Homélie du père Michel Naas pour l'Ascension - Année B
Homélie Ascension - Année B
(Ac 1, 1-11 ; Ps 46 ; Ep 4, 1-13 ; Mc 16, 15-20)
« Pourquoi restez-vous là à regarder le ciel » ? Nous sommes souvent là à regarder le ciel en attendant que quelque chose arrive, que Dieu intervienne « à main forte et à bras étendu » comme dit le psaume, car nous pensons que c’est de là que vont arriver tous les changements et toutes les améliorations possibles pour ce monde en déshérence. Nous attendons tout d’un Dieu, que s’est forgé notre imaginaire païen, alors qu’en Jésus-Christ, c’est le Royaume de Dieu qui a pris forme. Nous attendons tout de Dieu et rien du Royaume.
Regardons les textes de ce jour :
► L’évangile d’abord : Marc insiste sur cette dernière apparition du Christ et sur son ascension. Que nous dit-il ? Le temps du « je suis parmi vous » est passé, c’est désormais, le temps du « je suis avec vous jusqu’à la fin du monde ». Cet événement de l’Ascension inaugure un temps nouveau, celui de l’Église ; car il faut que le Christ parte pour que naisse l’Église.
Nous ne pouvons pas rester là à regarder le ciel, il faut que nous nous retroussions les manches ! On ne peut plus attendre que le Christ pose des signes du Royaume par ses guérisons ; il est temps à notre tour de poser ces signes.
Chose étrange dans cet évangile ! Dans les signes que les disciples vont pouvoir faire, il y a : « pouvoir prendre en son nom des serpents dans les mains et boire un poison mortel qui ne leur fera aucun mal ». On est directement renvoyé au livre de la Genèse. Là, l’antique serpent est celui qui apprend aux hommes à mal comprendre la Parole de Dieu et qui distille le venin de l’envie qui amènera entre autre Caïn à tuer son frère.
► Et c’est là qu’intervient le livre des Actes des Apôtres. Que nous dit-il ? Que l’Ascension du Christ est intimement liée au don de l’Esprit et à sa force. Changement radical ! Christ n’est plus là en chair et en os devant les yeux des disciples, mais l’Esprit Saint prend sa place dans leur cœur. Et cet Esprit met à terre l’antique serpent et son venin. Il fait irruption dans le monde, grâce à la force de l’Esprit, et alors advient le Royaume de Dieu. Le Christ, par sa venue l’a inauguré, le Christ par son Ascension et son retour vers le Père nous en laisse la gestion.
► Si nous entrons dans cette dynamique de foi au Christ ressuscité, nous pouvons mettre à bas « les forces de ce monde » dont parle Saint Jean : la haine, le mensonge, toutes les forces de mort qui peuvent animer les hommes dans l’opposition à leur semblable, pour y mettre vie, vérité, justice amour, tout ce qui doit faire la force du Croyant. Ce dernier, selon le mot de Pierre dans les Actes des Apôtres, « ne doit pas faire de différence entre les hommes » comme l’a fait le Christ durant sa vie terrestre. Car c’est seulement l’acceptation de la différence qui peut amener chaque homme à vivre en ressuscité.
► Enfin, il y a la lettre aux Éphésiens. Que dit Saint Paul : il parle de la vocation du croyant appelé « à une seule espérance », enracinée dans cette foi qu’il « y a un seul Corps et un seul Esprit », l’Église dont nous sommes les membres et dont le Christ est la tête.
L’Église doit faire rayonner ses dons, et si l’évangile nous a été donné, ce n’est pas pour le garder pour nous (la lumière est faite pour être mise sur le lampadaire, pas sous le boisseau), mais justement pour la faire rayonner parmi toutes les nations.
Et la liturgie de ce jour nous dit une seule chose : il est temps, pour nous, comme le rappelle si souvent le Pape François, de retrousser nos manches pour faire advenir un monde nouveau, le Royaume de Dieu parmi les hommes.
Père Michel Naas
L'Ascension de Jésus - Théobule
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