Homélie du père Maurice Bez — Doyenné 02 / Banlieue - Val de l'Ognon

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Homélie du père Maurice Bez

Homélie du jour de Pâques - Année B - 30 mars 2024

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Sur Jérusalem plane un silence de mort. Les étoiles s’éteignent, le monde dort, le coq qui avait chanté trois fois avant le reniement de Pierre n’a pas encore annoncé la plus grande, la première des aurores. La terre entière est endormie, comme les disciples à Gethsémani.

Joseph d’Arimathie, lui, veille, sans doute comme les femmes amies, en attendant que la nuit se meure.

Ce Joseph d’Arimathie fut-il bouleversé par l’extrême pauvreté d’un Dieu qui a voulu tout donner à l’humanité. En tout cas, ce disciple a voulu que le Maître ait une demeure digne de soi. Dans la partie respectable de la carrière, au-delà des remparts, ce Joseph s’était fait creuser un tombeau pour lui. Il le laisse à son ami. Ne fallait-il pas que le Fils de l’Homme, pour assumer en tout la condition humaine, connût la grande nuit du cimetière ? Mais on n’enterre pas Dieu, car la Vie a un autre lieu.

Enfin se lève le jour… Et voilà que ces femmes, ayant attendu la fin du Sabbat, s’empressent d’aller au tombeau… pour embaumer le corps de Jésus. Tous les évangélistes parlent de ces femmes qui, les premières, vont découvrir le tombeau vide, et vont faire l’expérience que Jésus est ressuscité !

Normal, les femmes ne sont-elles pas au commencement de la vie ? Ne sont-elles pas celles qui conduisent la vie à terme, elles qui tissent dans la nuit de leur propre corps la vie qu’elles vont mettre à la lumière du monde.

Dans l’Évangile de Jean, c’est Marie-Madeleine qui va au tombeau – tombeau : 7 fois nommé dans cet évangile – « qui va enlever la pierre ? » se demande-t-elle en chemin ? La pierre devant, c’est la mort qui est victorieuse, la pierre enlevée, c’est la mort qui est vaincue. Elle court dire à Pierre et à l’autre disciple, celui que Jésus aimait, qu’on a enlevé le Seigneur de son tombeau et nous ne savons pas où on l’a mis… Marie-Madeleine, la pécheresse pardonnée que Jésus, par son regard, avait depuis longtemps ressuscitée ! « On ne sait pas où on l’a mis… » Mais maintenant, elle et nous, nous savons ! Nous sommes au premier jour de la semaine : car le dimanche, pour nous, est le premier jour de la semaine : nouveau monde, nouvelle création… Nous naissons à nouveau de la vie même du Christ !

Pierre partit et l’autre disciple aussi… Ils couraient tous les deux ! Jean arriva le premier –normal, le plus jeune- mais laissa Pierre entrer le premier ; Pierre, le responsable : il voit le tombeau vide, mais Jean lui aussi le voit : et on dit, dans l’Évangile : « Il vit et il crut ! » Jean, ce disciple que Jésus aimait, comprend tout : il vivait une complicité profonde avec Jésus ! St Anselme disait : « Il ne faut pas comprendre pour croire, il faut croire pour comprendre ».

Voilà notre mot de passe : le tombeau vide ! Il n’y a pas de preuve de la résurrection de Jésus, personne ne l’a vu en train de ressusciter. Les yeux de la chair voient le tombeau vide, mais les yeux de la foi voient la résurrection de Jésus.

« Ils n’avaient pas compris que selon l’Écriture, il fallait que Jésus ressuscite d’entre les morts. »

C’est pour avoir fait ce lien que Jean, simplement devant le tombeau vide, a vu et a cru. Il faut l’évènement pour comprendre l’Écriture et il faut l’Écriture pour saisir l’Évènement. La foi est à la croisée de l’évènement et de l’Écriture. Cette expérience attire notre attention sur l’aujourd’hui du mystère pascal. La résurrection n’est pas pour demain, mais pour aujourd’hui, dans chacune de nos vies et au cœur du monde. St Paul ne dit-il pas : « Si le Christ n’est pas ressuscité, nous non plus ».

Quand St Paul nous dit : « vous êtes ressuscités avec le Christ, recherchez les choses d’en haut… » Les choses d’en haut, ce n’est pas s’évader du monde, mais s’y enfouir, avec et comme le Christ, pour faire se lever un monde nouveau, pour faire des hommes nouveaux. Quand nous nous ouvrons à tous les hommes, quand on accueille tous ces migrants fuyant la guerre, c’est le monde nouveau qui se fait, c’est le Christ qui est accueilli.

Mais si nous n’avons pas de preuves, nous pouvons vérifier les effets de la Résurrection : la transformation profonde des êtres et des communautés qui se laissent habiter par l’Esprit, comme dit Paul, est la plus belle preuve que Jésus est bien vivant.

Qu’a fait Jésus, le jeudi Saint, il a mimé sa mort. Il a voulu que sa mort ne tombe pas dans l’oubli. C’est pourquoi il a voulu mettre en mémoire, sous forme d’un repas, sa passion, sa vie donnée. Donc la veille de sa mort, il a mis sur la table son sacrifice, sa vie donnée : il prend du pain et du vin, il a pour ainsi dire mimé sa mort du lendemain, en affirmant que son Corps livré, son sang versé soient gardés en mémoire, sauvegardée, jusqu’à la fin des temps. « Faites cela en mémoire de moi ! » : c’est ce que nous faisons chaque dimanche, premier jour de la semaine, premier jour d’un monde nouveau, premier jour d’une vie renouvelée pour chacun et chacune d’entre nous. « Le Christ est ressuscité, Il est vivant ! » une petite phrase toute simple, mais qui a traversé les siècles sans perdre de sa force, et qui continue de faire se rassembler tous ceux et toutes celles qui croient en Jésus, ressuscité ! Et même s’ils ne peuvent se rassembler, ils se savent reliés les uns aux autres dans le ressuscité !

Mais si nous n’avons pas de preuves, nous pouvons vérifier les effets de la Résurrection : la transformation profonde des êtres et des communautés qui se laissent habiter par l’Esprit, comme dit Paul, est la plus belle preuve que Jésus est bien vivant ! Les signes, au cœur de cette pandémie, sont là pour révéler la force de l’Esprit chez l’homme pour détruire les forces de mort et susciter la vie.

… Belle fête de Pâques pour chacun et chacune d’entre nous et nos familles ! Et à nos communautés paroissiales.

Maurice B.

Et maintenant ?

Vous remarquerez que nous ne disons pas « dimanches après Pâques », mais dimanches de Pâques : nous vivons encore Pâques : c’est une semaine de semaines soit 7 semaines jusqu’à la Pentecôte.