Homélie du père Maurice Bez pour le 2ème dimanche de carême - Année B — Doyenné 02 / Banlieue - Val de l'Ognon

Aller au contenu. | Aller à la navigation

Outils personnels

Accéder au site diocésain

Doyenné Banlieue - Val de l'Ognon Doyenné Banlieue - Val de l'Ognon

Homélie du père Maurice Bez pour le 2ème dimanche de carême - Année B

2ème dimanche de carême – 28 février 2021

(Genèse 22, 1-18 ; Ps 115 ; Romains 8, 31b-34 ; Marc 9, 2-10)

Télécharger l'homélie

 

« La signature du Père :  …Écoutez-le ! »

La liturgie de ce 2ème dimanche de Carême nous présente Abraham s’en allant, 2 000 ans avant notre ère, sur la montagne pour y sacrifier son enfant, Isaac. Et l’Évangile, nous met en face de Jésus transfiguré, sous les yeux de trois de ses apôtres, également sur une haute montagne.

Ces deux textes, sans lien apparent, nous délivrent un même message : celui du don total, de la rupture pour laisser Dieu habiter en nous.

On se souvient que, par fidélité à la demande de Dieu, Abraham autrefois quitta son pays, sa famille, pour aller à l’aventure. Ce fut pour lui un déracinement, un vide, un arrachement. Et l’épreuve ne s’arrête pas là. La 1ère lecture de ce jour nous raconte le sacrifice d’Isaac : « Prends ton fils, ton unique, celui que tu aimes… ». Dieu teste la foi d’Abraham, et on sait qu’un bélier se substitue à Isaac. Il fallait peut-être cette scène pour montrer que Dieu ne voulait plus de sacrifices humains, comme les peuples voisins païens, que sont les Phéniciens ou les Cananéens. Une épreuve qui montre la preuve de foi et d’amour d’Abraham. Isaïe, quelques siècles plus tard condamna avec force cet acte barbare ! En tout cas, Dieu renouvelle sa promesse à Abraham : « Je te comblerai de bénédictions, je rendrai ta descendance aussi nombreuse que les étoiles du ciel et que le sable au bord de la mer… »

2 000 ans plus tard, né de la descendance d’Abraham, voici un autre fils unique, « bien-aimé du Père, en qui sont glorifiées toutes les nations de la terre ». Saint Marc nous décrit cette scène que l’on appelle habituellement : « la transfiguration ». Quelques jours auparavant, Jésus vient d’annoncer,  pour la première fois, « que le fils de l’homme doit beaucoup souffrir, qu’il doit être rejeté par les anciens… qu’il doit être tué, et, trois jours plus tard, ressusciter ». Je pense que les disciples n’ont pas compris grand-chose. C’est peut-être la raison pour laquelle, Jésus va leur faire vivre cette scène de la transfiguration, à trois de ses apôtres. Pas n’importe lesquels : Pierre, Jacques et Jean. Ils étaient présents quand Jésus fait revenir à la vie la fillette de 12 ans, fille de Jaïre. Ce sont les mêmes qui seront présents et donc témoins de l’agonie de Jésus à Gethsémani.

Ils verront Jésus défiguré. C’est sans doute grâce à cette scène qu’ils vont comprendre au moment de la mort de la résurrection de Jésus. De plus, « Élie leur apparut avec Moïse et ils s’entretenaient avec Jésus ». Ils symbolisent l’attente d’Israël inscrite dans la « loi » et les « prophètes ». Ne sont-ils les deux grands personnages de l’Ancien Testament à qui Dieu s’est révélé « sur la montagne ». Jésus se situe dans le prolongement de l’Ancien Testament, peut-être une manière de dire « que les temps sont accomplis ».

Et cette blancheur, restons au niveau du langage biblique symbolique : la blancheur est la couleur du monde de Dieu, de sa présence et rien sur terre ne s’en approche. Ce sera la couleur de l’ange de la résurrection, de l’Ascension, c’est la couleur des vainqueurs dans l’Apocalypse. Pensons à la robe blanche du baptême, à l’aube du prêtre : «Vous avez revêtu le Christ » (Galates, 3,27). « Revêtez l’homme nouveau en vous dépouillant du vieil homme… ». (Colossiens 3, 10).

Et cette phrase qui authentifie que Jésus est bien le fils de Dieu : « Celui-ci est mon fils bien-aimé, écoutez-le ». Nous avons là, la signature de Dieu qui atteste que Jésus est bien son Fils.

On comprend que Pierre veuille immortaliser ce moment… « Faisons trois tentes ! ». Mais ça ne dure pas ! Il y a, comme cela, des moments dans notre vie où l’on voudrait que ça dure toujours ! Des instants où nous avons vécu des transfigurations. Que ce soit dans notre vie de foi ou dans des réalités de notre vie, en famille ou ailleurs. Mais très vite, on retombe dans la vie ordinaire, comme les trois apôtres, il faut redescendre de la montagne et retrouver le train-train de la vie ordinaire.

Cependant cette séquence a dû marquer Pierre, car dans une de ses lettres (2 Pierre, 1, 18), il écrira : « Ce ne sont pas des fables inventées… nous l’avons vu dans tout son éclat, quand nous étions avec Lui sur la sainte montagne ». C’est bien un signe de sa résurrection que Jésus a voulu donner. Ils comprendront plus tard…

Je pense que nous avons à vivre « en enfants de lumière », le Christ doit transfigurer notre vie. La transfiguration du Seigneur est un signe de résurrection qui nous est donné, jusqu’au moment où Dieu « transfigurera nos pauvres corps pour les rendre semblables à son corps de gloire » (Phil 3, 21). Je comprends que Sandrine Bonnaire était étonnée en interprétant le personnage de Jeanne d’Arc dans le film de Rivette : « J’ai senti que Jeanne avait Dieu en elle ».

Oui, nous avons Dieu en nous, laissons-le se manifester ! Je le répète : « soyons des enfants de lumière ! » Ce chant que la plupart des paroisses prendront ce dimanche !

Maurice BEZ


Marie-Noëlle Thabut lit et commente l'intégralité
des lectures du 2e dimanche du temps de Carême, année B

 

(Cliquer sur l'image pour voir la vidéo de Théobule "La transfiguration")

 

 

 

 

à lire aussi