Homélie du père Michel Naas — Doyenné 02 / Banlieue - Val de l'Ognon

Aller au contenu. | Aller à la navigation

Outils personnels

Accéder au site diocésain

Doyenné Banlieue - Val de l'Ognon Doyenné Banlieue - Val de l'Ognon

Homélie du père Michel Naas

Homélie du 19ème dimanche ordinaire - Année A 2

(1 R 19, 9a.11-13a ; Ps 84 (85) ; Rm 9, 1-5 ; Mt 14, 22-33)

Télécharger l'homélie

Élie est poursuivi par les prophètes de Baal et se réfugie dans une grotte à la montagne, et c’est là que Yahvé va lui parler et lui redonner confiance. Pour les adeptes des Baal, ceux-ci se manifestaient dans des ouragans, des tremblements de terre, le feu, tout un tas de manifestations catastrophiques, que bien de nos contemporains continuent à attribuer au Dieu créateur. Mais pour Élie, Yahvé va se manifester dans « le bruissement d’une brise légère » : son Dieu se manifeste, là où Il ne l’attendait pas, dans la voix d’un silence fragile ; et pour nous c’est pareil, Dieu vient parmi nous sous des signes que nous n’attendons pas.

C’est ce que dit aussi Saint Paul dans sa lettre aux Romains, les juifs avaient tout : « l’adoption, la gloire, les alliances, la législation, le culte, les promesses de Dieu, les patriarches », et c’est pourtant autrement qu’ils attendaient la venue du Messie. ‘Les promesses et les alliances qui constituèrent le peuple d’Israël à travers son histoire, n’ont en rien été annulées par la mort et la résurrection de Jésus’, comme dirait Jean-Paul II. Les juifs sont passés à côté, car ils savaient ou tout du moins croyaient savoir qui ce Messie était et comment il devait se manifester. Pourtant l’histoire d’Élie aurait dû leur ouvrir d’autres horizons.

Et nous, où en sommes-nous de nos certitudes sur Jésus, sur Dieu ? Le texte de Matthieu de la marche sur les eaux, devrait nous ouvrir les yeux et nous amener à convertir notre imaginaire de Dieu. Que fait Jésus pour rentrer à la maison ? Il coupe au plus court et marche sur la mer, il décide d’emprunter un chemin peu orthodoxe. Cette scène se passe à l’aube, le moment de la reconnaissance. N’est-ce pas à l’aube qu’il est ressuscité ? N’est-ce pas à l’aube qu’il rencontre les femmes, Marie-Madeleine, Pierre et Jean? Encore une fois, c’est à ce moment de l’aube que Jésus manifeste sa puissance de résurrection.

Marcher sur l’eau, c’est être plus puissant que les éléments déchaînés de la nature ; c’est marcher sur le Mal et ouvrir un nouvel avenir. C’est ce que veut Pierre lorsqu’il demande s’il peut à son tour marcher sur les eaux. Jésus lui dit « viens », et Pierre se décide à emprunter un chemin, sans faire confiance à ses appuis habituels. Il peut le faire, mais la peur revient et le doute avec elle, et il s’enfonce dans les profondeurs du non-être.

Jésus lui tend la main et Pierre peut revenir à la réalité du salut. Ne crie-t-il pas « sauve-moi ! ». Alors advient le salut qui libère de ce qui fait peur, de ce qui nous empêche de vivre et d’avancer, dans l’aujourd’hui de l’homme et non pas dans un futur aléatoire. Les disciples sont alors capables de crier : « vraiment tu es le Fils de Dieu ». Pourtant ce n’est pas dans cette manifestation de puissance qu’éclate la divinité de Jésus, mais dans la main tendue qui sort Pierre du piège de la peur et qui lui redonne vie. À nous donc de savoir reconnaître notre fragilité, comme celle de l’Église, car n’oublions pas que c’est dans la fragilité de la brise que Yahvé s’est manifesté.

Michel Naas