Homélie du père Maurice Bez pour le 7ème dimanche du temps ordinaire - Année C — Doyenné 02 / Banlieue - Val de l'Ognon

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Homélie du père Maurice Bez pour le 7ème dimanche du temps ordinaire - Année C

Dimanche 20 février 2022 – 7ème dimanche ordinaire - Année C

(1 Samuel 26, 2.7-9.12… Psaume 102 ; 1 Corinthiens 15, 45-49 ; Luc 6, 27-38)

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« Aimez vos ennemis, faites du bien à ceux qui vous haïssent… » Je remarque que Jésus ne dit pas : « Si vous avez des ennemis… » Il sait qu’on a tous des gens qu’on n’aime pas trop ou qui ne nous apprécient pas beaucoup. On entend souvent dire : « Moi, je ne me connais pas d’ennemi ». Est-ce si sûr ?

Jésus a pris soin de préciser le mot « ennemi », en nous donnant 7 exemples très concrets. Nos ennemis ? Ceux qui vous haïssent ; ceux qui vous maudissent… Celui qui te frappe sur la joue… Celui qui te prend ton manteau… Celui qui te demande quelque chose... Celui qui te vole... On comprend qu’il n’est pas facile de dire : « Je n’ai pas d’ennemis ». Et Jésus, pour se faire bien comprendre, continue en disant : « Si vous aimez seulement ceux qui vous aiment… », c’est trop facile. Jésus ajoute : « Même les pécheurs en font autant ». « Les pécheurs prêtent aux pécheurs, pour qu’on leur rende l’équivalent ». Jésus attend de nous que l’on aime tout homme, une solidarité universelle jusqu’à « aimer ses ennemis ». Pour Jésus, c’est cela qui distingue le chrétien du païen : être capable d’aimer nos ennemis ! Nous, chrétiens nous ne sommes pas meilleurs que les autres… et pourtant Jésus nous demande d’être différents : c’est-à-dire  « aimer ceux qui ne nous aiment pas ». Quelle raison Jésus donne-t-il ? Il s’agit donc rien de moins que d’imiter Dieu. « Soyez miséricordieux comme votre Père ! » Pour Jésus, aimer ce n’est pas effeuiller des marguerites en répétant : « Je t’aime, un peu, beaucoup, passionnément, à la folie ». Dieu ne juge ni ne condamne, il pardonne aux pécheurs et nous demande de l’imiter. L’amour des ennemis dépend de notre foi en la puissance du pardon, d’un pardon que nous avons à mettre en œuvre.

La 1ère lecture de ce jour éclaire l’Évangile. Nous voyons en effet David exercer la justice envers Saül qui cherchait pourtant à le faire mourir. Dieu a le pouvoir de transformer le cœur des hommes.

Ce qui manque à beaucoup de nos contemporains, c’est de la bienveillance : toute personne qui ne me ressemble pas au fond, m’agresse, m’atteint. Ce en quoi l’autre est différent de moi me met en cause, tend à me supprimer. Ce caractère si différent de moi m’énerve.

« Je ne l’aime pas ! » Combien de fois nous l’entendons ou encore le disons-nous, nous-mêmes. Que d’images stéréotypées sur tel peuple, telle religion, telle culture ou encore tel quartier ? Mais attention, si l’on emprisonne l’autre dans l’image qu’on se fait de lui, on risque aussi de s’emprisonner soi-même dans ces idées reçues.

Si l’ennemi est quelqu’un considéré comme agressif ou de menaçant : en quoi celui que je n’aime pas : l’autre, à travers sa religion, ou encore d’une autre race… m’est-il agressif ?

Jésus nous invite dans l’Évangile de ce dimanche à poser des gestes qui visent à stopper la spirale de la violence qui bafoue la dignité humaine et pour construire une société où règne une paix durable.

«Vous avez entendu qu’il a été dit : « Œil pour œil, dent pour dent. Eh bien moi, je vous dis… de ne pas riposter au méchant. » « Aimez vos ennemis et priez pour ceux qui vous persécutent, afin d’être vraiment les fils de votre Père qui est dans les cieux ».

« C’est drôle comment mes idées changent quand je les prie », disait Paul Claudel.

La prière pour celui que je n’aime pas ou qui ne m’aime pas change le regard que nous portons sur lui. Quand on a prié pour quelqu’un, il est difficile de le haïr. La seconde piste, c’est de modeler son agir sur celui du Père, c’est-à-dire s’interdire toutes pensées de haine, de rancune et tout désir de vengeance.

C’est l’attitude de Christian de Chergé qui a su reconnaître par avance, un frère, dans celui qui allait le tuer. « Et toi aussi, l’ami de la dernière minute, qui n’aura pas su ce que tu faisais. Oui, pour toi aussi je le veux ce ‘MERCI’ et cet ‘A-DIEU’ envisagé de toi. Et qu’il nous soit donné de nous retrouver, larrons heureux au paradis, s’il plaît à Dieu, notre Père à tous deux » (Testament spirituel). « Soyez parfaits comme votre Père céleste est parfait ». Voilà la perfection que le Christ attend de nous, car c’est une perfection d’humanité.

Le pasteur Martin Luther King a payé de sa vie cette « force d’aimer » qui vient de la grâce divine et qui est surhumaine. Face au racisme impitoyable que subissait la communauté noire de son pays, il osait proclamer l’Évangile dans toute sa pureté : « Faites-nous ce que vous voulez, nous continuerons à vous aimer. Jetez-nous en prison, mais nous vous aimerons encore. Envoyez à minuit vos cagoulards perpétrer la violence dans nos communautés et nous laisser à demi-morts, nous vous aimerons encore. » Cette attitude qui dépasse la nature humaine est celle même de Dieu. Dieu aime ceux qui ne l’aiment pas ! « Le Père fait lever son soleil sur les méchants… Il envoie sa pluie bienfaisante sur les injustes… ».

Bénir : bien sûr, ça veut dire : « dire du bien ! » Bon dimanche !

Maurice BEZ


 


 

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