Homélie du père Michel Naas pour le 3ème dimanche de carême - Année B — Doyenné 02 / Banlieue - Val de l'Ognon

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Homélie du père Michel Naas pour le 3ème dimanche de carême - Année B

Homélie du 3ème dimanche de carême - Année B

(Ex 20, 1-17 ; Ps 18b ; 1 Co 1, 22-25 ; Jn 2, 13-25)

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Pour les juifs de l’époque de Jésus, le temple de Jérusalem est le centre de leur référence religieuse. Jésus lui-même n’est-il pas présenté au temple par ses parents ? Il est dans le « saints des saints », l’éternelle demeure de Dieu. Et pour les pharisiens, les scribes, les docteurs de la loi, les grands prêtres, s’attaquer au Temple, ne serait-ce pas s’attaquer en quelque sorte à Dieu lui-même ? Peut-être moins qu’à une religion dont ce temple serait le centre !

Nous en sommes tous là ! Nous avons du mal à supporter que d’autres, qui ne sont pas en accord avec nos idéaux, s’attaquent à nos représentations religieuses, il suffit de voir la question des caricatures de Mahomet. Il y a toujours le risque que les pierres, comme celles du temple, comme celles de Notre-Dame de Paris, avec tous les rituels qui y sont associés, ne réveillent en nous une mentalité magique.

Par exemple qu’est-ce qui est le plus important lors de la bénédiction des rameaux ? L’eau bénite dont l’aspersion ne dépasse pas le premier rang ou le signe de croix que le prêtre fait avec la main ? Quel lien avec la foi véritable ?

Pendant le carême on parle de jeûne et d’aumône, des actes qui amènent à se créer une certaine faim, un vide, où la Parole de Dieu peut se faire entendre, où l’Esprit Saint peut prendre sa place. Et la prière est là pour que la grâce de Dieu advienne en nous.

Alors pourquoi donc le Christ s’attaque-t-il au temple de Jérusalem et à ses marchands surtout ? Il pose simplement un signe. Le temple était le signe de l’Alliance entre ce Dieu inaccessible et son peule. Il est le lieu privilégié de sa présence, cachée derrière le rideau du saint des saints.

Le signe des marchands chassés du temple nous annonce déjà cet autre signe essentiel de notre foi qu’est la résurrection. Le temple n’est qu’un édifice passager, tandis que la résurrection du Christ a un caractère de signe définitif.

Nous nous attachons aux biens et aux choses, aux signes de notre religion, et il en faut bien sûr, mais nous ne devons prendre fait et cause que pour ce qui a valeur d’éternité. Les choses ne peuvent être sacrées, que ce soit le temple ou une église. En fait, seul l’homme est sacré aux yeux de Dieu, car il est créé « à son image et à sa ressemblance ».

C’est ce que nous dit le livre de l’Exode dans le décalogue. Le décalogue commence par la présentation de Dieu lui-même : « je suis celui qui t’ai fait sortir d’Égypte ; tu n’auras pas d’autres dieux que moi ». Tu ne te feras pas de représentation de moi ; elle peuvent devenir idoles.

Nous pouvons tous vivre cela : dans une procession du Saint Sacrement, qu’est-ce qui est le plus important ? L’ostensoir ou le Corps du Christ qu’il contient. De même à la messe après la communion, qu’est-ce qui est le plus important : le Corps de Christ que nous avons partagé et qui est en nous, ou le ciboire que le prêtre remet au tabernacle ?

Et le Décalogue après nous avoir parlé de Dieu nous parle de l’homme, du frère, car la conduite morale, le respect de soi et de l’autre sont indissociables du culte rendu à Dieu lui-même.

Le temps des temples est dépassé, c’est aujourd’hui le temps de l’homme que vient nous dire le Christ en Saint Jean. Son corps est le seul vrai temple, et nous, nous sommes temple de l’Esprit. Il est plus facile d’honorer une belle structure en bois ou en pierre, délicatement peinte, plutôt que l’homme défiguré, le pauvre Lazare dont nous parlait un des évangiles de cette semaine.

N’oublions pas ce que dit Saint Paul aux Corinthiens : « nous proclamons un Messie crucifié, scandale pour les juifs, folie pour les nations païennes ».

Car cet abaissement de Dieu en Jésus Christ, c’est cela la folie de l’amour.

Père Michel Naas

(Cliquer sur l'image pour voir la vidéo)

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