À Malte, le rêve du Pape pour les migrants
Dernière rencontre le dimanche après-midi lors de son séjour à Malte pour le pape François. C'est au centre d'accueil et d'hébergement pour les migrants "Jean XXIII Peace Lab" qu'il se rend, dans ce village d'Hal Far au sud de l’île, face aux côtes libyennes et tunisiennes.
Deux survivants des traversées de la Méditerranée recueillis à Malte, ont témoigné ce dimanche devant le pape qui, depuis son voyage à Lampedusa, au tout début de son pontificat, en juillet 2013, les porte toujours dans son cœur et dans ses prières comme il l’a rappelé aux deux cents migrants réunis ce dimanche :
« Je vous salue tous avec affection et je suis heureux de conclure ma visite à Malte en passant un peu de temps avec vous. Je remercie le Père Dionisio pour son accueil et surtout je suis reconnaissant à Daniel et à Siriman pour leurs témoignages : vous nous avez ouvert votre cœur et votre vie, et en même temps vous êtes devenus les porte-parole de beaucoup de frères et sœurs qui ont été contraints de quitter leur patrie pour chercher un refuge sûr.
Comme je l'ai dit il y a quelques mois à Lesbos, "je suis ici pour vous dire que je suis proche de vous... je suis ici pour voir vos visages, pour vous regarder dans les yeux" (Discours à Mytilène, 5 décembre 2021). Depuis le jour où je suis allé à Lampedusa, je ne vous ai jamais oubliés. Je vous porte toujours dans mon cœur et vous êtes toujours présents dans mes prières. »
Rappelant l’épisode du naufrage de saint Paul, François a souhaité à Malte « de traiter toujours de cette façon ceux qui débarquent sur ses côtes, d’être vraiment pour eux un port sûr ». Répondant à Daniel, venu du Nigéria et à Siriman, lui aussi venu d’Afrique, le Pape a souligné que cette expérience du naufrage vécue par des centaines de milliers de personnes ces dernières années en Méditerranée, « a été tragique » « malheureusement pour beaucoup d’entre eux ». Et de rappeler que samedi, 90 personnes ont péri en mer au large de la Libye.
Sa pensée se tourne vers le rêve de ces migrants de rejoindre une autre terre où ils espèrent trouver liberté et démocratie. Ce rêve est bafoué, car leurs « droits fondamentaux sont violés, parfois malheureusement avec la complicité des autorités compétentes », a dénoncé le Saint-Père, insistant sur ce dernier point avant de mettre en garde : « Ne nous laissons pas tromper par ceux qui disent : "il n’y a rien à faire" ».
Et de conclure :
« Puisque ce Centre porte le nom du Pape saint Jean XXIII, j'aime rappeler ce qu'il a écrit à la fin de sa mémorable encyclique sur la paix : "Que [le Seigneur] bannisse des âmes ce qui peut mettre la paix en danger, et qu'il transforme tous les hommes en témoins de vérité, de justice et d'amour fraternel. Qu'il éclaire ceux qui président aux destinées des peuples, afin que, tout en se préoccupant du légitime bien-être de leurs compatriotes, ils assurent le maintien de l'inestimable bienfait de la paix. Que le Christ, enfin, enflamme le cœur de tous les hommes et leur fasse renverser les barrières qui divisent, resserrer les liens de l'amour mutuel, user de compréhension à l'égard d'autrui et pardonner à ceux qui leur ont fait du tort. Et qu'ainsi, grâce à lui, tous les peuples de la terre forment entre eux une véritable communauté fraternelle, et que parmi eux ne cesse de fleurir et de régner la paix tant désirée" (Pacem in Terris, n.91). »
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