Homélie du père Michel Naas — Doyenné 02 / Banlieue - Val de l'Ognon

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Homélie du père Michel Naas

Homélie du Saint Sacrement - Année A

(Dt 8, 2-3.14b-16a ; Ps 147 ; 1 Co 10, 16-17 ; Jn 6, 51-58)

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Dans un article de La Croix d’il y a quinze jours sur les jeunes pratiquants, une jeune fille disait : « je vais à la messe pour rencontrer Dieu ». Je me suis demandé qui elle avait eu au catéchisme car cela m’a choqué. Nous n’allons pas à la messe pour rencontrer Dieu, celui-ci se rencontre dans la prière, la méditation et la contemplation. Nous allons à la messe pour partager le Corps du Christ et pour faire Corps ensemble, c’est-à-dire pour faire Église.

Ceci me ramène à deux phrases concernant l’Eucharistie qui sont des phrases clef : celle du Concile : « l’eucharistie est source et sommet de la vie de l’Église » et celle du Père de Lubac : « l’Église fait l’eucharistie et c’est l’eucharistie qui fait l’Église ». Ces deux phrases vont nous permettre de mieux comprendre le sens de la fête que nous célébrons aujourd’hui.

Le livre du Deutéronome commence par ceci : « souviens-toi ». Car en célébrant la fête du Saint Sacrement, il est question de se souvenir ; et de se souvenir de quoi ? Que notre Père était un araméen errant, que nous avons été libérés de l’esclavage en Égypte, que nous avons marché quarante ans dans le désert, que Yahvé est l’unique Seigneur ! Se souvenir, c’est-à-dire garder en mémoire, pour avancer et ne pas faire les mêmes erreurs que nos Pères. La désuète ‘fête-Dieu’, voulait montrer le Christ triomphant dans le Saint Sacrement, notre fête du Saint Sacrement du Corps et du Sang du Christ, nous demande de nous souvenir d’où nous venons et de qui nous sommes.

Fête du Saint Sacrement donc ! Le Concile après Saint Augustin nous rappelle que le premier Sacrement c’est Jésus Christ et pourquoi ? Un sacrement n’est autre qu’un signe qui est « visage de Dieu » a un moment bien précis de notre vie. Et c’est en Jésus Corps du Christ que s’enracinent tous les sacrements que nous recevons au long de notre vie.

La lettre aux Corinthiens nous donne un autre sens de cette fête : « puisqu’il n’y a qu’un seul pain, la multitude que nous sommes est un seul Corps ». Si nous allons à la messe, c’est pour retrouver cette unité, car c’est dans cette Eucharistie partagée que nous puisons notre unité, une unité qui n’a rien à voir avec une fusion négatrice de toutes nos singularités, mais qui leur donne sens. Car communier au Corps et au Sang du Christ c’est aussi cela, c’est faire Église, c’est-à-dire faire partie d’un seul et même corps.

L’évangile de Jean enfin montre que le partage du Corps du Christ va plus loin que le fait de manger la manne au désert comme nos pères. Cette manne, certes, était un don de Dieu pour que le peuple ne meurt pas de faim dans le désert, mais n’empêchait pas la mort. Le partage du Corps et du sang du Christ, c’est autre chose : « le pain qui est descendu du ciel, n’est pas comme celui que les pères ont mangé. Eux ils sont morts, celui qui mange ce pain vivra éternellement ». En partageant le pain du ciel, nous faisons cette expérience extraordinaire d’avoir en nous la vie en plénitude, la vie de Dieu donné par Jésus, nous faisons l’expérience de la résurrection, nous faisons une expérience d’éternité.

C’est le seul signe que Jésus nous laisse : si vous partagez le Corps et le Sang du Christ, vous progressez vers l’Unité ; à nous de devenir ce que nous recevons comme dit encore Saint Augustin.

Michel Naas