Homélie du père Maurice Bez — Doyenné 02 / Banlieue - Val de l'Ognon

Aller au contenu. | Aller à la navigation

Outils personnels

Accéder au site diocésain

Doyenné Banlieue - Val de l'Ognon Doyenné Banlieue - Val de l'Ognon

Homélie du père Maurice Bez

6ème dimanche de Pâques – 5 mai 2024

(Actes 10, 25… 48 ; Ps 97 ; 1 St Jean 4, 7-10 ; St Jean 15, 9-17)

Télécharger l'homélie

Jésus nous livre son Testament…

C’est toujours émouvant d’entendre les dernières paroles de quelqu’un qui va mourir !

La page d’Évangile d’aujourd’hui se situe le jeudi Saint à la fin du dernier repas de Jésus. L’ambiance au sein des douze est tragique : Jésus vient d’annoncer la trahison de Judas, et prédit à Pierre qu’il va le renier trois fois… et comble de l’angoisse : Il leur annonce qu’ « il s’en va ! ». Et à la manière de ces parents qui, au soir de leur vie, demandent à leurs enfants de rester « unis », de « s’aimer », Jésus livre « son dernier commandement » : « Aimez-vous les uns les autres, comme je vous ai aimés ». Ce sont les dernières confidences de Jésus.

Ce dimanche pourrait s’intituler : « le dimanche de l’Amour ». 11 fois dans l’Évangile : « amour, aimés, amis… » et 7 fois dans la lettre de St Jean, le mot « amour ».

« Le Père m’a aimé. Moi aussi je vous ai aimés ». Jésus nous aime du même amour. Mais il y a ce « comme ». C’est l’amour du Christ qui est le modèle de mon amour, la mesure de l’amour est d’aimer sans mesure. Le « Comme » est redoutable. Cela veut dire d’aimer jusqu’à l’extrême, jusqu’à la mort ! « Ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, il les aima jusqu’au bout… ». Luc, à travers l’histoire du Bon Samaritain développe cette compréhension de l’amour. Le Samaritain a soigné le blessé, il l’a chargé sur sa monture, il l’a emmené chez l’aubergiste et il a payé pour ses frais. Sa compassion ne s’est pas exprimée par un sentiment, mais par des actions. Il a donné une part de sa vie, son temps, son argent, pour rendre de la vie au blessé.

Ou encore cette femme, qui rentrant chez elle, découvre une famille de migrants qui vivent, dorment dans leur voiture. Elle leur propose de venir chez elle, ils y resteront plusieurs jours.

« Je ne vous appelle plus serviteurs, mais amis ». Nous changeons de statut. Nous ne sommes plus de simples serviteurs, mais nous devenons des amis du Seigneur. C’est fondateur de notre foi. On enseigne des disciples, on partage avec des amis. Jésus invite ses disciples à entrer dans son amitié, son intimité. Ils sont amis parce que Jésus leur a tout fait connaître. Un ami est quelqu’un à qui on ouvre son cœur, avec qui on partage ce qui nous fait vivre. On comprend que Jésus parle de joie, une joie partagée. « Que ma joie soit en vous et que votre joie soit parfaite ». On comprend que Jésus ajoute qu’ « il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis ». N’oublions pas que Jésus dit cela, la veille de sa mort sur la croix… Oui, aimer comme, c’est exigeant, difficile. « Ce n’est pas pour rire que je t’ai aimé… »

« Dieu est amour », lisons-nous dans la 1ère lettre de st Jean. Non seulement, il est la source de l’amour, mais il est fondamentalement amour. Aimer fait ressembler à Dieu. Nous sommes reconnus comme ses enfants. « Tous ceux qui aiment sont enfants de Dieu et ils connaissent Dieu ». Oui, quand nous aimons, quand nous donnons de notre temps, quand nous faisons attention, etc. Il fait Dieu dans notre vie. Mieux, St Jean dans sa lettre va plus loin. Nous n’avons pas le monopole de l’amour, nous rencontrons des personnes, incroyantes, dont la vie témoigne d’une grande générosité, d’une vive compassion. L’amour circule autour d’elles, « ils connaissent Dieu » affirme St Jean.

« La Pentecôte des païens ». Dans ce passage des Actes, nous assistons à un grand tournant dans la vie de cette primitive Église, sous l’impulsion de l’Esprit Saint : l’entrée des païens dans l’Église. Pierre arrive à Césarée… Il est reçu par un centurion, Corneille, qui s’incline devant lui ; mais Pierre veut tenir une place de frère : « Lève-toi, moi aussi, je suis un être humain ». Pierre va prendre la Parole et dire que Dieu ne fait pas de différence entre les hommes. Il va ajouter : « Quelqu’un peut-il refuser l’eau du baptême à ces gens qui ont reçu l’Esprit Saint comme nous ? » Là, Pierre ouvre l’Église à l’universel. Dieu, dira-t-il, m’a montré qu’il ne fallait dire de personne qu’il est souillé ou impur. Nous avons à nous interroger sur l’accueil, le regard que nous portons sur les autres, le « jugement » porté arrête une vie, un mouvement ou encore un changement possible. « Tu n’as pas à célébrer avec ces gens-là ! », me dit un prêtre : Terrible ! Cette réflexion, au moment où les églises se vident ! On sait que c’était interdit à un juif de se lier avec un étranger, et cependant ils ont fait ce chemin de conversion pour changer leur regard. À ces « gens du dehors », l’Esprit ouvre un passage vers le baptême. Laissons l’Esprit Saint agir… si on l’en empêche, nous sommes d’un mauvais esprit ! Le christianisme est une religion de l’Amour : ça peut-être notre fierté au cœur de ce monde, si indifférent ! À condition de vivre cet amour, mais … le voulons-nous ?

Maurice Bez