Homélie du père Maurice Bez — Doyenné 02 / Banlieue - Val de l'Ognon

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Homélie du père Maurice Bez

Dimanche 26 novembre 2023 - Le Christ, Roi de l’univers
(Ézéchiel 34  11… ; Ps. 22 ; 1 Corinthiens 15, 20-26.28 ; Matthieu 25, 31-46)

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Le Christ, ROI : mais quelle royauté ?

Vous avez remarqué combien de mots sont piégés pour dire notre foi et combien ils peuvent prêter à de graves confusions. Ainsi, Seigneur, Roi, Règne, Royaume… mots souvent ambigus, mots chargés par l’histoire d’une autre réalité qui, pour nos esprits modernes peuvent renvoyer à puissance, domination, soumission, etc.

« Je ne peux plus dire et entendre ce langage », disait un chrétien, ma foi n’est pas de cet ordre, mais dans l’humilité, le service, l’amour et non pas dans la grandeur, le triomphalisme ou l’esprit de conquête.

Alors c’est quoi cette fête du Christ Roi ?

Je voudrais souligner que nous sommes arrivés au terme de l’année liturgique, ce dernier dimanche où nous célébrons la fête du Christ, Roi de l’univers. Cette fête a été instituée en 1925 par le pape Pie XI, en réponse aux nostalgiques de la Royauté, et où l’Église perdait son pouvoir sur la société (chez nous : La République et non plus la Royauté). Pie XI entendait édifier une « nouvelle chrétienté » face au nazisme qui s’installait en Europe. De plus cette fête pouvait être un rempart face à la sécularisation qui mettait l’Église de côté, (séparation de l’Église et de l’État), et répondre au relent de triomphalisme et au désir d’un pays d’ordre chrétien, sous la bannière du Christ Roi. On sait qu’aujourd’hui, il en est qui rêvent d’une chrétienté qui investit tous les rouages de la société. Prendre le pouvoir temporel au nom de Dieu… C’est le désir de certains ou de quelques partis politiques… On ne me fera pas chanter le Christ Roi avec des accents quelque peu revanchards : « Parle, commande, règne ! » comme s’il fallait refuser le monde moderne et défendre l’ordre ancien !

Mais après Vatican II, cette fête devient la fête du Christ « Roi de l’univers ». On affirme le caractère cosmique de la royauté de Jésus. De plus, la fête du Christ Roi peut être l’occasion d’approfondir une vérité importante de la foi et de mieux gérer les rapports de l’Église et du monde.

À regarder les textes de ce jour, nous voyons un roi au sens biblique. Dans la 1ère lecture, Ézéchiel nous présente ce roi, non pas comme un personnage tout-puissant, mais comme un berger, qui va lui-même à la recherche de ses brebis, qui veille sur elles, et particulièrement sur les plus faibles : « La brebis perdue, je la chercherai. Celle qui est blessée, je la chercherai. Celle qui est faible, je lui rendrai des forces. » Quel étrange roi, qui se montre si attentif, si prévenant !

Je vais m’arrêter sur le psaume 122 de ce jour. Pendant cette messe, nous baptiserons Léandre et Augustin, et voilà que ce psaume nous parle du baptême. Au tout début de l’Église, c’est ce psaume qui était choisi lors des célébrations du baptême. Les baptêmes étaient toujours des baptêmes d’adultes et célébrés de manière communautaire. Les baptisés, après le baptême partaient en procession vers le lieu de la Confirmation et la table de l’Eucharistie. Que dit ce psaume ? «  Il me mène vers les eaux tranquilles et me fait revivre ». C’est le baptême. « Il me conduit sur le juste chemin », c’est la vie de foi du chrétien, en chemin. « Tu prépares la table », c’est l’Eucharistie… « Tu répands le parfum sur ma tête » : Évocation du St Chrême. « J’habiterai la maison du Seigneur » : je fais partie d’une communauté. « Tu es mon berger. Je ne crains aucun mal » Le Seigneur m’accompagne, me porte, me conduit.

L’Évangile nous dit que nous serons jugés sur l’amour, sur la charité dont nous avons fait preuve vis-à-vis de nos frères les plus nécessiteux : ceux qui ont faim, soif, etc. Ce ne sera pas sur le nombre de prières, ni sur nos pratiques religieuses, mais bien sur nos actions envers les plus pauvres. Le Seigneur est si attentif ; si proche des pauvres, des petits, des souffrants qu’il s’identifie à eux. « C’est à moi que vous l’avez fait... »

Nous savons ce qu’il nous reste à faire pour que le Christ nous appelle, nous aussi : « Venez les bénis de mon Père » qu’il placera à sa droite. (Bénir : dire du bien).

Alors ce « jugement dernier » ? C’est là que je verrai toute ma vie à la lumière de l’amour.

Le Christ me posera la question : « Qu’as-tu fait de ton frère ? »

Maurice BEZ