Méditation du père Bruno Doucet — Doyenné 02 / Banlieue - Val de l'Ognon

Aller au contenu. | Aller à la navigation

Outils personnels

Accéder au site diocésain

Doyenné Banlieue - Val de l'Ognon Doyenné Banlieue - Val de l'Ognon

Méditation du père Bruno Doucet

Méditation du dimanche 19 novembre 2023

Évangile de Matthieu 25, 14-30 « Parabole des talents »

Télécharger la méditation

Lundi dernier, il pleuvait. Je ne vais pas souvent au cinéma mais, ce jour-là, je suis allé voir « l’Abbé Pierre ». Et ce film m’a habité tout au long de la semaine. L’histoire de cet homme, mobilisé tout au long de sa vie par un projet : venir en aide aux plus démunis en mobilisant autour de lui les uns et les autres et en particulier, ceux-là mêmes qu’il accueillait et à qui il procurait un toit, de la nourriture, un sens à leur vie.

J’ai aimé l’attention portée par le réalisateur à la secrétaire de l’abbé Pierre, Lucie Coutaz, présente dès le début de l’aventure et fidèle au même projet jusqu’à sa mort. Personne forte, libre et vraie et non-dénuée de tendresse. Les dernières images du film, avant la mort de Lucie, sont bouleversantes de cette tendresse partagée.

Et puis, il y a cette ultime rencontre entre l’abbé Pierre au crépuscule de sa vie et son ami d’enfance et de scoutisme, François Garbit, soldat, mort au Tchad pendant la guerre. Le cinéma permettant de « ressusciter les morts », ils sont là les deux et l’abbé Pierre regarde sa vie et y fait le constat d’un échec cuisant : il y a toujours des hommes et des femmes, des enfants qui ont faim, qui sont sans toit. Et son ami lui rappelle que l’important dans sa vie est qu’il ait aimé tous ceux qu’il a rencontré et aidé. Et je me rappelle cette parole de l’abbé Pierre prononcée bien des années auparavant : « En fait, il faut regarder ce qu’il y a de bien, ce qu’il est possible de faire, le combat contre la pauvreté et la misère est un combat qui sera éternel, qui ne pourra sans doute jamais être gagné, mais si ce combat n’est pas mené, il est perdu d’avance. »

Mardi soir, avec les membres des équipes de coordination pastorale de trois paroisses, nous avons commencé par une lecture méditative de l’Évangile de ce dimanche. Trois tours de table après, à chaque fois, l’écoute du texte : partager un mot, une phrase, puis, dans un deuxième temps dire en quelques mots pourquoi ce choix et enfin, dans un troisième temps, faire une prière. J’ai retenu la parole du troisième serviteur : « …J’ai eu peur, je suis allé cacher ton talent dans la terre. »

Je m’aperçois qu’il me faut arriver à vaincre bien des peurs pour aller à la rencontre de l’autre, du plus fragile, peur de ne pas avoir la parole ou le geste qui conviennent, peur de l’impact sur moi, sur ma vie, peur de la différence, et combien d’autres peurs… J’ai alors, dans la prière, demandé cette grâce de laisser l’Esprit vaincre mes peurs, simplement.

Ce film, l’histoire de ces hommes et de ces femmes d’hier et encore d’aujourd’hui dans toutes les communautés Emmaüs, m’a fait du bien, m’a fait grandir.

Bruno, votre frère prêtre