Homélie du père Michel Naas pour le 14ème dimanche du temps ordinaire - Année B - 4 juillet 2021 — Doyenné 02 / Banlieue - Val de l'Ognon

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Homélie du père Michel Naas pour le 14ème dimanche du temps ordinaire - Année B - 4 juillet 2021

Homélie du 14ème dimanche ordinaire - Année B

(Ézéchiel : 2, 2-5 ; Ps 122 ; 2 Corinthiens 12, 7-10 ; Marc 6, 1-6)

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« N’est-il pas ! » Telle est la phrase des compatriotes de Jésus. Ils l’ont mis dans une case, celle du fils de Joseph, celle du charpentier, et ils attendent de lui qu’il fasse des planches et des poutres, qu’il fabrique des charpentes pour construire les toits des maisons, pas qu’il enseigne à la synagogue.

L’humanité est ainsi faite, c’est comme cela que nous sommes faits : tout doit rentrer dans la case préparée d’avance, que ce soit le temps, les choses, les gens. Et plus on est proche de la personne et plus on croit tout savoir sur elle. Les gens « de son lieu d’origine » croient connaître Jésus, puisqu’ils le côtoient depuis tout petit. Ils ne peuvent attendre de lui que ce qu’ils savent déjà et ne peuvent en aucun cas attendre de ce Jésus, fils du charpentier Joseph, qu’il soit le prophète du Royaume de Dieu.

Car la Parole au même titre que la Vie de Jésus sont des prophéties à part entière ; elles ouvrent un Autrement toujours possible. C’est difficile à entendre pour chacun d’entre nous cet Autrement. Quand on émigre ou qu’on s’exile, que ce soit pour des raisons politiques ou économiques, on emmène avec soi sa culture et on a du mal à s’en départir. On croit que c’est ce que c’est ce qui nous définit, que c’est notre Être, et bien des gens de notre nouveau lieu de résidence nous y font croire en nous enfermant dans une case, celle de l’étranger.

Regardons la vie d’Abraham que nous lisions cette semaine aux messes quotidiennes : Yahvé, quand il dit à Abram : « Part et quitte ton pays et la maison de ton père », qu’est-ce qu’il dit ? Simplement, il faut que tu changes de vie, car ce ne sont ni ton pays, ni tes coutumes, ni ta langue qui te définissent. En gros, il lui dit « Change tout » ! Et si on lit l’histoire d’Abraham dans le livre de la Genèse, on voit bien que le patriarche aura durant toute sa vie tendance à retourner à sa vie d’avant et aux pratiques de son père. On le voit en particulier avec le sacrifice de son fils Isaac.

Le prophète n’est là que pour annoncer cet autrement, ce changement possible. Rien ne dit que s’il accepte ce rôle de prophète, il sera écouté, en fait c’est rarement le cas, on le voit dans l’Ancien Testament. C’est l’ascèse de ce « osons un nouvel élan » selon la formule de notre synode diocésain. Le prophète a un seule mission : nous faire découvrir que Dieu ne parle pas d’abord pour sanctionner, mais pour donner de l’espoir : « tu auras une descendance aussi nombreuse que les étoiles dans le ciel et que le sable sur le bord de la mer » dit-il au vieil Abraham. « Il y a toujours un avenir possible » annonce le prophète.

Le prophète doit s’attendre à que ce qu’il annonce, n’ait pas le résultat escompté. Par mon baptême, je suis prophète, je dois donc accepter de parler sans me préoccuper du résultat. Par le prophète, c’est l’Esprit de Dieu qui agit. Encore faut-il qu’il y ait un prophète pour reconnaître son action, encore faut-il que celui qui entendait un petit vide d’Amour en lui, que l’Amour de Dieu va combler.

Notre évêque dit souvent que « nous ne sommes pas là pour sauver l’Église », pourtant nos actions laissent souvent à penser que c’est ce que nos voulons faire. Pourtant comme le dit dit Saint Paul « la grâce devrait nous suffire », une grâce qui nous permet d’avancer vers un autre lendemain.

Comme les gens « du lieu d’origine de Jésus », nous attendons des miracles spectaculaires. Mais pour qu’il y ait miracle, il faut qu’il y ait d’abord un peu de foi. « Va, ta foi t’a sauvé » dit Jésus après bien des guérisons. Le miracle ne sera jamais qu’un signe, celui de l’Amour Éternel de Dieu pour tout homme.

Michel Naas

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