Homélie du père Michel Naas — Doyenné 02 / Banlieue - Val de l'Ognon

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Homélie du père Michel Naas

1er dimanche de Carême - Année A

(Gn 2, 7-9 ; 3, 1-7a ; Ps 50 ; Rm 5, 12-19 ; Mt 4, 1-11)

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Le premier dimanche de Carême est toujours celui des tentations du Christ au désert. Les tentations du diable nous rejoignent toujours dans nos désirs. C’est aussi comme cela que ça commence avec Jésus : « il a faim » nous dit Saint Matthieu et de cette faim va naître la première des tentations avec cette interpellation : « si tu es le Fils de Dieu ». Un Fils de Dieu qui est tenté dans son désir d’humanité par le pain, dans sa divinité par les anges protecteurs, et dans son désir de Royauté en lui faisant miroiter tous les royaumes de la terre et leur gloire, car c’est là que se situe la plus grande des tentations pour l’homme, le désir de gloire et de reconnaissance par les autres hommes.

• Transformer des pierres en pain : c’est oublier que pour que le pain devienne nourriture, il faut comme on le dit à l’offertoire, « le travail des hommes » : labourage, semage, fanage moulinage, pétrissage, cuisson, c’est-à-dire qu’il faut du temps. Dans notre civilisation du tout tout de suite, on oublie et l’attente qui fait grandir et le bien d’autrui.

• Pour la seconde tentation, il est question de la recherche de sécurité que peuvent procurer les anges « avec eux, ton pied ne heurtera pas de pierres ». Il est question de courir après son bien-être, sa réussite, ses intérêts personnels qui laissent de côté le pauvre et le faible.

• Pour la troisième tentation, Jésus donne lui-même la réponse : « c’est le Seigneur ton Dieu que tu adoreras ». Il nous parle du risque que l’on a de nous servir de Dieu au lieu de nous mettre à son service. C’est l’adultère dont parlent les prophètes de l’Ancien Testament : on met la main sur Dieu et on se le fabrique à notre image. Tout le contraire de Genèse II où c’est l’homme qui est « créé à l’image et à la ressemblance de Dieu ». On rentre alors dans une dimension sacrale : tout ce qui n’entre pas dans la sphère du sacré devient mauvais et conduit à la mort, c’est ce qui va conduire Jésus à la croix.

Si l’on regarde la page qui nous est proposée du livre de la Genèse : le serpent le plus rusé des animaux de la création fait à Adam et Eve une proposition, comme il le fera plus tard à Jésus : « si vous mangez du fruit de l’arbre de la connaissance du bien et du mal, vous serez comme des dieux. ». Il renverse le sens de la création. Yahvé a créé l’homme à son image et à sa ressemblance : ici il est question de prendre la place du créateur et l’on devient le créateur de sa propre vie. La vie que Dieu donne à l’homme par son Souffle est un don. Le serpent en fait un gain à obtenir, un trophée qui consacrera l’homme et le fera l’égal de dieu. Or lorsqu’ils ont mangé de ce fruit, ils découvrent qu’ils ne sont pas comme des dieux, mais qu’il sont nus. L’hérédité que Dieu leur a donnée est perdue. Cette unicité s’est transformée en nudité. Égarés par le serpent, ils marchent désormais vers leur mort.

Mais cela leur ouvre un autre chemin, celui de la fragilité. Plus de toute puissance, juste la nudité de la faiblesse, juste la nudité de la nécessité de la main secourable, juste la nudité du salut accordé par la mort de Jésus-Christ.

Pourquoi donc est-ce le récit des tentations qui nous ouvre le chemin vers Pâques ? Parce que la Pâques de Jésus est le signe offert pour le salut des hommes. Ici la Genèse nous parle du péché d’Origine, de celui de vouloir être comme des dieux, à la place du Dieu créateur ; elle nous parle du désir de nous faire nous-mêmes, de ne dépendre de personne. Ce désir si présent dans nos vies, depuis le petit-enfant qui veut faire seul parce qu’il est assez grand et n’a pas besoin de l’aide de ses parents et qui finit par tomber et par pleurer, jusqu’à l’adulte qui pense que sa réussite, il ne la doit qu’à lui, et là ses parents qui y sont aussi souvent pour beaucoup : tu dois travailler pour réussir.

Notre vie n’est que tentations partout. C’est en Jésus-Christ que tout a changé, car comme le dit Saint Paul, « là où le péché a abondé, la grâce a surabondé »

Profitons donc de ce temps de carême pour redécouvrir notre nudité, c’est-à-dire notre faiblesse devant Dieu, car c’est alors que la vie du ressuscité pourra éclore en nous.

Michel Naas