Exposition "Le sens du sacré" de Dominique Meunier
Michel Lagrange nous parle des œuvres de Dominique Meunier
« Dans ses œuvres, ce qui compte, ce ne sont pas tant les jeux subtils de la lumière et des ombres, de l’obscurité et des trouées de lumière fulgurante, que le dépassement des apparences au seul profit de l’invisible. Dominique Meunier est un homme de foi, un peintre d’icônes. Il ne veut pas des sentiers battus sur lesquels il est confortable de s’avancer. Il scrute ce qui ne se voit pas, il invente, comme un archéologue de l’au-delà, un espace et un temps supérieurs. Un spectateur amateur de son univers en suspension se trouvera transfiguré devant un tel déploiement de formes où la profondeur égale l’altitude, de couleurs fondues et libres de se déployer, de chaos en train de se métamorphoser en apparitions fantastiques, oniriques, religieuses, au sens où la religion nous relie à ce qu’on ne saurait voir, à ce qui nous concerne en plus haut lieu. Au-delà de nos douleurs, car il faut sans doute avoir souffert, comme le Christ, présent en plusieurs toiles, et vaincu pour oser se lancer sur des chemins de si haut vol. Il y a paradoxalement dans cette peinture lourde de matières, que l’artiste sculpte à tour d’esprit, un essor de l’âme offrant au visiteur une échappée belle hors d’un l’espace et d’un temps réducteurs, une envolée lyrique, une transcendance assumée. Ce sont des pages de méditation, qui traduisent l’impatience qui devrait être la nôtre de sortir par le haut de notre prison quotidienne. Leçons du Maître Vent qui n’est que spirituel, hymne d’un contemplatif à l’écho du sacré. Voilà ce qui me paraît l’essentiel d’une démarche à ciel ouvert, d’une élévation méritée, accueillant la beauté comme la preuve que nos yeux charnels doivent laisser le plus beau rôle aux yeux de l’âme. On dirait que ce pionnier de l’invisible est le traducteur officiel, mandaté par quelque puissance divine, pour rendre compte de la dimension sacrée de la création naturelle. Ainsi, les ombres et les lumières n’ont de naturel que l’apparence. On trouve ici une Œuvre au Noir, au sens alchimique. Cette peinture est préparée pour le Grand Œuvre. Car en réalité, elle appartient à des courants supérieurs, à des jeux de mémoire qui n’ont pas oublié l’alchimie de nos noces d’or avec tout ce qui nous dépasse, et dépasse même l’angoisse de notre époque incrédule et profane. Avec l’art de Dominique Meunier, on entre dans le temple et l’on est pardonné, rédimé. Une telle vocation artistique, ce n’est évidemment pas un jeu, c’est une édification de soi, un destin. »
Michel Lagrange*
*Michel Lagrange. Écrivain, poète, conférencier. Il est l’auteur d’une cinquantaine d’ouvrages, dont certains sont des livres de bibliophilie écrits en collaboration avec des artistes contemporains comme Pierre Soulages, Bernard Foucher. Il est salué par René Char, Pierre Emmanuel, Claude Vigée, Yves Bonnefoy, Léopold Cedar Senghor, Marguerite Yourcenar. Il a obtenu de nombreux et prestigieux prix : Prix de l’Académie française, Chevalier des Palmes Académiques, Officier des Arts et Lettres, Prix Marie Noël, Chevalier de l’Ordre National du Mérite et, Président du Centre Régional du Livre en Bourgogne (2006-2011).