15.11.2020 - 4ème journée mondiale des pauvres (Thème : "Tends ta main au pauvre") - Journée nationale du Secours Catholique - Caritas France
Le thème est : "TENDS TA MAIN AU PAUVRE" (Si 7,32)
ENTRE NOS MAINS !
"Celui qui a de quoi vivre en ce monde, s'il voit son frère dans le besoin sans se laisser attendrir, comment l'amour de Dieu pourrait-il demeurer en lui ? Mes enfants, nous devons aimer : non pas avec des paroles et des discours, mais par des actes et en vérité "(1 Jn 3, 17-18)
Ces paroles de l'apôtre Jean expriment un appel qu'aucun chrétien ne peut ignorer. Le pape François nous dit : "Tendre la main aux pauvres est un impératif dont aucun chrétien ne peut faire abstraction". Mais, quel est notre lien avec les pauvres ?
La pandémie vécue entraîne toute une série de crises où surgissent de "nouvelle pauvretés". Elle frappe d eplein fouet les familles aux revenus modestes, les jeunes précaires, les entreprises fragiles ... Quelle solidarité mettre en oeuvre pour éviter un naufrage social ?
Nous voici appelés à tendre la main à ceux qui vivent une telle pauvreté, à les rencontrer, à les regarder, à les appeler par leu nom pur leur faire sentir la chaleur d el'amour qui rompt le cercle de la solitude. Mais aussi, leur main tendue vers nous est une invitation à sortir de nos certitudes et de notre confort : ce sont des mains qui font descendre sur les frères la bénédiction de Dieu.
Nous voici appelés à collaborer davantage, à inventer des partenariats avec d'autres associations, services et mouvmeents et avec les personnes en difficulté elles-mêmes, pour créér des moments de rencontre et d'amitié, de solidarité et d'entraide. Nous avons besoin de l'engagement de tous les acteurs de la société, dont les plus pauvres, pour que la solidarité soit entre les mains de tous. La charité fait partie intégrante de notre identité.
Nous voici appelés à vivre la fraternité, gratuitement, loin de tout jugement hâtif, loin de toute indifférence. les chrétiens sont appelés à regarder la misère de nos frères, à la toucher, à oeuvrer concrètement pour la combattre et la détruire.
La misère en coïncide pas avec la pauvreté. La misère, c'est la pauvreté sans confiance, sans solidarité, sans espérance. C'est l'attitude de ceux qui tiennent leurs mains dans leurs poches et ne se laissent pas émouvoir par la pauvreté, dont ils sont souvent complices. La fraternité nous invite à construire avec nos frères en situation de pauvreté une autre société, où ils ont toute leur place.
Pour les communautés chrétiennes, la Journée mondiale des pauvres nous appelle à une attention fondamentale pour qu'entre nos mains tendues et ouvertes se vivent l'accueil du Tout-Autre, le don de soi-même et l'amour envers le prochain
Mgr Jean-Paul Gusching, évêque de Verdun, membre du Conseil national pour la solidarité et la diaconie
EXTRAITS DE LA LETTRE DU PAPE FRANÇOIS
« La pauvreté prend toujours des visages différents qui demandent une attention à chaque condition particulière : dans chacune d’elles, nous pouvons rencontrer le Seigneur Jésus qui a révélé sa présence dans ses frères les plus faibles (cf. Mt 25, 40) », explique d’abord François pour introduire sa réflexion.
► Être dans le besoin et avoir confiance
Dès les premières pages, le Livre de Ben Sira dont est issu le thème de ce message donne des conseils relatifs à la pauvreté. Il insiste sur le fait que, dans le besoin, il faut avoir confiance en Dieu, relève le Pape : « Ne t’agite pas à l’heure de l’adversité. Attache-toi au Seigneur, ne l’abandonne pas, afin d’être comblé dans tes derniers jours. Toutes les adversités, accepte-les ; dans les revers de ta pauvre vie, sois patient. Dans les maladies comme dans le dénuement, aie foi en lui. Mets ta confiance en lui, et il te viendra en aide ; rends tes chemins droits, et mets en lui ton espérance. Vous qui craignez le Seigneur, comptez sur sa miséricorde, ne vous écartez pas du chemin, de peur de tomber. » (Si 2, 2-7).
► Accompagner la prière du service aux pauvres
Ainsi, en déduit le Saint-Père dans son message, la prière à Dieu et la solidarité avec les pauvres et les souffrants sont « inséparables ». Pour célébrer un culte qui soit agréable au Seigneur, il est nécessaire de reconnaître que toute personne, même la plus indigente et la plus méprisée, porte l’image de Dieu imprimée en elle, précise-t-il.
De cette attention découle « le don de la bénédiction divine », attirée par la générosité pratiquée à l’égard du pauvre. Par conséquent, le temps consacré à la prière ne peut jamais devenir un alibi pour négliger le prochain en difficulté, avertit le Successeur de Pierre. Le contraire, aussi, est vrai : la bénédiction du Seigneur descend sur nous, et la prière atteint son but quand elle s’accompagne du service des pauvres.Ainsi, ce choix de consacrer une attention aux pauvres, à leurs nombreux et divers besoins, ne peut être conditionné seulement par le temps disponible ou par des intérêts privés, ni par des projets pastoraux ou sociaux désincarnés, estime l’évêque de Rome. « On ne peut étouffer la force de la grâce de Dieu par la tendance narcissique de toujours se mettre à la première place ».
► Le regard vers le pauvre, bonne direction
Car en effet, avoir le regard tourné vers le pauvre « est difficile », mais « plus que jamais nécessaire » pour donner à notre vie personnelle et sociale la bonne direction. Et François de détailler ainsi cette confrontation avec la pauvreté : « Chaque rencontre avec une personne en situation de pauvreté nous provoque et nous interroge. Comment pouvons-nous contribuer à éliminer ou, du moins, à soulager sa marginalisation et sa souffrance ? Comment pouvons-nous l’aider dans sa pauvreté spirituelle ? », interpelle-t-il.
► Vivre personnellement la pauvreté évangélique
La communauté chrétienne est, elle, bien appelée à s’impliquer dans cette expérience de partage, sachant qu’il ne lui est pas permis de la déléguer à qui que ce soit. Une condition existe : « pour être un soutien aux pauvres, il est fondamental de vivre personnellement la pauvreté évangélique ».
Conscient que l’Église n’a « pas de solutions globales à proposer », le Pape insiste sur son devoir de « présenter les instances de ceux qui n’ont pas le nécessaire pour vivre ». Mais aussi, de rappeler à tous la grande valeur du bien commun, de n’oublier aucun de ceux dont l’humanité est violée dans ses besoins fondamentaux.
► Les mains tendues du quotidien
« Que de mains tendues pouvons-nous voir tous les jours ! Malheureusement, il arrive de plus en plus souvent que la hâte entraîne dans un tourbillon d’indifférence, au point que l’on ne sait plus reconnaître tout le bien qui se fait quotidiennement, en silence et avec grande générosité », déplore ensuite le Saint-Père, soulignant que « malgré les mauvaises nouvelles qui abondent sur les pages des journaux, des sites internet et des écrans de télévision, la vie est tissée d’actes de respect et de générosité qui, poussent à être remplis d’espérance ».
Tendre la main apparaît donc comme un signe, qui rappelle immédiatement la proximité, la solidarité, l’amour.
« La main tendue du médecin qui se soucie de chaque patient en essayant de trouver le bon remède. La main tendue de l’infirmière et de l’infirmier qui, bien au-delà de leurs horaires de travail, sont restés pour soigner les malades. La main tendue de ceux qui travaillent dans l’administration et procurent les moyens de sauver le plus de vies possibles. La main tendue du pharmacien exposé à tant de demandes dans un contact risqué avec les gens. La main tendue du prêtre qui bénit avec le déchirement au cœur. La main tendue du bénévole qui secourt ceux qui vivent dans la rue et qui, en plus de ne pas avoir un toit, n’ont rien à manger. La main tendue des hommes et des femmes qui travaillent pour offrir des services essentiels et la sécurité ». Des mains qui ont défié la contagion et la peur pour apporter soutien et consolation.
► L’expérience impuissante de la pandémie
Le Pape François explique combien cette pandémie arrivée à l’improviste nous a pris au dépourvu, laissant un grand sentiment de désorientation et d’impuissance.
« Nous nous sentons plus pauvres et plus faibles parce que nous avons fait l’expérience de la limite et de la restriction de la liberté. La perte du travail, des relations affectives les plus chères, comme l’absence des relations interpersonnelles habituelles, a tout d’un coup ouvert des horizons que nous n’étions plus habitués à observer. Nos richesses spirituelles et matérielles ont été remises en question et nous avons découvert que nous avions peur. Enfermés dans le silence de nos maisons, nous avons redécouvert l’importance de la simplicité et d’avoir le regard fixé sur l’essentiel. Nous avons mûri l’exigence d’une nouvelle fraternité, capable d’entraide et d’estime réciproque », écrit-il.
C’est donc un temps favorable pour reprendre conscience que nous avons besoin les uns des autres, relève le Pape, résumant l’enjeu ainsi : « Les graves crises économiques, financières et politiques ne cesseront pas tant que nous laisserons en état de veille la responsabilité que chacun doit sentir envers le prochain et chaque personne ».
« Tends la main au pauvre », est donc une invitation à la responsabilité, une incitation à prendre en charge le poids des plus faibles, comme le rappelle saint Paul : « Tu aimeras ton prochain comme toi-même. (…) Portez les fardeaux des uns les autres » (Ga 5,13-14 ; 6,2).
► La mondialisation de l’indifférence
Le Saint-Père développe enfin l’indifférence et le cynisme contemporains. « Quelle différence par rapport aux mains généreuses que nous avons décrites ! Il y a, en effet, des mains tendues qui touchent rapidement le clavier d’un ordinateur pour déplacer des sommes d’argent d’une partie du monde à l’autre, décrétant la richesse des oligarchies et la misère de multitudes ou la faillite de nations entières. Il y a des mains tendues pour accumuler de l’argent par la vente d’armes que d’autres mains, même celles d’enfants, utiliseront pour semer la mort et la pauvreté. Il y a des mains tendues qui, dans l’ombre, échangent des doses de mort pour s’enrichir et vivre dans le luxe et le désordre éphémère. Il y a des mains tendues qui, en sous-main, échangent des faveurs illégales contre un gain facile et corrompu. Et il y a aussi des mains tendues de ceux qui, dans l’hypocrisie bienveillante, portent des lois qu’eux-mêmes n’observent pas », dénonce-t-il dans ce panorama empreint de « la mondialisation de l’indifférence ».
► Des mains de justice et de paix
« Nous ne pourrons pas être heureux tant que ces mains qui sèment la mort ne seront pas transformées en instruments de justice et de paix pour le monde entier », en déduit le Saint-Père, avant de rappeler que « toute vie a une fin ».
Se souvenir du destin commun, en effet, peut aider à mener une vie sous le signe de l’attention aux plus pauvres, selon François. Mais il y a aussi une deuxième interprétation : la fin de notre vie demande un projet à réaliser, un chemin à accomplir sans se lasser. Se souvenir que le but de chacune de nos actions « ne peut être autre que l’amour ».
Source : d’après Vatican News
Le texte intégral du message du Saint-Père pour la Journée mondiale des pauvres 2020 : « Tends ta main au pauvre » Lire ici