Méditation du père Bruno Doucet pour le 7ème dimanche du temps ordinaire - Année C
Méditation 7ème dimanche du temps ordinaire – Année C
(Luc 6, 27-38)
« L’Amour des ennemis… »
Ils n’ont jamais fait parler d’eux, vécus une vie toute simple faite de droiture, d’amour, une vie avec ses joies et ses peines. Une vie de croyants. Elle, c’est la sœur de Jacques Hamel, Roseline Hamel, ce prêtre assassiné dans son église de Saint Étienne du Rouvray pendant la messe qu’il célébrait un jour de semaine. Lui, c’est Guy Coponet. il était là, à la messe, avec son épouse. Un des assassins l’a obligé à filmer avec un portable le meurtre de Jacques Hamel et l’a ensuite blessé grièvement.
Cette semaine, ils ont été mis en lumière au moment du procès. Ils ont témoigné l’un et l’autre. En les écoutant parler de justice, de pardon, de refus de la haine, je pensais à ce passage du psaume 84 : « Amour et vérité se rencontrent, Justice et Paix s’embrassent ».
Et voilà qu’à la fin de cette semaine pendant laquelle cette femme et cet homme ont fait la une des médias, l’Église nous propose d’entendre ce dimanche ce passage de l’Évangile de Luc où Jésus ne nous demande rien moins que d’aimer nos ennemis, de faire du bien à ceux qui nous haïssent, de prier pour ceux qui nous calomnient !
Ce que préconise là Jésus dépasse les simples forces humaines. C’est vraiment « une folie pour le monde ». Il est déjà si difficile d’aimer vraiment ceux qui nous aiment.
Merci Jésus, pour le témoignage cette semaine de Roseline Hamel et Guy Coponet. Ils nous ont montré combien aimer ses ennemis n’est pas qu’une simple morale humaine. Il s’agit bien là d’imiter Dieu. « Soyez miséricordieux comme votre Père est miséricordieux… Aimez vos ennemis… et vous serez les fils du Très-Haut, car il est bon, lui, pour les ingrats et les méchants. » Comprenons bien que nous devons être miséricordieux envers notre prochain, non pas s’il est miséricordieux envers nous, mais parce que Dieu est miséricordieux avec nous. C’est un don à accueillir, une grâce à recevoir ! Seul Dieu peut nous donner d’agir comme lui.
Cela ne veut pas dire que Dieu accepte le mal. Il n’y a rien de commun entre Dieu et l’injustice, la torture, la méchanceté ou la lâcheté. Et ceux qui se plaisent à de telles choses n’auront pas de part avec Lui. Mais ce n’est pas Dieu qui juge et condamne. Les pécheurs se condamnent eux-mêmes en refusant d’accueillir le pardon, la miséricorde, l’amour de Dieu.
Et je crois en un Dieu qui pleure sur ceux qui refusent de l’aimer. L’enfer, c’est l’envers de Dieu. Ce n’est pas Dieu qui le fait. Lui n’est que miséricorde.
Après les témoignages de Roseline Hamel et de Guy Coponet, un des accusés, Farid Khelil a demandé à prendre la parole pour dire qu’il était bouleversé. Il a alors demandé pardon pour sa « négligence criminelle », pour ne pas avoir fait tout ce qu’il aurait pu pour empêcher son cousin, de commettre l’attentat.
Ce qui a fait dire à Guy Coponet en quittant la salle d’audience: « Nous n’avons pas perdu notre temps ce matin. »
Oui, le psaume cité plus haut est toujours aussi pertinent. Cette semaine, Amour et Vérité se sont rencontrés, Justice et Paix se sont embrassés !
Bruno, votre frère prêtre