Homélie du père Maurice Bez
PENTECÔTE - 19 mai 2024
(Actes 2, 1-11 ; Ps. 103 ; Galates 5, 16-25 ; Jean 15, 26-27 ; 16, 12-15)
Cet Esprit qui bouscule… imprévisible !
On dit qu’à la Pentecôte, c’est Pâques qui prend feu. Jésus devient contemporain de tout homme, de tous les temps, races et cultures et, par son Esprit qu’il nous donne, embrase toute l’Humanité.
Hier, déjà, qui aurait pu prévoir l’immense tempête qui a bouleversé en si peu de temps tous ces peuples qui se sont levés, ont bouleversé le cours de leur histoire. Personne ! Et tous ceux qui, au péril de leur vie fuient leur pays, pour trouver refuge dans un pays de liberté, d’humanité. Il faut croire qu’ils espèrent en nous, Occidentaux, pour s’aventurer ainsi, chez nous !
Ne serait-ce pas un signe qui nous rappelle que l’homme et les peuples possèdent une dimension spirituelle, des réserves d’énergies intérieures, souterraines, qu’aucune dictature ou n’importe quelle structure humaine ne pourra jamais endiguer.
Ces explosions imprévisibles, jaillissant des profondeurs des peuples, avides de liberté, de justice, d’égalité, manifestent que rien ne peut étouffer définitivement l’Esprit qui anime l’homme et l’anime de l’intérieur pour le mettre debout. C’est cela le fondement de mon espérance : Rien ne peut rester comme ça… Tout peut changer !
On peut bâillonner la parole, enchaîner la liberté, mais aucun pouvoir humain ne peut tuer le souffle de l’Esprit dont on ne sait « ni d’où il vient ni où il va ».
Des « Tours de Babel » existent ou « se construisent » encore aujourd’hui… Babel : la dispersion, la confusion… Aujourd’hui, on construit des murs, pour séparer les peuples les uns des autres, mais là, on va droit dans le mur, mais un jour l’homme, les hommes, les peuples se redresseront, se lèveront, se mettront ensemble et crieront leur désir de dignité, de liberté, de démocratie. Toutes ces atteintes à la dignité de l’homme, le mépris des valeurs les plus sacrées, sont les symptômes de sociétés qui ont, plus ou moins inconsciemment, étouffé les sources intérieures de l’homme.
L’Esprit de Pentecôte, à chaque époque, est l’Esprit des nouveaux commencements, capable de renverser tous ces régimes qui ont mis à terre un peuple pour mieux le dominer et le réduire à sa dimension socio-économique pour en profiter. Il remplit soudain les rues et les places de foules capables de regarder en face les chars et les fusils, irrésistible raz de marée d’une liberté trop longtemps contenue.
Dans la Bible, chaque fois qu’un peuple est mis à terre, l’Esprit du Créateur le fait se lever. Les « ossements desséchés » nous rappellent qu’un peuple mis à terre, peut devenir un peuple qui redresse la tête, retrouve sa dignité et prend place dans le concert des nations. La Pentecôte : quand tout semble perdu, soudain, jaillit une nouvelle dynamique porteuse d’espérance.
Attention ! Le saint Esprit est « plein d’esprit », Il a l’art de surprendre, parce qu’il est Celui qui fait entrer la « nouveauté » dans le monde. Il a plus d’un tour dans son sac ! Il n’a pas fini de nous surprendre ! À condition qu’on le prie d’agir… Nous vivons le temps de l’Esprit Saint ! Dernier temps de présence de Dieu à l’humanité. Ne l’oublions pas.
Chaque jour, c’est Pentecôte !
Maurice BEZ
Une prière de Pentecôte pour notre monde de ce temps…
« À tous les puissants, donne l’Esprit d’humilité,
à tous les individualistes, donne l’Esprit communautaire,
à tous les radins, donne l’Esprit de largesse,
à tous les coincés, donne l’Esprit d’ouverture,
à tous les tordus, donne l’Esprit de droiture,
à tous les agités, donne l’Esprit de sérénité,
à tous les fanatiques, donne l’Esprit de tolérance,
à tous les pressés, donne l’Esprit de patience,
face à tous les exclus, donne-nous l’Esprit compatissant,
face à tous les paumés, donne-nous l’Esprit d’accueil,
face à tous les mal-aimés, donne-nous l’Esprit d’amour. »