Homélie du père Maurice Bez — Doyenné 02 / Banlieue - Val de l'Ognon

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Homélie du père Maurice Bez

Dimanche 12 mars 2023 - 3ème dimanche de Carême (Année A)

(Exode 17, 3-7 ; Ps. 94 ; Romains 5, 1-2 ; 5-8 ; St Jean 4, 5-42)

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QUAND JÉSUS ÉVANGÉLISE…

La Samaritaine : on est toujours étonné de cette rencontre avec Jésus. Il y a certes plusieurs niveaux d’interprétation de ce passage d’évangile. Mais je pense qu’il y a là, pour nous aujourd’hui, une façon d’évangéliser et de vivre la rencontre de l’autre.

. Voilà qu’en plein midi (la sixième heure) une femme de Samarie, dont on ignore le nom, vient avec sa cruche pour puiser de l’eau. Dans les pays chauds, en effet, aucune femme ne va chercher de l’eau au milieu du jour, mais au lever ou au coucher du soleil. Peut-être veut-elle éviter ses amies et par là quelques quolibets concernant sa vie.

Jésus est assis sur la margelle du puits. 4 mots ouvrent le dialogue : « Donne-moi à boire ! », 4 mots par lesquels Jésus met l’autre en situation de donner. C’est extraordinaire un tel début de rencontre : c’est Jésus qui est demandeur. Et la femme d’ailleurs n’en revient pas. « Comment, toi qui es juif tu me demandes à boire à moi, une femme samaritaine ? » Les juifs et les samaritains étaient des ennemis les uns pour les autres. De plus, un homme ne parle pas à une femme.

Depuis longtemps, les Samaritains étaient considérés comme des hérétiques, des ennemis du peuple juif. Ils avaient construit un temple sur le mont Garizim, ne reconnaissant pas le Dieu des Juifs. De plus, quand on traversait leurs villages, on recevait des cailloux.

Puis, Jésus continue le dialogue en n’hésitant pas à se servir du prétexte « eau ». Elle ne comprend pas bien. Et on assiste à une rupture dans le texte « Va, appelle ton mari et reviens ici ». Jésus veut rejoindre la femme au cœur de sa vraie souffrance : l’impossibilité d’un amour durable. « Je n’ai pas de mari ».

C’est par elle que Jésus va livrer au monde ce qui fait le cœur de son message : le don de Dieu, cette « eau vive » qui apaise toutes les soifs humaines. Cette eau, c’est lui, le Christ, don de Dieu à tous les hommes.

À la recherche continuelle de l’amour absolu, et toujours insatisfaite de ses partenaires, elle multiplie les expériences amoureuses.

Et c’est là qu’elle se questionne sur l’identité de celui qui l’interpelle : « N’es-tu pas le Messie ? » La Samaritaine n’est capable de recevoir la révélation qu’après avoir été véritablement rejointe au cœur de son propre questionnement. Le dialogue se poursuit alors, abordant les questions d’ordre religieux, Jésus répondant aux questions de la femme.

Il lui révèle que l’heure vient où  « on adorera le Père en esprit et en vérité ». Autrement dit, plus dans un Temple, mais partout, et chacun des hommes : Jésus annonce un nouveau Temple.

Oui, ce mot clé –adorer-, dans ce passage, on le trouve 9 fois. « Le Père cherche des adorateurs… des vrais adorateurs en esprit et en vérité ».

Elle va devenir témoin pour les habitants de sa ville : « Venez voir un homme qui m’a dit tout ce que j’ai fait. Ne serait-il pas le Christ ? »

Évangéliser : c’est d’abord savoir mettre l’autre en situation de donner.

Jésus ne « casse » pas la samaritaine, à cause de sa vie amoureuse. Évangéliser, c’est d’abord savoir écouter.

Évangéliser, c’est rejoindre les autres au cœur de leur vie, comme le fait Jésus, en rejoignant cette femme dans sa difficulté à inscrire un amour dans la durée. Il la rejoint en profondeur.

À l’issue de son dialogue avec Jésus, la Samaritaine devient apôtre chez les siens, reprenant le langage du témoin : « Venez voir !». Et les Samaritains sortent en grand nombre de la ville pour aller voir le Messie.

Vous avez vu la progression, digne d’une catéchèse : elle dit d’abord « un homme », ensuite « un prophète », puis « le Messie », enfin les gens du village pourront dire « Il est le Sauveur du monde ».

Maurice Bez

Rencontrer l’autre (1)
(À partir du récit de la Samaritaine)

• Quand tu rencontres quelqu’un
Ne commence pas par l’attirer sur TON terrain
Tu dois d’abord jouer en déplacement ;
Tu dois rencontrer l’autre sur SON terrain.

• Cherche ce qui le fait vivre, ce dont il aime parler,
Ce qui le préoccupe, ce qui l’émerveille
Et pars de cela pour nouer un contact.
La réciprocité viendra après
Il te rejoindra sur TON terrain…

• Quand tu rencontres quelqu’un,
Ne t’arrête pas à une première impression
Car tu sais bien que le premier visage
Que nous présentons aux autres
N’est pas toujours notre vrai visage.

• Quelqu’un disait « que ton premier contact avec l’autre
Ne soit qu’une légère touche sur la toile où,
Peu à peu tu ébauches son portrait ».
Il nous faut plus d’un jour pour connaître quelqu’un.
C’est à travers un long chemin parcouru ensemble
Que l’on se découvre davantage l’un à l’autre sous son vrai visage.
Sache toutefois que tu n’auras jamais fini de découvrir l’autre.

• Le monde d’aujourd’hui parle beaucoup de partage.
As-tu réfléchi à ce que ce mot signifie ?
Tu me diras : « partager, c’est donner ».
C’est vrai, il s’agit de donner, de donner le meilleur de toi-même.
Mais le partage, c’est aussi recevoir :
Croire que l’autre a quelque chose à m’apporter.
Ce n’est pas nécessairement quelque chose de matériel.
Ce sera quelque chose qui me manque : un sourire, l’écoute,
La gratuité, l’émerveillement, la solidarité, le respect de l’autre.

(1) Extrait du livre que je viens d’écrire : « Au fil des jours »
Disponible et gratuit que vous pouvez me demander (M. Bez - 06 76 14 06 58)