Homélie du père Michel Naas — Doyenné 02 / Banlieue - Val de l'Ognon

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Homélie du père Michel Naas

Homélie du 12ème dimanche ordinaire - Année A

(Jr 20, 10-13 ; Ps 68 ; Rm 5, 12-15 ; Mt 10, 26-33)

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Encore une fois la prise de parole de Jésus commence par « ne craignez pas ». Et si l’on regarde les écritures, cette peur est endocrinienne à l’homme depuis la peur d’Adam au jardin quand il sait qu’il est nu, en passant par celle de la rencontre de l’Ange avec Jacob ou celle de la rencontre de Dieu au buisson ardent par Moïse. Il y a aussi celle de Marie devant l’ange Gabriel, de Pierre, Jacques et Jean à la transfiguration, ou celle de Pierre durant la Passion, qui va renier Jésus pour ne pas risquer sa vie. Mais pourquoi cette peur ? Est-ce la peur du changement ou de l’irruption d’un monde différent, d’une foi différente. La peur de l’incertitude ou du manque de confiance en soi ? Cela est significatif lors des récits de vocation des prophètes qui posent toujours la question du comment et du pourquoi : je ne suis qu’un bouvier qui ne sait pas parler dit Amos, ou comment vais-je me présenter devant eux dit Moïse, et je vais leur dire quoi ? Quel est ton nom ?

Au matin de Pâques, cette peur est toujours présente, tellement présente que les apôtres et les femmes s’enferment à double tour dans le Cénacle. C’est la force de l’Esprit qui va les ouvrir à la confiance et à l’espérance, à la possibilité d’un avenir nouveau, celui qu’offre le ressuscité, celui qui met à bas définitivement les ténèbres. Il leur donne l’audace de la prise de parole et du témoignage qui peut conduire jusqu’au martyr. On le voit avec Jérémie, dont la prise de parole dérange et qui va finir dans une citerne. La Bonne Nouvelle du salut ne peut pas être consensuelle. Le Christ dit « que votre oui soit oui que votre non soit non, je vomis les tièdes », c’est-à-dire ceux qui ne prennent pas de risques. Annoncer la bonne nouvelle nous appelle à un changement personnel, à un changement sociétal, mais aussi à un changement sur l’idée que l’on a de notre propre Église. Tant qu’on en restera au « on a toujours fait comme cela » ou au « c’était mieux avant quand il y avait plus de sacré », notre témoignage sera stérile. Sans Croix, pas de Résurrection.

C’est ce que l’on appelle la vocation prophétique que nous confère notre baptême. Et quand on regarde la vie des prophètes, on voit bien qu’ils sont toujours mal reçus parce qu’ils viennent transformer les habitudes ancestrales qui nous enlisent. L’annonce de l’Évangile ne protège pas des difficultés de l’existence, car il expose celui qui l’annonce, à la méchanceté de ceux à qui il parle et il le fragilise. Mais comme dit Paul, « c’est quand je suis faible que je suis vraiment fort ». Et c’est cette peur dont je parlais au début qui va entraver notre témoignage de foi, peur de mal faire, mais aussi peur du retour de bâton, tant par les incroyants que par ceux qui ne croient pas comme nous et pensent que c’est comme eux croient qu’il faut croire et pratiquer.

Aussi essayons de mettre de côté cette peur, car nous ne devons pas oublier que depuis notre baptême, l’Esprit saint nous accompagne.

Michel Naas