Homélie du père Maurice Bez — Doyenné 02 / Banlieue - Val de l'Ognon

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Homélie du père Maurice Bez

Dimanche 10 mars 2024 - 4ème dimanche de Carême – Année B

(Chroniques 36 , 14… ; Ps.136 ; Éphésiens 2, 4-10 ; Jean 3, 14-21)

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« Lève les yeux ! »

L’Évangile d’aujourd’hui commence par une invitation à « lever les yeux », à « regarder » vers un ailleurs. Saint Jean renvoie à un souvenir biblique. Au cours des 40 ans de désert, les hébreux furent attaqués par un ennemi redoutable, des serpents à la morsure « brûlante ». Moïse fit un « caducée », un serpent de bronze « guérisseur », élevé sur un bâton. C’est cette image symbolique qui est devenue l’emblème des médecins. Le livre de la Sagesse en donne le sens : « Celui qui tournait les yeux vers le Signe élevé était sauvé, non pas par l’objet regardé, mais par Toi, Seigneur » (Sagesse 16, 7). Ce n’est pas le regard qui sauve, mais le fait que l’homme « se tourne vers Dieu » : c’est un acte de foi, de confiance.

Jésus nous invite à regarder la croix. Il faut oser regarder ce « crucifié », celui qui est « élevé » devant nos yeux. Pour Jésus, la croix et la résurrection vont ensemble. Pour Jean, la « Croix » et la « Pâque » sont le même mystère : « Jésus a été élevé de terre ». Rappelons-nous ces paroles de Jésus, après l’entrée triomphale à Jérusalem (Rameaux) : « Elle est venue l’heure où le Fils de l’Homme doit être glorifié… si le grain de blé tombe en terre et meurt, il porte beaucoup de fruits… pour moi, quand j’aurai été élevé de terre, j’attirerai à moi tous les hommes » (Jean 12, 23.32).

Il nous faut donc, à notre tour, lever les yeux vers Celui qui est élevé entre ciel et terre. La croix est le signe de l’amour du Christ pour nous : « Il n’y a pas de plus grande preuve d’amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime ».

Dans une enquête de foi auprès d’artistes, Ariel Dombasle a répondu : « Oui, je crois en Dieu. Quand je suis entrée pour la première fois dans une église, et que j’ai vu le Christ crucifié, j’ai pleuré. Ça m’a bouleversée ».

« Dieu a tant aimé le monde, qu’il a donné son Fils unique ». Cette phrase est répétée près de 50 fois dans l’évangile de Jean. C’est le Père qui a eu l’idée d’ « envoyer son Fils… non pas pour condamner le monde, mais pour que, par lui, le monde soit sauvé ».

Ce monde qui nous paraît parfois si moche, si fou, Dieu l’aime. Voilà que Dieu nous dit que le monde n’est pas absurde. Si nous prenons le regard de Dieu, un « regard d’amour », alors nous ne verrons plus le monde à l’envers mais à l’endroit, et au lieu de gémir, nous allons donner notre vie, à notre tour, pour le monde, pour nos frères.

Retenons ces 2 verbes : « aimer », « donner » ! Oui, Dieu veut nous sauver, gratuitement, sans condition, gracieusement.

Jésus est venu pour sauver et non pour juger ou pour condamner. Le jugement ne vient pas de l’extérieur ; c’est l’homme qui se juge et se condamne lui-même quand il refuse de croire. C’est l’acte de celui qui refuse l’amour de Dieu. Beaucoup veulent se sauver par eux-mêmes ou encore pensent que le salut, c’est la réussite à la manière du monde.

Il faut lire la 2ème lecture : « Dieu est riche en miséricorde. À cause du grand amour dont il nous a aimés, nous qui étions morts par suite de nos fautes, il nous a fait revivre avec le Christ : c’est bien par grâce que vous êtes sauvés ! » Mais alors, de quoi Jésus est-il venu nous sauver ? Mais de nos égoïsmes, de nos peurs, de nos petitesses. Et aussi de nos certitudes, de nos bonnes consciences.

C’est sans doute pour cela que ce dimanche se dit « le dimanche de la joie ». Nous ne disons pas assez notre joie d’être sauvés et sans conditions. Face aux forces du mal : guerres, hostilités, persécutions, émeutes, violences de toutes sortes, il existe une autre force, une force de vie qui unit au lieu de diviser, qui apaise au lieu d’angoisser, qui guérit au lieu de blesser. Cette force, la grâce qui nous sauve, nous invite à plus de justice, de paix et de fraternité.

Quand on lit la 1ère lecture, on découvre que Dieu a toujours voulu sauver son peuple. Ça fait 50 ans que le peuple hébreu est en exil à Babylone, et voilà que Cyrus, roi des Perses, décide de renvoyer les Hébreux chez eux et de favoriser la reconstruction du Temple. Cet évènement, c’est une action de Dieu dans l’histoire. Il s’est servi d’un roi païen. Dieu reste fidèle à sa promesse lors de la sortie d’Égypte : « Je vais vous donner une terre », cette promesse, elle tient toujours. Pour le peuple d’Israël, le temps de l’exil restera un repère dans la mémoire et l’histoire de ce peuple.

Oui, Dieu reste fidèle dans ses promesses et n’a jamais abandonné son peuple.

Jésus, par cet Évangile, nous pose la question : « Veux-tu être sauvé ? Veux-tu vivre ? »

Maurice BEZ