Homélie du père Michel Naas — Doyenné 02 / Banlieue - Val de l'Ognon

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Homélie du père Michel Naas

Homélie du Christ Roi - Année C

(2 S 5, 1-3 ; Ps 121 (122), 1-2, 3-4, 5-6 ; Col 1, 12-20 ; Lc 23, 35-43)

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Depuis le Concile, la fête du Christ Roi de l’Univers clôt l’année liturgique. Dans notre société le titre de roi a disparu à bien des endroits, mais nous avons su le remplacer par d’autres tout aussi pompeux : président, directeur et bien d’autres appellations qui marquent les hiérarchies et les pouvoirs du monde. Dans l’Église c’est pareil : quand on dit que Monseigneur l’archevêque vient en visite pastorale, où ça fait peur ou ça fait fuir. Jusque dans la distribution de l’Eucharistie, où certains changent de côté pour aller vers celui, croient-ils, qui est le plus sacré.

Ça c’est le commun des choses, la vie bien hiérarchisée sur notre terre. La fête du Christ Roi de l’Univers est toute autre : elle nous remet dans notre citoyenneté. Je m’explique : Saint Paul dit que depuis notre baptême nous sommes citoyen du Ciel, nous avons été marqués de la croix sur le front et comme le rappel l’habit blanc, nous avons été incorporés au Christ. Marqué d’une croix, cela n’a rien à voir avec des insignes du pouvoir et des reconnaissances mondaines, c’est le signe de l’infamie qui a frappé Jésus de Nazareth. Pourtant ce sont les signes d’une nouvelle route à suivre qui est celle de l’humilité et du respect du pauvre. Et quand je vois comment se comporte certains de nos compatriotes, à Toulon par exemple, je sens très bien qu’il y a derrière un besoin de hiérarchie : il y a les bons et les mauvais, ceux qui ont droit et ceux qui n’ont pas droit. Ce n’est pas ce que propose l’Église, et même si la question des abus est un bon prétexte pour la quitter, ce choix d’honorer « tous les hommes et tout l’homme » comme le disait Jean-Paul II, en est sans doute plus la vraie raison.

La coupe du monde de football vient de commencer. Et avec elle sont honorées toutes les nouvelles idoles de notre terre, ces rois d’aujourd’hui qui sont sur tous les tabloïds et qui gagnent des sommes folles. Ils sont ceux que beaucoup voudraient être, et se parent de leurs maillots. Ils font partie de ceux qui comme les autocrates - car on ose plus employer le terme de dictateur – veulent tout dominer, et on cherche à les imiter. Pour un chrétien, c’est le Christ qui devrait être imitable, car comme le Roi-Messie d’Israël, sa fonction est au service du peuple comme le rappelle le livre de Samuel, et non le contraire, un peuple qui sert son roi.

D’ailleurs l‘évangile nous le démontre bien : que ce soit les chefs : « s’il est le Messie qu’il se sauve lui-même », les soldats : « s’il est le roi des juifs qu’il se sauve lui-même », ou le mauvais larron : «  si tu es le Christ (le Seigneur) sauve toi toi-même et nous avec ». Tout cela pour montrer que s’il était vraiment roi, envoyé de Dieu ou Dieu lui-même, il pourrait changer cette situation dramatique. Vous me direz, c’est souvent ce que l’on reproche à Dieu, de ne pas intervenir pour anéantir les souffrances du monde : « si Dieu existait… »

Le Christ sur la croix promet à celui que l’on appelle désormais le bon larron une place dans son Paradis, signe d’une autre Royauté, où chacun à sa place.

Michel Naas