12 février - 6ème dimanche du temps ordinaire — Paroisse de Gray

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12 février - 6ème dimanche du temps ordinaire

"SI VOTRE JUSTICE NE SURPASSE PAS CELLE DES PHARISIENS..."
Ben Sira nous le rappelle aujourd'hui, suivre les commandements, c'est avancer sur un chemin de vie. Cet enseignement, les disciples de Jésus le connaissent bien. Mais, avec Jésus, ils font un pas de plus. Car le Christ leur révèle également les racines du mal. Que le Christ nous aide, chaque jour, à choisir la vie et le bonheur (Prions en Eglise)

DIMANCHE 12 FÉVRIER - 10h00 - MESSE À LA BASILIQUE NOTRE-DAME

CLÉS DE LECTURE DIMANCHE 12 FÉVRIER 2023

MARCHER DANS LES VOIES DE DIEU
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PREMIÈRE LECTURE | Ben Sira 15, 15-20
Bien que le livre du Siracide ne fasse pas partie du canon hébraïque des Écritures, son contenu est typique de la sagesse juive, et notamment de celle qu’on trouve dans le livre des Proverbes . On le dit plutôt conservateur, mais dans le bref extrait qui nous est donné aujourd’hui, il invoque de plusieurs manières la liberté que Dieu accorde à l’être humain. Chacun est libre et responsable de ses choix, car Dieu « n’a commandé à personne d’être impie, il n’a donné à personne la permission de pécher ». Dieu n’impose pas ses commandements : il les propose dans sa grande sagesse, et il espère une réponse positive de la part de son peuple et des fidèles.

1ère lecture
Si tu le veux, tu peux observer les commandements, il dépend de ton choix de rester fidèle. Le Seigneur a mis devant toi l’eau et le feu : étends la main vers ce que tu préfères. La vie et la mort sont proposées aux hommes, l’une ou l’autre leur est donnée selon leur choix. Car la sagesse du Seigneur est grande, fort est son pouvoir, et il voit tout. Ses regards sont tournés vers ceux qui le craignent, il connaît toutes les actions des hommes. Il n’a commandé à personne d’être impie, il n’a donné à personne la permission de pécher. 
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PSAUME | Psaume 118
Ce psaume constitue un véritable exercice de virtuosité et une somme de sagesse, avec ses 176 versets, en huit sections dans  lesquelles chaque strophe commence, dans l’ordre, par chacune des 22 consonnes de l’alphabet hébreu. C’est d’ailleurs le plus long chapitre de toute la Bible ! On y trouve, comme ici, de nombreuses Béatitudes : « Heureux les hommes intègres dans leurs voies [...] Heureux ceux qui gardent ses exigences. » Ce n’est pas un psaume à lire d’un seul trait, mais plutôt un jardin de délices où de multiples sentiers révèlent les bienfaits de la loi du Seigneur et le bonheur qu’on trouve à marcher dans ses voies.


 

Psaume 
Refrain: Heureux ceux qui marchent suivant la loi du Seigneur !
Heureux les hommes intègres dans leurs voies qui marchent suivant la loi du Seigneur !
Heureux ceux qui gardent ses exigences, ils le cherchent de tout cœur ! 
Toi, tu promulgues des préceptes à observer entièrement.
Puissent mes voies s’affermir à observer tes commandements ! 
Sois bon pour ton serviteur, et je vivrai, j’observerai ta parole.
Ouvre mes yeux, que je contemple les merveilles de ta loi. 
Enseigne-moi, Seigneur, le chemin de tes ordres ; à les garder, j’aurai ma récompense.
Montre-moi comment garder ta loi, que je l’observe de tout cœur. 
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DEUXIÈME LECTURE | 1 Corinthiens 2, 6-10
Paul continue à explorer « la sagesse du mystère de Dieu, sagesse tenue cachée » et trop souvent ignorée par « ceux qui dirigent ce monde ». Il en veut pour preuve l’innommable crucifixion du « Seigneur de gloire », le Christ ressuscité, et il illustre son propos par une série de trois citations dont deux sont tirées du livre d’Isaïe et l’autre de celui du Siracide : « Ce que l’oeil n’a pas vu, ce que l’oreille n’a pas entendu » (cf. Is 64, 3) ; « Ce qui n’est pas venu à l’esprit de l’homme » (cf. Is 65, 17) ; « Ce que Dieu a préparé pour ceux dont il est aimé » (cf. Si 1, 10). Paul puise donc dans l’immense trésor du prophète Isaïe et dans les propos d’un grand sage d’Israël (le Siracide).

2ème lecture
Frères, c’est bien de sagesse que nous parlons devant ceux qui sont adultes dans la foi, mais ce n’est pas la sagesse de ce monde, la sagesse de ceux qui dirigent ce monde et qui vont à leur destruction. Au contraire, ce dont nous parlons, c’est de la sagesse du mystère de Dieu, sagesse tenue cachée, établie par lui dès avant les siècles, pour nous donner la gloire. Aucun de ceux qui dirigent ce monde ne l’a connue, car, s’ils l’avaient connue, ils n’auraient jamais crucifié le Seigneur de gloire. Mais ce que nous proclamons, c’est, comme dit l’Écriture : ce que l’œil n’a pas vu, ce que l’oreille n’a pas entendu, ce qui n’est pas venu à l’esprit de l’homme, ce que Dieu a préparé pour ceux dont il est aimé. Et c’est à nous que Dieu, par l’Esprit, en a fait la révélation. Car l’Esprit scrute le fond de toutes choses, même les profondeurs de Dieu. 
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ÉVANGILE | Matthieu 5, 17-37
Jésus maintient la validité et la pertinence de « la Loi ou les Prophètes », car il n’est « pas venu abolir, mais accomplir ». Il ajoute même que « pas un seul iota, pas un seul trait ne disparaîtra de la Loi jusqu’à ce que tout se réalise ». Mais encore faut-il s’en tenir non pas à la lettre de la Loi, mais à son esprit. Jésus commente ici à sa manière trois des Dix Commandements : « Tu ne commettras
pas de meurtre » ; « Tu ne commettras pas d’adultère » ; « Tu ne manqueras pas à tes serments. » Dans chaque cas, il élargit la perspective de chacun de ces trois commandements.

Évangile
En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Ne pensez pas que je sois venu abolir la Loi ou les Prophètes : je ne suis pas venu abolir, mais accomplir. Amen, je vous le dis : Avant que le ciel et la terre disparaissent, pas un seul iota, pas un seul trait ne disparaîtra de la Loi jusqu’à ce que tout se réalise. Donc, celui qui rejettera un seul de ces plus petits commandements, et qui enseignera aux hommes à faire ainsi, sera déclaré le plus petit dans le royaume des Cieux. Mais celui qui les observera et les enseignera, celui-là sera déclaré grand dans le royaume des Cieux.  Je vous le dis en effet : Si votre justice ne surpasse pas celle des scribes et des pharisiens, vous n’entrerez pas dans le royaume des Cieux.
Vous avez appris qu’il a été dit aux anciens : Tu ne commettras pas de meurtre, et si quelqu’un commet un meurtre, il devra passer en jugement. Eh bien ! moi, je vous dis : Tout homme qui se met en colère contre son frère devra passer en jugement. Si quelqu’un insulte son frère, il devra passer devant le tribunal. Si quelqu’un le traite de fou, il sera passible de la géhenne de feu. Donc, lorsque tu vas présenter ton offrande à l’autel, si, là, tu te souviens que ton frère a quelque chose contre toi, laisse ton offrande, là, devant l’autel, va d’abord te réconcilier avec ton frère, et ensuite viens présenter ton offrande. Mets-toi vite d’accord avec ton adversaire pendant que tu es en chemin avec lui, pour éviter que ton adversaire ne te livre au juge, le juge au garde, et qu’on ne te jette en prison. Amen, je te le dis : tu n’en sortiras pas avant d’avoir payé jusqu’au dernier sou.
Vous avez appris qu’il a été dit : Tu ne commettras pas d’adultère. Eh bien ! moi, je vous dis : Tout homme qui regarde une femme avec convoitise a déjà commis l’adultère avec elle dans son cœur. Si ton œil droit entraîne ta chute, arrache-le et jette-le loin de toi, car mieux vaut pour toi perdre un de tes membres que d’avoir ton corps tout entier jeté dans la géhenne. Et si ta main droite entraîne ta chute, coupe-la et jette-la loin de toi, car mieux vaut pour toi perdre un de tes membres que d’avoir ton corps tout entier qui s’en aille dans la géhenne. Il a été dit également : Si quelqu’un renvoie sa femme, qu’il lui donne un acte de répudiation. Eh bien ! moi, je vous dis : Tout homme qui renvoie sa femme, sauf en cas d’union illégitime, la pousse à l’adultère ; et si quelqu’un épouse une femme renvoyée, il est adultère.
Vous avez encore appris qu’il a été dit aux anciens : Tu ne manqueras pas à tes serments, mais tu t’acquitteras de tes serments envers le Seigneur. Eh bien ! moi, je vous dis de ne pas jurer du tout, ni par le ciel, car c’est le trône de Dieu, ni par la terre, car elle est son marchepied, ni par Jérusalem, car elle est la Ville du grand Roi. Et ne jure pas non plus sur ta tête, parce que tu ne peux pas rendre un seul de tes cheveux blanc ou noir. Que votre parole soit “oui”, si c’est “oui”, “non”, si c’est “non”. Ce qui est en plus vient du Mauvais. » 
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COMMENTAIRE DU DIMANCHE
Jonathan Guilbault, directeur éditorial de Prions en Église Canada

SUIVRE LA RÈGLE ?

Personne n’aime se faire donner une leçon de morale. Pourtant, des livres bibliques comme celui de Ben Sira le Sage traduisent l’enjeu central de notre existence d’une manière absolument morale : « Le Seigneur a mis devant toi l’eau et le feu : étends la main vers ce que tu préfères. » Mais est-ce si simple ? Je ne reconnais pas la nébuleuse de connaissance et d’ignorance, de courage et de lâcheté, de couleurs vives et de nuances de gris qui constituent l’épaisseur de ma vie dans cette alternative entre l’eau et le feu. D’ailleurs, l’eau peut tuer aussi bien que le feu ; le feu peut purifier autant que l’eau. Cependant, finasser ainsi, c’est être de mauvaise foi. Car, au fond, nous comprenons tous que par-delà les exagérations, l’interpellation à exercer notre fragile liberté en faveur de ce qui répare et soutient fait vibrer en nous la même corde qui fait chanter notre âme. L’une des façons de choisir le « feu » est de nier la dimension morale de nos actes. Comme si tout ce que nous faisions était aussi neutre que de choisir un parfum de crème glacée. L’autre façon est dénoncée par Jésus dans l’évangile de ce dimanche : réduire l’aspect moral de notre vie au fait de suivre ou non les règles, à la manière des scribes et des pharisiens. C’est là une forme de paresse morale. D’ailleurs, respecter les règles est parfois, paradoxalement, le meilleur moyen de mettre le feu dans nos relations avec les autres.

Est-ce qu’il m’est arrivé de prendre une décision importante sans en soupeser la dimension morale ?
M’est-il déjà arrivé de transgresser des règles pour accomplir le bien ? 
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MÉDITATION BIBLIQUE
Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu 5, 17-37
Marie-Laure Durand, bibliste, Prions en Église

L’ACCOMPLISSEMENT DE LA LOI
L'enseignement de Jésus dépasse la question religieuse pour concerner la relation que chacun entretient avec la Loi

Le temps de l’observation
Accomplir la Loi est l’affaire des Juifs. C’est à eux que Jésus s’adresse, eux pour qui l’alliance avec Dieu passe par la mise en œuvre de la Loi dans leur vie. L’enseignement de Jésus porte donc sur l’accomplissement. Les exemples qu’il donne interrogent une interprétation rigoriste de la Loi. Jésus reproche à cette pratique le confort subtil dans lequel elle met ses partisans. À bien regarder les situations présentées, appliquer la Loi de façon rigoriste a un double défaut. D’une part, l’obéissance à la lettre risque de faire passer à côté des signaux faibles de la vie, tous ces petits détails qui peuvent avoir de grandes conséquences dans la réalité. D’autre part, appliquer la Loi sans discernement n’aide pas à connecter la pratique à l’intériorité de la personne. L’application littérale est donc dangereuse car elle fausse, contredit le travail même de la Loi. 

Le temps de la méditation
Les chrétiens, en tant que païens, ne sont pas soumis à la Loi. Elle reste aujourd’hui encore, pour le peuple juif, un lien central d’accomplissement de leur alliance avec Dieu. Pourtant, en tant que chrétiens, les propos de Jésus nous concernent. Nous avons tous un rapport à la Loi, nous souhaitons tous bien faire. Jésus appelle non pas à obéir mais à accomplir. Vivre la Loi, ce n’est pas s’en servir comme une menace pour soi ou pour les autres. En tenant compte des prescriptions énoncées, c’est veiller aux signaux faibles qui racontent notre histoire, nos désirs, nos craintes. C’est creuser un chemin d’intériorité pour que la Loi ne génère pas en nous de la duplicité, de l’hypocrisie ou de la bien-pensance. Se soumettre à la loi est exigeant et l’est d’abord pour soi. Jésus ne s’en sert pas pour dicter une norme aux autres. Il s’en sert comme d’un guide précieux pour inviter chacun à plus d’unité et de délicatesse.

Le temps de la prière
« Montre-moi comment garder ta loi, que je l’observe de tout cœur. » (Ps 118, 34)

Marie-Laure Durand, bibliste