Homélie du père Maurice Bez — Doyenné 02 / Banlieue - Val de l'Ognon

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Homélie du père Maurice Bez

Dimanche 17 mars 2024 - 5ème dimanche de Carême, année B – (CCFD)

(Jérémie 31, 31-34 ; Ps 50 ; Hébreux 5, 7-9 ; St Jean : 12, 20-33)

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« Il est des morts qui font des Vivants ! »

Nous voici au 5ème dimanche de carême, une semaine avant la fête des Rameaux. L’Évangile de St Jean nous plonge déjà dans la Passion de Jésus. Il parle de son « heure ». « L’Heure est venue où le Fils de l’Homme doit être glorifié ». Ce thème constitue une partie de l’Évangile de ce jour, l’autre partie Jésus parle de sa mort, en la comparant à un grain de blé.

L’heure de Jésus, c’est celle de sa croix : c’est sa gloire ! Ça veut dire quoi ! La croix, on sait ce que ça veut dire. La gloire, un mot ambigu, mais en grec, ce mot veut dire « ce qui a du poids » ; oui la mort de Jésus pèse lourd dans l’amour que Dieu nous montre. « Il n’y a pas de plus grande preuve d’amour que de donner sa vie pour ceux que l’on aime ». C’est là le secret de Jésus, il avance en homme libre vers sa mort.

« Si le grain de blé ne tombe en terre et ne meurt, il reste seul. Mais s’il meurt, il porte beaucoup de fruits ». Le grain de blé qui meurt… pour vivre ! Par sa Pâque, Jésus nous révèle qui est Dieu, et qui est l’homme.

Qui est Dieu ? Le Dieu que Jésus nous révèle n’est pas un potentat, le Tout-Puissant dominateur que les diverses religions ont imaginé. C’est un Dieu qui se donne, un Dieu qui aime jusqu’à l’extrême. La loi essentielle de Dieu, c’est la Loi du grain de blé : Dieu va jusqu’à sacrifier totalement sa vie pour que l’homme vive ; Dieu ne garde rien pour lui-même, il renonce à lui-même, il aime jusqu’à en mourir. « Dieu ne s’est pas aimé Lui-même », dira saint Paul. Il est « grain de blé ». Il faut mourir afin de vivre : s’oublier pour s’ouvrir à l’autre, aux autres. C’est la condition inéluctable ; in- contournable, inévitable de toute créature. Le grain de blé a 2 manières de mourir : être jeté en terre, pour porter beaucoup de fruits. Il reste blé. Ou encore être broyé sous la meule pour être mangé sous forme de pain.

« Jésus, de condition divine, ne retint pas jalousement le rang qui l’égalait à Dieu, mais il s’est anéanti lui-même, prenant la condition de serviteur, se faisant obéissant jusqu’à la mort, et la mort de la croix » (Philippiens 2, 6-8).

Qui est l’homme ? La révélation de Dieu révèle aussi l’homme. Nous sommes faits, nous aussi, pour le don total de nous-mêmes dans l’amour. Et Jésus ajoutera, parlant de nous : « S’aimer soi-même, c’est se perdre ». L’homme n’est pas fait pour soi : le but de l’homme, c’est d’aimer ! Et le comble de cet amour, c’est se perdre pour un autre. Voilà la grandeur, la fierté de l’homme, c’est de se donner. La vie, personne ne se la donne : on la reçoit, comme un don, comme un cadeau… et en retour on ne vit pas pour soi, on la donne, on la livre. Et je le répète : « Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux que nous aimons ». C’est le secret même de Dieu et de l’homme.

C’est aussi le secret de la messe. Elle est source d’amour. N’oublions pas que Jésus, un jour, a pris du pain, et il a dit : « Ceci est mon corps livré ». Puis il a pris du vin et a dit : « Ceci est mon sang livré ». Chaque messe est le signe de cet acte suprême d’amour de Dieu pour nous. On ne peut pas vivre sa vie comme avant après une messe, où l’on découvre que vivre son humanité, c’est donner sa vie et se donner ! De plus, l’Eucharistie nous met ensemble, il fait de nous le Corps du Christ.

Des Grecs, des pèlerins étrangers (début de notre évangile) veulent voir Jésus ? À travers eux, on aperçoit déjà la grande diversité des peuples qui regarderont vers lui au long des siècles. “Quand j’aurai été élevé de terre, disait Jésus, j’attirerai à moi tous les hommes”. Et ça continue avec tous ceux qui lèvent encore les yeux vers la croix. Cette personne, âgée, à qui je donnais le sacrement des malades, m’avouait : « c’est le regard sur la croix qui m’aide à tenir ! »

On renouvelle son alliance avec le Christ. Et la 1ère lecture, celle de Jérémie, nous invite à faire de la Loi, de l’Alliance, une alliance nouvelle, inscrite au plus profond de nous-mêmes, un autre rapport entre nous et Dieu. « Je mettrai ma loi au plus profond d’eux-mêmes : je l’inscrirai dans leur cœur. Je serai leur Dieu, Ils seront mon peuple ».

Ce dimanche, c’est la collecte de notre carême pour le CCFD qui fête cette année ses 60 ans. Cet organisme nous est donné pour vivre notre charité à la dimension du monde.

Maurice BEZ