Méditation du père Bruno Doucet pour le 6ème dimanche du temps ordinaire - Année C — Doyenné 02 / Banlieue - Val de l'Ognon

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Méditation du père Bruno Doucet pour le 6ème dimanche du temps ordinaire - Année C

Méditation du 6ème dimanche du temps ordinaire – Année C
(Luc 6, 17-26)

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HEUREUX !

Mais où donc va la société, où donc va l’Église ? Je vous avoue que je me sens parfois un peu… Allons, lâchons le mot : perdu.

Alors, comme j’ai la chance d’avoir encore un peu de ressources en moi, vous savez, un peu de joie quand même, quelques éclats de rire de temps en temps et puis quelques moments de prière, moi qui ne suis pas un grand lecteur, je me suis mis à lire… de petits livres : pas plus de 150 pages. Deux d’un prêtre de Lille : Raphaël Buyse « Autrement Dieu » et « Autrement l’Évangile » et puis un que l’on m’a prêté, écrit par un cardinal : Joseph De Kesel, archevêque de Malines-Bruxelles « Foi et Religion dans une société moderne ».

Les deux premiers, décapants, qui essaient de libérer Dieu et l’Évangile de tout ce que les hommes d’Église dont je suis, ont accumulés au long des siècles au point de compliquer leur approche et leur compréhension. Je me suis bien retrouvé dans ce qui y est dit. Le troisième qui est une analyse très revigorante et pleine d’espérance de l’annonce de la Foi dans une société qui a profondément changé.

Et puis, ce dimanche, cet Évangile :

Heureux, vous les pauvres… Malheureux, vous les riches… Heureux vous qui avez faim… Malheureux, vous les repus… Heureux vous qui pleurez… Malheureux vous qui riez…

En entendant ces paroles, ce dimanche, nous sommes en droit de nous interroger : Jésus se moquerait-il de nous ? Ferait-il l’éloge de la pauvreté ? Comment, en effet, pourrait-on être heureux quand on vit dans la pauvreté, qu’on a faim, qu’on est dans la tristesse ou dans le deuil ? Tout cela est à l’opposé de ma foi en un Dieu qui est tout amour et toute bienveillance !

Eh bien oui ! Jésus fait l’éloge de la pauvreté. Mais pas n’importe laquelle ! Pour Jésus, devenir pauvre, trouver le chemin de la pauvreté, n’est-ce pas se déposséder, se désencombrer, s’alléger, se rendre disponible, avoir besoin de l’autre ! N’est-ce pas prendre de la distance avec ce l’on possède ou ce que l’on sait ou croit savoir ! N’est-ce pas se détourner de l’esprit de domination et se faire serviteur ! N’est-ce pas se sentir fragile et petit devant la grandeur de l’amour que Dieu nous manifeste !

Allez, je vais vous confier ce qui rend ma vie de prêtre heureuse. C’est tout simplement d’aller à la rencontre dans nos villages de personnes, des témoins, qui diffusent l’amour de Dieu, qui rayonnent de cet amour, humblement, quotidiennement. Des femmes et des hommes, des jeunes, des enfants, ni avares de leur temps, ni avares de leur tendresse auprès des plus fragiles d’entre nous. Dans un monde où beaucoup désirent figurer sur le devant de la scène, ces personnes pratiquent une charité discrète, par leur bienveillance, leur attention aux autres, leurs petits gestes d’amitié, sans tambour ni trompettes. Ce ne sont ni de grands théologiens, ni des professeurs imbus de leur savoir. Ce sont des témoins admirables, conscients de leur pauvreté mais riches de l’amour que Dieu met dans leurs cœurs.

Je vous souhaite à chacune et chacun, d’être des chrétiens heureux, heureux d’être aimés de Dieu, heureux d’aimer. Heureux de vivre sur cette terre, remplis de foi et d’espérance, heureux de rejoindre le Christ, chaque jour dans la rencontre des hommes et des femmes de ce temps, et un jour, dans l’au-delà de cette vie… Comme je le suis !

Bruno, votre frère prêtre

(Les deux livres de Raphaël Buyse sont publiés aux éditions Bayard, le troisième aux éditions Salvator).

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