Homélie du père Michel Naas — Doyenné 02 / Banlieue - Val de l'Ognon

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Homélie du père Michel Naas

Homélie du 2ème dimanche de Carême – Année A

(Gn 12, 1-4a ; Ps 32 ; 2 Tm 1, 8b-10 ; Mt 17, 1-9)

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La liturgie d’aujourd’hui nous propose deux textes qui nous semblent n’avoir aucun lien ensemble et pourtant qui sont si proches : celui de la vocation d’Abraham et celui de la transfiguration.

♦ Le livre de la Genèse nous parle de l’appel d’ Abraham par Yahvé. Abram car il s’appelle encore comme cela, n’est plus tout jeune, il n’a pas d’enfant, et Yahvé lui demande de « quitter son pays, sa parenté et la maison de son Père ». Quitter ce qui est le cœur de sa vie : le pays où il a toujours vécu, sa famille et les us et coutumes y compris religieuses qui ont régi son existence jusque là, pour partir vers l’inconnu « le pays que je te montrerai ». Un déracinement total pour devenir quelqu’un d’autre : le Père des croyants, de ceux qui font confiance, de ceux qui sont capables de changer pour devenir un exemple. D’ailleurs le livre de la Genèse ne s’y trompe pas, la bénédiction est contagieuse : « tu deviendras une bénédiction, je bénirai ceux qui te béniront. » À partir de là, la vie d’Abram change, Yahvé lui donne un autre nom Abraham, mais la vie de tous ceux qu’il va rencontrer va changer aussi. Même si durant toute sa vie, et l’on s’en rend bien compte quand on relit le livre de la Genèse, il y aura toujours le risque qu’il revienne vers la maison de son père, en revenant aux coutumes de son pays, comme quand il veut sacrifier Isaac, une des coutumes de la Chaldée pour assurer la prospérité du clan.

♦ La transfiguration, est l’une des nombreuses théophanies qui jalonnent la vie de Jésus, et qui sont là pour éclairer sa personnalité aux yeux de ses disciples. Leurs yeux s’ouvrent sur la divinité de Jésus enfouie dans son humanité. Qu’est-ce qu’une théophanie ? C’est moins une manifestation de la divinité, qu’une expérience de la rencontre entre le ciel et la terre. Avec la transfiguration de Jésus, le ciel et la terre se sont touchés, l’homme et Dieu se sont rencontrés. C’est un endroit où l’homme s’élève vers Dieu et où Dieu se penche vers l’homme. Mais c’est aussi pour les disciples une anticipation de la gloire du ressuscité, un signe que la lumière ne se laisse jamais enfermer par les ténèbres, que la vie est plus forte que la mort. Le Christ comme à la résurrection emploie le « n’ayez pas peur ».

Qu’est-ce que ces textes nous disent ?

♦ Pour la Genèse : que si l’on veut arriver, il faut partir. Que si l’on veut arriver à Dieu, il faut quitter habitudes et coutumes religieuses, pour ne voir que lui. C’est ce qui est le plus difficile ! En Église, nous sommes habitués à vivre notre religion d’une certaine manière qui nous semble toujours être la meilleure. Mais vivre sa foi, c’est autre chose : ce n’est pas être centré sur soi-même et sur sa relation avec Dieu, c’est être de ceux par qui se béniront toutes les races de la terre. Être un phare dans la nuit des hommes.

♦ Et cela rejoint le récit de la transfiguration. Les disciples font une rencontre extraordinaire : celle d’un Jésus-Christ déjà ressuscité. C’est une anticipation de la gloire de la résurrection. Mais, car il y a un mais, ils ne peuvent se laisser enfermer dans cet instant. Le « dressons trois tentes », pour figer se moment extraordinaire, n’est pas l’avenir qui leur est demandé, qui nous est demandé. Bien sûr qu’avec Jésus notre existence devient lumineuse, mais pour quoi ? Pour que nous devenions phare comme je le disais juste avant ! On ne peut rester là, il nous faut redescendre dans la plaine, dans un quotidien triste et froid, souvent sombre et anxiogène. Mais c’est là que nous sommes envoyés, non pas tant pour dire que pour être, car comme le caméléon nous devons être de ceux qui vivent dans le monde, mais ne sont pas du monde comme dit la lettre à Diognète, nous devons rayonner à notre tour de la gloire du ressuscité.

Michel Naas