Méditation du père Bruno Doucet
Méditation fête du Saint-Sacrement du Corps et du Sang du Christ
Elle s’appelle Fernande, elle a 98 ans. L’Esprit encore bien présent mais le corps bien abîmé, elle vit en Suisse, chez un de ses petit-fils, infirmier de profession, qui, avec son épouse médecin, a choisi de mettre entre parenthèse son métier et d’accueillir sa grand-mère chez eux et de s’en occuper à plein temps.
Dernièrement, il me racontait qu’un dimanche, il avait emmené sa grand-mère à la messe de la paroisse. Messe plutôt terne qui, à priori, ne portait pas à la louange… en sortant, poussant sa grand-mère assise dans son fauteuil roulant, il la vit le visage rayonnant de bonheur. Étonné, il lui demanda ce qui la rendait aussi heureuse. Elle lui répondit : « J’ai communié ! »
Ce témoignage m’a profondément interpellé, moi qui, depuis 40 ans, célèbre la messe à peu près tous les jours. Suis-je à chaque fois aussi rayonnant de bonheur que mon amie Fernande ?...
Quand je reçois l’hostie consacrée en moi, quand je bois à la coupe de vin consacré, quand je donne cette hostie aux hommes et femmes qui sont là, célébrant avec moi, je sais que, ce pain, même consacré, reste de la farine et de l’eau cuite. Mais je crois qu’il est à ce moment et à chaque fois, non pas qu’une commémoration d’un évènement qui s’est passé dans un coin de Palestine il y a 2000 ans, mais une action de Dieu qui se renouvelle, là, en ce jour et qui fait don de Sa vie et de son Amour au monde, à la multitude, en son Fils Jésus, à cet instant, à chaque messe.
Et je crois que, communiant à son Corps, avec mes frères et sœurs communiant eux aussi, nous sommes alors le Corps du Christ remplis et forts de sa présence, de son Esprit. N’y-a-t-il pas là de quoi rayonner de bonheur !
Et, quand, de temps en temps, je prends le temps de l’adoration devant le Saint Sacrement exposé, la contemplation de l’hostie consacrée me rappelle, avec St Paul dans sa lettre aux Corinthiens, que je suis un membre de ce Corps de Jésus en communion avec tous les autres membres et en particulier les plus fragiles. Et il m’arrive à ces moments-là d’adoration de penser que Dieu me contemple lui aussi avec tout ce que je suis et qu’Il m’aime comme je suis, jusqu’au cœur de mon péché pour m’aider à m’en sortir, à m’élever.
Toute messe, quelque soit le prêtre qui préside, l’animation pleine de louange ou pas, est alors Action de Grâce, un Merci adressé à notre Dieu qui a pris chair de la Vierge Marie et s’est fait homme pour nous faire vivre de sa divinité.
Bruno, votre frère prêtre