Méditation de Bernadette Gruet (Célébration de la Parole - Église d'École-Valentin) — Doyenné 02 / Banlieue - Val de l'Ognon

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Méditation de Bernadette Gruet (Célébration de la Parole - Église d'École-Valentin)

Célébration de la Parole – 19ème dimanche du temps ordinaire
Église Saint Georges École-Valentin – 13 août 2023

Méditation de Bernadette Gruet, déléguée pastorale du Val des Salines
(1 R 19, 9a.11-13a ; Ps 84 (85) ; Rm 9, 1-5 ; Mt 14, 22-33)

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Les personnages bibliques que nous présentent les textes de ce dimanche ont en commun de se trouver face à des moments difficiles de leur vie, à des interrogations et des doutes. Membres d’un peuple de croyants, ils sont désarçonnés par les pensées et les chemins de Dieu, qui les surprennent ou semblent contrarier leurs projets. Ils traversent les nuits de la perte de confiance, du découragement.

Dans sa lutte contre les idoles et les idolâtres, Élie a accompli des actions extraordinaires, mais rencontré aussi des oppositions très fortes. Il fuit ceux qui en veulent à sa vie, et se retire au désert, demandant à Dieu de le laisser mourir et espérant une rencontre avec le Créateur.

On peut d'ailleurs noter le parallèle entre Élie et Moïse : la fuite, la rencontre au désert, la nourriture et l'eau, la montagne, l'alliance. Et comme c'est dans les éléments déchaînés, flammes, nuages, éclairs et tonnerre que Dieu apparaît à Moïse et aux hébreux, Élie pense que c'est ainsi que la rencontre aura lieu.

Mais non ! C’est dans le murmure d’une brise légère (littéralement, dans la voix d'un silence fragile) que Dieu se manifeste, précisément là où on ne l'attend pas. Mais pour entendre une brise légère, ou un silence fragile, encore faut-il faire l'effort de se mettre à l'écoute de ce qui n'est pas tonitruant, visible, évident, de se donner les moyens de la rencontre. Une rencontre pour Élie dans le silence de la nuit, réconfortante, dans l'intimité, dans un face à face et un cœur à cœur.

Quant à Paul, après avoir été un juif fervent, ardent à défendre ses convictions, il a compris que Jésus venait accomplir les Écritures et qu'il est le Messie attendu. La conséquence logique et évidente, pour lui, est donc la conversion que Jésus n'a cessé de prêcher. D'où son immense tristesse face au refus de ses frères de race de croire au Christ. Mais l'espérance et la confiance ne doivent jamais s'éteindre, et Paul garde espoir.

Jésus, lui, est souvent présenté comme le nouveau Moïse, le nouvel Élie. On l'a encore entendu la semaine dernière, avec le récit de la Transfiguration.

Cette fois, il vient de nourrir la foule de ceux qui le suivent dans le désert, les disciples s'attendent à le voir en tirer profit. Mais Jésus n'est ni manipulateur, ni propagandiste, ni populiste. Il oblige ses disciples à partir en barque vers l'autre rive, celle des païens, de l'imprévu, de l'inconnu. Et il se retire, seul sur la montagne, pour prier. Il semble exprimer le besoin de prendre du recul, dans la solitude d'une longue nuit, et dans la prière.

Les disciples, eux, s'éloignent en ruminant leur déception, ils rament à contre-cœur, à contre-vent, et, avec la fatigue, plus ils s'éloignent, plus ils manquent de confiance, plus ils perdent leurs repères. À tel point que quand Jésus les rejoint en marchant sur l'eau, ils ne voient en lui qu'un fantôme.

Pour le peuple de la Bible, les abîmes marins recelaient des forces maléfiques, et la mer représentait le séjour des forces de la mort (rappelons-nous le déluge qui noie la terre et ses habitants, et la mer rouge qui engloutit Pharaon et ses guerriers). La marche de Jésus sur les eaux, à la fin de la nuit, symbolise donc sa victoire sur la mort et sa résurrection.

Les mots qu'il prononce sont parmi les plus forts de la foi chrétienne : "Confiance, c'est moi, n'ayez pas peur !". Ces mots, chacun de nous peut les entendre dans les moments difficiles, devant les morts à affronter, devant les rives inconnues où accoster, devant les épreuves à traverser.

Et cette marche du Christ qui vient vers eux, donne envie à Pierre, lui, le compagnon de toujours, au sens propre, de se jeter à l'eau, de rejoindre Jésus. Pourtant, courageux, mais pas téméraire, il a besoin d'un coup de pouce, et il le demande à Jésus : "Ordonne-moi de venir vers toi !".

À l'invitation de Jésus : "Viens !", il se lance, mais il ne tient pas longtemps. La panique est la plus forte, à partir du moment où il se préoccupe plus du vent que du Seigneur qui l'attend. Pourquoi s'est-il inquiété ? Pourquoi a-t-il détourné son attention du visage et de la présence du Christ ? Pourquoi a-t-il douté ? Comment a-t-il pu accorder plus d'importance aux éléments extérieurs qu'à sa relation au Christ ?

Comme il est rassurant, cet homme, si solide pour annoncer le Christ, pour voir en Lui le Messie, le Fils du Dieu vivant, mais finalement pas plus fort que les autres pour croire lui-même. Comme il s'enflamme, quitte à paniquer quelques instants plus tard, au moindre obstacle. Et comme on l'aime, pour sa confiance un peu naïve, pour ses doutes et ses peurs. Il nous ressemble tellement !

Et heureusement, pour Pierre comme pour nous, Jésus est toujours là, tout près, la main tendue, pour réconforter, pour repêcher, pour relever, pour répondre à nos appels au secours : "Seigneur, sauve-moi !"

On a souvent comparé l'Église à un navire. Mais la mer sur laquelle elle navigue n'est pas une mer d'huile, sans remous. Elle traverse les siècles dans des tempêtes périodiques et récurrentes. Ses membres ont toujours dû ramer contre des vents contraires, l'Église n'a jamais été au calme, elle a souvent été confrontée à ses faiblesses et ses divisions, elle a sans cesse des défis à relever. Comme Pierre, qui, dans les Évangiles, représente l'autorité et l'Église, et qui, dans le texte, qui dépend de la main tendue du Christ, l'Église n'a d'avenir qu'à condition d'admettre sa fragilité et de compter sur l'aide de son Seigneur. La barque est immense, encore faut-il se donner les moyens de la maintenir à flot...

Et la foi en Dieu n'est pas un passe-partout, elle n'élimine pas les obstacles, mais permet de marcher avec les difficultés rencontrées sans perdre pied. Ce qui aurait pu engloutir Pierre, et qui continuera avec son reniement du Vendredi Saint finit par le porter, grâce au pardon du Christ. Il y a parfois des échecs qui se transforment en promesses.

Jésus a tendu la main à Pierre qui doutait et s'enfonçait. Il l'a fait monter dans la barque avec lui. Nous aussi, hommes et femmes "de peu de foi"(littéralement, l'expression pourrait se traduire par "mini-croyants !"), nous aussi, avec nos enthousiasmes et nos peurs, prenons la main que Jésus nous tend ! Et tendons la nôtre à nos frères !

La foi n'est-elle pas d'abord une histoire de confiance, à l'image de celle que Dieu a placée en l'homme ?

Bernadette Gruet, Déléguée pastorale du Val des Salines