Homélie du père Michel Naas pour le 6ème dimanche du temps ordinaire - Année B — Doyenné 02 / Banlieue - Val de l'Ognon

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Homélie du père Michel Naas pour le 6ème dimanche du temps ordinaire - Année B

Homélie du 6ème dimanche ordinaire - Année B

(Lv 13, 1-2.45-46 ; Ps 31 ; 1 Co 10, 31 – 11, 1 ; Mc 1, 40-45)
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Quand je lis cet épisode de la guérison du lépreux, me vient à l’esprit tous les ostracismes que nous posons chaque jour. Qu’est-ce qu’un ostracisme ? Selon le dictionnaire c’est « le rejet hostile par une collectivité de l’un de ses membres ».

Ici, comme le rappelle le livres des Lévites, la mise à l’écart du lépreux semble être là pour éviter toute contamination. On a toujours fait ainsi ! L’adage dit de quelqu’un qui n’a pas le bon profil qu’il faut le fuir comme un pestiféré. On a vu cela dans les années 80-90 avec le Sida et toutes les élucubrations sur la manière dont il pouvait se transmettre, quand on ne disait pas que s’était bien fait pour ces pervers, jusqu’à ce que cela touche d’autres catégories comme des enfants à travers les transfusions sanguines.

Dans le livre des Lévites, nous sommes confrontés à une dimension profondément religieuse. Pour les juifs de l’époque de Jésus on ne fait pas de différence entre la société civile et la dimension religieuse de la vie. C’est pour cette raison que c’est au prêtre et non au médecin qu’il faut se présenter pour regagner le système, c’est-à-dire, la société : on est plus impur religieusement, on peut donc revivre socialement.

Qu’est-ce que l’impureté ? C’est une incapacité de se ternir en présence de Dieu, car cela touche à sa sainteté. Comme cette lèpre est une marque de mort dans la chair de l’homme, elle est incompatible avec la présence de l’homme face au Dieu de la vie.

Ainsi y a-t-il toujours un risque dans toutes les sociétés de substituer le prêtre, le shaman, le sorcier, au médecin, face à des maladies que l’on ne comprend pas. Cela peut même aller jusqu’à l’exorcisme.

Comment se pose Jésus face à cette maladie ? Disons d’abord que ce n’est pas la maladie qui le concerne, mais le malade. « Saisi de compassion, Jésus étendit la main et le toucha ». Il le touche, c’est-à-dire qu’il prend sur lui cette maladie en devenant « impur » à son tour, et il assume l’impureté et les forces de mort qui en résultent.

Ils sont contagieux, c’est pour cela que l’on évite les lépreux. Et là, qu’est-ce qui est contagieux ? Ce n’est pas la lèpre, mais la sainteté de Jésus, son pouvoir de guérison et son pouvoir de vie, ce qui en quelque sorte réhabilite le malade en lui permettant de retourner à sa vie sociétale.

Une autre chose est à constater, c’est cette compassion qui sort de Jésus face à cet homme déshumanisé. La compassion de Jésus est une compassion active. Nous regardons souvent notre frère souffrant ou malade avec bienveillance, et nous en restons là ; nous nous réfugions dans la prière, et nous prenons notre distance avec ce frère comme il nous est demandé pendant cette pandémie de Covid, de peur d’être d’une manière ou d’une autre, contaminé. Jésus lui a une compassion féconde, qui redonne à tout homme sa place dans la société en lui redonnant sa fraîcheur originelle.

Et Paul, dans sa lettre aux Corinthiens, nous donne un objectif : « en toute circonstance, je tâche de m’adapter à tout le monde, sans chercher mon intérêt personnel, mais celui de la multitude des hommes, pour qu’ils soient sauvés ». Et si Paul nous demande cela, c’est tout simplement pour que nous imitions Jésus-Christ, et nous rentrions dans l’immense cortège des sauveurs.

Aujourd’hui il n’y a quasiment plus de lèpre, pas plus que de peste, ni de maladies qui provoquent l’exclusion, quoi que. Mais l’exclusion demeure pour autant. On peut les lister ceux que la société rejette et laisse sur le côté de la route : le SDF, le chômeur, comme le sans-papier, l’immigré, l’enfant abandonné et le couple séparé.

Jésus ne nous demande pas de nous jeter à corps perdu pour changer le monde, nous n’y arriverons jamais. Mais il nous demande d’être « saisi de compassion », de voir les déshérités de la vie autrement pour les remettre debout et leur redonner une place dans notre société.

Michel Naas

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