Homélie du père Michel Naas — Doyenné 02 / Banlieue - Val de l'Ognon

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Homélie du père Michel Naas

Homélie des Cendres - Année A

(Jl 2, 12-18 ; Ps 50 ; 2 Co 5, 20 – 6, 2 ; Mt 6,1-6.16-18)

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« Laissez-vous réconcilier avec Dieu », voici ce que nous dit Saint Paul dans sa 2ème lettre aux Corinthiens. Cela nous rappelle ce que Jésus en Matthieu disait il y a deux dimanche : « quand tu sais que ton frère a quelque chose contre toi, laisse là ton offrande et va te réconcilier avec lui. » 

Le carême n’est pas un temps d’effort pour être prêt à Pâques ! Ce n’est pas comme une capitalisation d’actions qui, en nous mettant en accord avec je ne sais quelle loi, nous obtiendrait une récompense dans un monde à venir.

Aucun mérite ne nous accordera le salut, il nous est donné par grâce. Cette pratique du jeûne, de la prière et de l’aumône sont là pour nous rappeler la promesse, celle que nous avons à faire tous les jours dans le cadre de notre Alliance avec le Père, celle de vivre sous le regard de ce Père. Et toute théâtralisation de la foi peut nous exposer à l’hypocrisie, au même titre que les pharisiens qui croyaient que pour attirer les païens à Dieu, il fallait poser des gestes posés avec une certaine outrance.

Notre foi est basée sur une autre phrase de Saint Paul dans la 1ère lettre aux Corinthiens : le Christ a été mis en croix, « scandale pour les juifs, folie pour les païens », car selon l’Ancien Testament, le ‘pendu au bois’ est maudit de Dieu, et pour les romains, la crucifixion concerne une sous-humanité d’esclaves et de criminels. À la suite du Christ - qui s’est fait homme en acceptant toutes les affres de notre humanité, y compris une mort indigne, et pour son peuple et pour les païens – les textes d’aujourd’hui veulent nous rappeler que même si nous posons des actes extraordinaires, nous ne sommes en aucun cas le centre de la vie des autres.

Nous devons nous sortir de la tête cette tendance que nous avons tous à vouloir montrer aux autres tout le bien que nous avons accompli, tous les mérites qui sont les nôtres. C’est pourquoi Jésus nous redit de nous retirer dans notre chambre quand nous prions, de donner sans compter, et de nous priver en nous rappelant que c’est pour être comme ceux qui ont faim que nous jeûnons.

Nous sommes « les ambassadeurs du Christ », « les ambassadeurs d’un Dieu tendre et miséricordieux », comme dit le prophète Joël. À nous donc de déchirer notre cœur et non pas nos vêtements, pour nous rappeler que Dieu lui-même est atteint quand on blesse quelqu’un qu’il aime ou lorsque l’on défigure l’humanité. Aussi « se laisser réconcilier par Dieu », c’est poser là tous nos préjugés et nous dire que tous les hommes sont nos frères, même si cela nous fait mal, car c’est à cause de la haine du frère que le Christ a été mis en croix.

Michel Naas