Homélie du père Michel Naas — Doyenné 02 / Banlieue - Val de l'Ognon

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Homélie du père Michel Naas

Homélie du 15ème dimanche ordinaire - Année A 2

(Is 55, 10-11 ; Ps 64 (65) ; Rm 8, 18-23 ; Mt 13, 1-23)

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« Ouvre la bouche et mange ce que je vais te donner… Mange ce volume et va parler à la maison d’Israël… Je le mangeai et il fut dans ma bouche doux comme le miel ». Voilà la Parole de Yahvé à Ézéchiel chapitre 3 versets 1 et 2. Et aujourd’hui le prophète Isaïe nous dit une chose qui continue par la Parole dite à Ézéchiel : « ma parole, qui sort de ma bouche ne me reviendra pas sans résultat » . Dans une société qui parle à tord et à travers et ou personne n’écoute l’autre, il me paraît important de méditer sur ces phrases-là. Le Christ lui-même tire des conclusions identiques : « ils regardent sans regarder et ils écoutent sans écouter ni comprendre. » C’est pour cette raison qu’il leur parle en parabole, il leur faut des images ou des contes pour qu’ils comprennent, et encore. Et nous aussi nous en sommes-là ! Nous avons tendance à écouter la dernière personne qui parle, surtout celle qui va dans le sens de notre pensée, et vouer aux gémonies toutes les autres.

Ensuite, il y a ce passage de la lettre aux Romains qui nous parle de la création « qui passe par les douleurs d’un enfantement qui dure encore. »

Ces deux textes peuvent nourrir notre méditation d’aujourd’hui, car ils se rejoignent : de la Parole naît la création (il dit et cela se fait), une création qui perdure à travers les temps et l’histoire, c’est-à-dire que cette création se poursuit aujourd’hui, et que nous en sommes les acteurs. Dieu ne s’absente pas de ce monde, il n’est pas le grand horloger de Voltaire, puisqu’il a nos mains, pour continuer son œuvre. Et quand Paul parle de la « création qui gémit », cela nous ramène à notre planète fragilisée par l’activité humaine, ce que dit le Pape François dans son encyclique « laudato si ».

Il est de notre devoir de transformer ce que la terre nous donne, d’en faire autre chose, d’en faire un Bien pour nos frères humains, d’en faire quelque chose qui se rapproche du geste créateur de Dieu. Dans ce défit à relever, rien n’est possible : sans eau pour faire pousser la semence, pas de blé comme le dit Isaïe, de même rien n’est possible sans la parole créatrice de Dieu. Nous les hommes, créatures de Dieu, nous sommes au service de ce don que Dieu fait à tous les hommes.

Une fois parlé de création, parlons de la Parole. Nous ne pouvons pas nous mettre en travers de la Parole de Dieu pour nous en servir à notre profit. Parole et Eucharistie sont extrêmement liées. Isaïe compare la parole de Dieu qui se donne à nous à la pluie bienfaisante qui féconde la terre, et au grain qui fait le pain que nous nous partageons au quotidien. Et c’est là-dessus que sont basées nos célébrations dominicales : sur le partage d’une Parole qui vient féconder et nourrir notre vie.

Nous voulons des Eucharisties, mais il n’y en aura pas sans partage de la Parole, cette pluie féconde qui vient abreuver les terres desséchées que nous sommes, car c’est la Parole qui donne un vrai sens au partage du pain.

Michel Naas