie ». Il est alors évident que notre Dieu est le Dieu de la Vie. Oui, notre Dieu n’est pas le Dieu des morts mais le Dieu des vivants.

Jésus sème des petites phrases que nous risquons de ne pas remarquer : « Ta foi t’a sauvée… » « Ne crains pas, crois seulement ». « Pourquoi avoir peur, hommes de peu de foi ! ». Jésus semble avouer que sa volonté de vaincre le mal peut échouer… sur notre incroyance, notre manque foi !

Maurice BEZ

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