Homélie du père Maurice Bez — Doyenné 02 / Banlieue - Val de l'Ognon

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Homélie du père Maurice Bez

Dimanche 11 juin 2023 - Année A

(Deut. 8, 2-3.14b-16a ; Ps 147 ; 1 Cor 10, 16-17 ; St Jean 6, 51-58)

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« Dans ce repas, j’offre ma vie par amour, faites-en autant ! »

Commençons par la 1ère lecture : « Souviens-toi… N’oublie pas… » Il faut préciser que le livre du Deutéronome a été écrit après le retour de l’Exil. L’auteur invite les croyants d’Israël à faire mémoire de leurs pères, mémoire de la longue marche de quarante ans dans le désert, mémoire de la libération d’Égypte. En fait, c’est une invitation à relire leur histoire et à découvrir que Dieu était là. Sans ces interventions répétées de Dieu, le peuple serait mort à petit feu : mort de faim d’abord, et de soif ; et ceux qui ne seraient pas morts de faim ou de soif auraient succombé aux morsures des serpents… Mais Dieu était là ! Et le texte insiste bien sur la présence « miraculeuse » de Dieu. Et plus loin, le livre du Deutéronome dit encore : « Le Seigneur Dieu t’a porté tout au long de la route, comme un homme porte son fils ». Pour l’auteur du livre, il s’agit de convaincre ce peuple éprouvé par les évènements, que la Parole de Dieu, la parole créatrice des commencements est aussi active dans les temps d’épreuve. Elle est toujours à l’œuvre dans l’histoire du peuple,

« Souviens-toi… N’oublie pas… » Il faut peut-être se dire que la foi est une mémoire vivante. Le pire qui puisse arriver à un peuple est de devenir amnésique. Celui qui n’a plus de racines perd son identité. Le peuple de Dieu est mon berceau.

La mémoire d’un peuple, c’est un peu comme les racines d’un arbre : on voit l’arbre, on ne voit pas les racines… il n’empêche qu’il ne vit que grâce à elles, il leur doit tout.

Quand Moïse dit à son peuple : « Souviens-toi » ou « n’oublie pas », c’est comme s’il lui disait « ne te coupe pas de tes racines », « ton avenir est dans ta fidélité à tes racines », Moïse ne veut pas vivre sur le passé, mais c’est parce qu’il est tout entier tourné vers l’avenir qu’il se préoccupe de la fidélité aux racines.

Nous, chrétiens, affirme St Paul, nous avons été greffés sur l’arbre multiséculaire du peuple de l’Alliance, nos racines spirituelles. « Ce n’est pas toi qui porte la racine, c’est la racine qui te porte » (Romains 11).

C’est pourquoi la liturgie chrétienne est un « mémorial » où chacun peut retrouver ses racines pour vivre le présent et regarder l’avenir.

On comprend combien le manque d’Eucharistie, le dimanche, est une épreuve pour beaucoup d’entre nous. Ne plus se retrouver en communauté pour vivre l’Eucharistie : une souffrance, un manque ! Comme l’enfant a besoin d’un milieu nourricier pour grandir, nous avons besoin d’une famille, d’une communauté pour vivre du Christ. Et le moment privilégié, c’est l’Eucharistie… qui fait l’Église.

L’Église est une famille où mes ancêtres me racontent notre histoire (Table de la Parole), une maison où je grandis, où je découvre mon identité de fils, de frère.

J’y apprends à partager la Parole et le Pain ! Une maison qui n’est ni une forteresse, ni un champ de foire, mais où il y a beaucoup de portes et de fenêtres, une maison accueillante où on ne vous demande pas vos papiers d’identité mais simplement d’aimer et de se laisser aimer. Une maison où chacun devrait pouvoir se sentir chez lui, une maison qui tient table ouverte !

C’est ce que nous vivons à chaque Eucharistie. Dieu veut faire de nous sa demeure. 35 fois revient le mot demeurer dans l’Évangile de Jean. Pour cela, « qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle et le ressusciterai et je demeurerai en lui ». La chair, en hébreu (ou en araméen), c’est l’être tout entier. Quand je communie, c’est le Christ que j’accueille en moi, pour devenir comme lui et faire corps avec tous ceux qui communient.

« Ma chair est une vraie nourriture et mon sang une vraie boisson ». Telle est la première merveille de la messe ; elle nous fait communier au Christ ressuscité, Vivant. Et ce corps ressuscité est semé en notre propre corps comme semence de vie éternelle.

« Père, nous allons recevoir à cette table dans la joie de l’Esprit Saint, le Corps et le Sang du Christ. Que cette communion nous rende capables de vivre comme Jésus, entièrement donnés à toi et aux autres ». Là, tout est dit, dans cette prière eucharistique ! Revivre le dernier repas de Jésus, c’est faire « mémoire », revivre aujourd’hui, de manière efficace, cette vie que le Christ a offert, donné. Et à mon tour, j’entre dans ce mouvement de don, pour faire de ma vie, aussi, un don, une offrande : « Dans ce repas, dit Jésus, j’ai donné ma vie : faites-en autant ! »

Maurice BEZ