Homélie du père Maurice Bez — Doyenné 02 / Banlieue - Val de l'Ognon

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Homélie du père Maurice Bez

Dimanche 23 juillet 2023 - 16ème dimanche du temps ordinaire (Année A)

(Sagesse 12, 13… ; Psaume 85 ; Romains 8, 26-27 ; Matthieu 13, 24-30)

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On dit qu’il suffit d’un fruit gâté dans un panier pour pourrir tous les autres. Alors on se dépêche d’enlever ce fruit du panier. Des parents le disent souvent : « Ne fréquente pas tel ou tel… » Ils craignent de voir leurs enfants subir l’influence mauvaise de certains de leurs copains ou copines...

On aurait tendance à dire que les bons restent avec les bons. C’est ainsi qu’est notre société, il y a les bons et les mauvais. On classe les gens, les quartiers…

Et voilà que Jésus propose une parabole où bien et mal, bons et méchants sont présentés comme devant vivre ensemble.

À la question que posent les serviteurs : « Veux-tu que nous allions enlever l’ivraie ? », la réponse est « non ». Car on risquerait d’arracher du bon blé en même temps que l’ivraie.

Cette réponse est éclairante, car elle permet de nuancer nos propos sur le bien et le mal, sur les bons et les méchants.

Ce regard que Jésus porte sur l’ivraie et le bon grain est révélateur de l’attitude de Dieu envers nous. Dieu prend patience. Il sait laisser les choses suivre leur propre cours. Il consent à un monde imparfait. Le mal ne vient pas de Dieu, qui n’a semé que du bon grain dans le champ du monde. Mais le mal ne vient pas non plus du cœur de l’homme. Le mal existe depuis toujours… Pour Jésus, c’est clair, l’homme est victime de ce qu’il appelle « l’Ennemi », le « Mauvais », le « Démon ». Au delà de nos faiblesses, à la racine de nos péchés, il y a une puissance dont nous ne sommes pas responsables… et qui agit en nous sournoisement « pendant que les gens dorment », dit Jésus. Le blé est semé en plein jour, et l’ivraie la nuit. C’est vrai aussi pour nous ; le mal s’infiltre sournoisement dans notre vie, et même souvent... C’est Jésus qui le dit. En fait, nous sommes une victime du mal… selon Jésus. St Paul, lui, le confirme : « Je ne fais pas le bien que je voudrais faire et je fais le mal que je ne voudrais pas faire » (Romains 7, 19).

En fait Jésus n’est pas venu instituer une société de purs, de gens parfaits. Il est venu sauver des gens qui en avaient besoin, et c’est de nous qu’il s’agit.

Nous sommes tous comme des champs où poussent l’ivraie et le bon grain… Mais c’est avec cela que grandit le Royaume de Dieu. Comme dit le proverbe : Dieu écrit droit avec des lignes courbes.

Jésus ajoute l’image de la graine de moutarde, la plus petite de toutes les semences. Elle grandit à tel point que les oiseaux peuvent y faire leur nid. Oui, il faut la patience et la persévérance du cultivateur qui respecte le rythme de la nature. C’est à la fin de l’histoire que le Royaume aura sa taille définitive. Pourtant, dès maintenant, il est déjà là et il peut accueillir ceux qui acceptent de s’y abriter, d’y trouver la confiance, le courage et la persévérance.

La 3ème parabole va dans le même sens : le Royaume de Dieu, c’est un levain ; avec très peu, toute la pâte va lever. Décidément Jésus ne cesse pas d’encourager le petit et de lui donner la 1ère place. Jésus reste fidèle à l’esprit des Béatitudes. Les petits seront toujours en tête du peloton.

Le Livre de la Sagesse nous montre un Dieu différent de l’homme qui souvent est prompt à étaler sa puissance et à réprimer. Dieu « juge avec indulgence, gouverne avec beaucoup de ménagement… est patient envers toute chose ». C’est ainsi que se manifeste le Tout-Puissant, « lent à la colère et plein d’amour » (Psaume 85 de ce jour). Cette patience de Dieu n’est pas faiblesse, elle est espérance. Le mal n’aura pas le dernier mot. « L’amour finira par rendre juste l’injuste ».

Et si nous doutons de nous-mêmes, relisons la 2ème lecture de St Paul aux Romains : « L’Esprit Saint vient au secours de notre faiblesse, car nous ne savons pas prier comme il faut… L’Esprit lui-même intercède pour nous... »

Maurice BEZ

Prochaine homélie : dimanche 13 août 2023