Méditation du père Bruno Doucet
Méditation 3ème dimanche de Carême
Carême : « Avec toi, nous irons au désert… »
Nous étions 18 à partir au désert du sud Algérien pour commencer ce temps du Carême en mettant nos pas dans ceux de Saint Charles de Foucauld. À Tamanrasset, frère Charles a vécu les 11 dernières années de sa vie. Il y meurt le 1er décembre 1916.Les Touaregs l’appelaient le « Marabout blanc ». Lui se voulait le « frère universel ». Le pape François termine son encyclique sur la fraternité et l’amitié sociale, « Fratelli tutti » en parlant de lui : « Je voudrais terminer en rappelant une autre personne à la foi profonde qui, grâce à son expérience intense de Dieu, a fait un cheminement de transformation jusqu’à se sentir le frère de tous les hommes et les femmes. Il s’agit du bienheureux Charles de Foucauld. Il a orienté le désir du don total de sa personne à Dieu vers l’identification avec les derniers, les abandonnés, au fond du désert africain. Il exprimait dans ce contexte son aspiration de sentir tout être humain comme un frère ou une sœur, et il demandait à un ami : Priez Dieu pour que je sois vraiment le frère de toutes les âmes… Il voulait en définitive être le frère universel. Mais c’est seulement en s’identifiant avec les derniers qu’il est parvenu à devenir le frère de tous. Que Dieu inspire ce rêve à chacun d’entre nous. Amen ! »
Chacun des pèlerins était invité, dès le départ, à « laisser Dieu faire son travail en lui »…
La rencontre avec les trois petits frères de Jésus, Ventura à l’Assekrem et Taher et Jean-Marie à Tamanrasset, nous ont permis de toucher du doigt une Église ultra minoritaire en pays musulman. Une Église vivant la vie de Jésus à Nazareth. Travail pour gagner son pain, vie sociale avec les gens du quartier et prière dans la discrétion.
Les Évangiles ne nous disent rien de ce que fut la vie de Jésus entre ses 12 ans et le début de sa vie publique à 30 ans. La grande intuition spirituelle de Charles de Foucauld fut de se dire que cette vie cachée dont nous ne savons rien, avait été, elle aussi, féconde. Toutes les branches religieuses, séculières, sacerdotales qui se réclament de l’héritage spirituel de Charles de Foucauld ont cherché et cherchent encore à approfondir cette fraternité universelle en essayant de vivre concrètement dans le monde cette vie simple, sans apostolat, sinon celui du rayonnement de la bonté.
Deux temps de prière communautaire nous réunissaient chaque jour : La prière des Laudes le matin pour ouvrir notre journée et l’Eucharistie ou une lecture méditative de l’Évangile à l’étape en fin de journée.
Le maître mot de ces huit jours : Simplicité ! Simplicité de vie avec les Touaregs qui nous accompagnaient et prenaient soin de nous. Simplicité entre nous dans une connaissance mutuelle qui grandissait au fil des jours. Simplicité dans la contemplation de ces paysages volcaniques et désertiques. Simplicité de cette toute petite communauté catholique des petits frères et sœurs de Jésus, humble et bien présente là où Dieu l’a plantée. Simplicité de nos prières et liturgies.
Nous nous sommes sentis appelés à garder cette simplicité dans nos vies de chaque jour une fois rentrés chez nous !
Le chant de la prière d’abandon a rythmé cette semaine. Oui, pendant 8 jours, nous avons laissé de côté notre vie habituelle pour nous mettre au rythme de Dieu. Il a fallu nous « désencombrer » nous « désarmer » pour, véritablement, « laisser Dieu faire son travail en nous ».
Il nous reste encore trois semaines de Carême pour continuer ce travail commencer au cœur du désert et laisser avec bonheur et dans la joie la lumière Pascale nous illuminer et illuminer notre monde.
Bruno, votre frère prêtre
Messe dans la chapelle de l’ermitage de Charles de Foucauld à l’Assekrem,
plateau rocheux à 2700 m d’altitude au cœur du massif de l’Atakor au cœur de la région du Hoggar.