Homélie du père Michel Naas pour le 5ème dimanche du temps ordinaire - Année C — Doyenné 02 / Banlieue - Val de l'Ognon

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Homélie du père Michel Naas pour le 5ème dimanche du temps ordinaire - Année C

Homélie du 5ème dimanche ordinaire - Année C

(Is 6, 1-2a.3-8 ; Ps 137 ; 1 Co 15, 1-11 ; Lc 5, 1-11)

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Une fois n’est pas coutume, arrêtons-nous sur le passage de la première lettre aux Corinthiens que la liturgie nous propose aujourd’hui au chapitre 15. Il nous parle de transmission de Foi ! Il s’agit ici du plus ancien Kérygme(1) que l’on trouve dans les écritures, c’est-à-dire du plus ancien cri de foi en la résurrection de Jésus. C’est ce que Paul a entendu dans la bouche d’Ananie à Damas, et qu’il transmet à ses disciples : « le Christ est mort pour nos péchés conformément aux écritures et il fut mis au tombeau ; il est ressuscité le troisième jour, conformément aux écritures, il est apparu à Pierre, puis aux douze ; ensuite il est apparu à plus de 500 frères à la fois. » Ce Jésus de Nazareth, crucifié et ressuscité est le Messie, l’envoyé de Dieu annoncé par les écritures.

Parlons-en des écritures ! Celles du Nouveau testament sont basées sur les évangiles, mais Paul insiste sur le fait qu’il n’y a pas 4 évangiles, mais le seul Évangile du Christ, cette Bonne Nouvelle de sa mort-résurrection, signe de Salut pour tous les hommes. Paul le dit souvent, cette mort-résurrection du Christ a mis à mal ce qui fait le plus peur aux hommes, la mort. Mais cette mort-résurrection ouvre sur une nouvelle espérance, cette mort qui semble la fin de tout n’est en fait qu’un commencement. Et Paul veut transmettre cette joyeuse espérance : « ce que j’ai reçu, je vous le proclame. »

Et pour aller de l’annonce jusqu’à la foi, il y a un long chemin que les deux autres textes de la liturgie vont nous permettre d’éclairer :

► Le chapitre 6 du livre du prophète Isaïe nous parle de l’envoi en mission du prophète : une vision dans le temple, comme on peut en avoir la description dans le livre de Daniel ou dans l’Apocalypse : le Seigneur siège sur un trône, entouré de ses séraphins, ces êtres incandescents qui manifestent la sainteté de Dieu en chantant : « Saint ! Saint : Saint, le Seigneur de l’univers ! Toute la terre est remplie de sa gloire. », comme nous le chantons à l’ouverture de la prière eucharistique. Ces anges, chantent la transcendance divine qui sépare l’humanité de son Dieu.

Pourtant ce texte va plus loin. L’amour et la miséricorde de Dieu doivent être signifiés à chaque homme et il doit savoir quel chemin il doit suivre. Pour ce faire, il a besoin d’hommes et de femmes : « Qui enverrai-je ? Qui sera mon messager ? ». Telle est la question qu’il pose dans le temple. La réponse d’Isaïe ne se fait pas attendre : « Me voici : envoie-moi ! ».

Ce décalage entre Dieu et l’homme est toujours valable aujourd’hui comme l’est aussi le « qui enverrai-je » que l’Église continue de crier, même si c’est souvent dans le désert, car le monde d’aujourd’hui fait que l’on préfère que l’envoyé soit un autre, car être apôtre ce n’est jamais facile et demande un engagement quotidien, souvent en décalage avec l’air du temps. Dire que tout homme, « est aimé de Dieu », va à contre courant, dans un monde où chaque homme pense que lui seul a le droit d’être aimé ainsi et que l’autre, différent, celui qui nous est étrange, gène et doit s’en retourner d’où il vient.

► Dans l’évangile, Jésus demande à Pierre d’oser aller plus loin dans le service. Il lui demande de se « mouiller », si vous me permettez l’expression, en jetant à nouveau ses filets, alors qu’il n’a rien pris de la nuit. Cette pêche miraculeuse, n’est pas un miracle, c’est un signe que Jésus fait à Pierre : si tu te « mouilles », tu seras pécheur d’hommes : « Sois sans crainte, désormais, ce sont des hommes que tu prendras. » Cette crainte qui bloque tout et qui est pire que le doute, elle est comme le vertige qui nous empêche de monter pour voir mieux.

Cette crainte, d’Isaïe, par exemple, ce n’est pas tant la peur de la présence de Dieu que le risque de son absence. Quand Jésus pose le signe de la pêche miraculeuse, Pierre y voit la manifestation de la sainteté de Dieu à laquelle il n’est pas préparée et qui lui fait peur : est-il digne de contempler une telle chose ?

C’est le risque de la mission : en suis-je capable ? Il y a toujours une distance qui nous sépare d’avec Dieu puisque nous ne sommes que ses créatures. Mais Dieu a un projet pour nous comme il l’a pour chaque prophète, pour chaque envoyé. Et pour que nous puissions aller jusqu’au bout de ce projet que Dieu a pour nous, il nous donne la force de son Esprit-Saint, force qui nous aidera à aller jusqu’au bout de notre mission. Que cette certitude soit aussi notre force lorsque l’Église appelle, et que cela nourrisse notre prière.

Michel Naas

(1) du grec : kérygma, proclamation, message
Ce terme a été utilisé pour désigner le contenu essentiel de la foi en Jésus-Christ annoncée et transmise aux non croyants par les premiers chrétiens. Ce mot continue à être employé aujourd’hui pour évoquer la proclamation missionnaire de l’essentiel de la foi chrétienne. (CEF – Église catholique en France)

 

 

 

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