Méditation du père Bruno Doucet
Méditation
Le 2 janvier, j’entrais aux urgences de l’hôpital de Besançon pour ce qui devait très vite être diagnostiqué comme une pneumonie aiguë surinfectée nécessitant une mise sous oxygène. Pris en charge assez rapidement aux urgences, j’y ai été soigné 30h par manque de place dans les autres services et en particulier en pneumologie. Je lisais il n’y pas longtemps que beaucoup de places dans les hôpitaux ont été supprimées par manque de personnel…
Ce fut une expérience pénible mais, humainement intéressante : Nous étions 17 dans des boxs séparés les uns des autres par des cloisons sur roulettes. Une vraie cour des miracles ! Ça tousse, crache, rouspète, geint, appelle sans cesse « infirmière ! infirmière ! » Alors, Elles entrent, ressortent, circulent sans cesse entre les différents brancards, de véritables anges tout de blanc vêtus, qui vont de l’un à l’autre plein de douceurs, de paroles apaisantes pour la plupart, gardant un grand calme face, parfois, aux agressions verbales de patients âgés, souffrant et ne sachant plus très bien ce qu’ils disent.
Benoît, un ancien en face de moi, réclamait un quignon de pain même sec. Il avait faim, mais il n’y a pas de repas servi au service des urgences... les infirmières lui en ont trouvé un croûton. Je l’ai vu le manger, savourant chaque bouchée, avec plaisir. Au milieu de tout ce bruit, Benoît et moi n’avons échangé qu’avec quelques sourires et clins d’œil… un repas nous a été quand même apporté au soir du deuxième jour…
On parle beaucoup de nos hôpitaux en déshérence. Y passer 30 heures permet de le constater. Les soignants, depuis celles et ceux qui font le ménage, devraient bien être mieux considérés dans un pays comme le nôtre.
La deuxième nuit, à minuit, j’ai été transféré dans une chambre du service d’urologie… le calme après la tempête !
Je lis l’Évangile de ce dimanche : deux disciples suivent Jésus. Celui-ci leur dit : « Que cherchez-vous ? » Ils lui répondent : « Maître, où demeures-tu ? » Jésus leur répond : « Venez et vous verrez ». Nous ne savons pas où ils sont allés et ce qu’ils ont vu.
Je crois que Jésus demeure là où des gens souffrent, là où des hommes et des femmes travaillent à leur service, remplis de compassion, de patience, de bonté. Je revois les deux petites-filles de Benoît, infirmières dans d’autres services de l’hôpital, venant à tour de rôle visiter leur grand-père et lui apportant chacune une clémentine… La joie qui se lisait sur son visage !
Jésus demeure certainement dans bien d’autres endroits. J’ai été témoin en direct pendant 30 heures en ce début d’année, de sa présence au service des urgences de l’hôpital de Besançon. Qu’Il soit béni !
Bruno, votre frère prêtre
PS : Depuis, je me remets tout « doucettement ». Les bronches encore bien encombrées mais le souffle est revenu. Ce n’était donc pas encore le dernier ! Alléluia !